techno-sceptique ?


On ne résiste pas à citer un article de ​”The Economist” ICI
La bataille la plus frappante de l’entreprise moderne oppose les techno-optimistes aux techno-pessimistes. Les premiers pensent que le monde est en pleine renaissance technologique. Les patrons de la tech rivalisent de superlatifs. Les professeurs d’économie disent que notre seul problème est de savoir que faire des employés lorsque les machines seront super-intelligentes. Les pessimistes rétorquent que tout cela n’est que du vent : quelques entreprises ont de très bons résultats, mais l’économie est en panne. Larry Summers, de l’Université de Harvard, parle de stagnation séculaire. Tyler Cowen, de l’Université George Mason, dit que l’économie américaine a ingurgité tous les fruits mûrs de l’histoire moderne et en est malade.
Encore récemment Robert Gordon, de l’Université Northwestern, détenait le prix du livre le plus sombre de l’économie moderne. Dans ‘The Rise and Fall of American Growth’ sorti en janvier dernier, M. Gordon écrit que la révolution informatique est une diversion mineure par rapport aux inventions qui ont accompagné la deuxième révolution industrielle – électricité, voitures et avions – qui a profondément changé la vie. Les bouleversements informatiques actuels ne modifient que très peu d’activités.
On ne fait que citer, on ne prend pas parti… 

Claude Levi-Strauss. la rupture de 1971

L’on considère Claude Lévi-Strauss comme l’un des plus grands. Ce n’est pas d’une originalité folle. Mais il n’est pas inutile de le répéter, sans en rester à ses “Tristes Tropiques”, journal de voyage, joliment écrit, surtout dans son introduction, dont les paresseux et les faiseurs (qui sont d’ailleurs souvent les mêmes) ne retiennent que le fameux “je hais les voyages”.

Un récent petit billet de Michel Etchnaninoff (Philomag) nous rappelle les soubresauts dans la pensée du Maitre.

On se souvient tous du “Race et histoire” publié en 1951. Il s’agissait d’un discours à l’UNESCO et CLS s’en prenait magnifiquement aux fondements du racisme. En 1971, il revient à la Tribune du même organisme (sur lequel l’on remarquera que, curieusement, je ne porte aucun jugement alors que je devrais). Et là, il nous dit, contrairement à ce qu’il prônait, que la collaboration entre  les cultures n’est pas la panacée.

EXTRAITS DE RACE ET HISTOIRE :  « Les sociétés humaines ne sont jamais seules », les « migrations, emprunts, échanges commerciaux, guerres », constituent un facteur de développement qui soit. « l’exclusive fatalité, l’unique tare qui puissent affliger un groupe humain et l’empêcher de réaliser pleinement sa nature, c’est d’être seul ».  Le métissage, le bienfait de la mondialisation se trouvaient dans le texte dont tous les anti-racistes se sont emparés.

En 1971, dans son discours publié sous le titre “Race et Culture”, il fait cOr  marche arrière.

EXTRAITS DE RACE ET CULTURE  « les bouleversements déclenchés par la civilisation industrielle en expansion, la rapidité accrue des moyens de transport et de communication » entraînent « l’humanité vers une civilisation mondiale, destructrice des vieux particularismes auxquels revient l’honneur d’avoir créé les valeurs esthétiques et spirituelles qui donnent son prix à la vie ». « toute création véritable implique une certaine surdité à l’appel d’autres valeurs ». On ne peut donc « se fondre dans la jouissance de l’autre ».

Tout sauf le métissage…

L’explication de de chamboulement dans la pensée qui passe de l’apologie du métissage à la peur de la fusion mondiale ?

On y revient dans un autre billet.

Billet de Michel Etchnaninoff clic ici

anthropocène, holocène

Les concepts, lorsqu’ils se terrent dans un mot exotique ou inédit peuvent ressortir du snobisme de fins de soirées mondaines. Ils peuvent aussi être féconds. Celui proposé ici (“anthropocène”) est de ceux que beaucoup ne connaissent. Peut-être du fait de sa fécondité qui va à l’encontre de l’opinion dominante en matière d’écologie, laquelle, comme chacun sait, confine au terrorisme.

Il s’agit,  je cite  : “Du grec anthropos (« humain ») et kainos (« récent »), l’Anthropocène désigne la nouvelle ère géologique dominée par les humains qui seraient devenus, au travers de l’impact de leurs activités sur les sols, les airs et les mers, une force géologique à part entière. Faisant suite à l’Holocène qui désigne la période postglaciaire de réchauffement qui court sur les dix à douze mille dernières années, l’Anthropocène marque ce moment où les hommes sont devenus les artisans et non plus seulement les habitants de la Terre. (Martin Legros. Philosophie Magazine. Avril 2015)”

Le concept a donc à été inventé par Paul Crutzen, un ingénieur hollandais. La notion n’est aucunement ancrée dans le catastrophisme ambiant,  celui qui fait de l’homme le grand salaud de l’humanité qui détruit la bonne Gaïa,  notre terre à tous. Il ne s’agit que d’une ère,  de l’un des très nombreux épisodes de reconfiguration géologique que la Terre a connus au long d’une histoire chaotique: l’homme, devenu maitre de la nature n’est pas accusé de déstructurer l’équilibre naturel.

Crutzen : «Une très ancienne idée – l’homme comme maître de la Terre – est devenue une dure réalité»

En réalité, ce concept qui objective l’histoire géologique, sans infuser un moralisme de rez-de-chaussée nous fait comprendre que l’homme ne doit pas tout arrêter, tout “suspendre”. Non, justement maître de la nature, il se doit de la dominer encore plus, pour la sauver, utiliser notre pouvoir pour l’utiliser positivement, avec tous nos immenses moyens technologiques. Y compris manipuler le climat, qui ne devrait plus être un sujet tabou, en larguant, par exemple un million de tonnes de soufre ou de sulfure d’hydrogène dans la stratosphère à l’aide de ballons lancés depuis les tropiques. L’on est loin des sempiternelles plaintes contre l’homme qui a détruit la nature, la gaia, ancien havre de paix. Loin de l’écologie à quatre sous.

Comme le précise Martin Legros dans l’article précité

“La leçon que tire Crutzen de l’entrée dans l’Anthropocène est donc différente de celle de la plupart des écologistes : c’est un appel philosophique audacieux à s’approprier pour de bon la nature. Pendant des millénaires, les hommes se sont comportés comme des rebelles contre une superpuissance appelée “Nature”. […] Quoique de façon maladroite, nous prenons le contrôle du Royaume de la Nature, depuis le climat jusqu’à l’ADN. […] Une très ancienne idée religieuse et philosophique – les hommes comme maîtres de la planète Terre – est devenue une dure réalité […]. Les très anciennes barrières entre la nature et la culture s’effondrent. Ce n’est plus nous contre la “Nature”. C’est nous qui décidons ce qu’est la nature et ce qu’elle sera. Pour maîtriser cet énorme changement, nous devons transformer la manière dont nous nous percevons nous-mêmes et notre rôle dans le monde… Souvenez-vous : dans cette nouvelle ère, la Nature, c’est nous. »

Il est temps de revenir à nous, sans nous laisser emportés par les vendeurs de catastrophe.“

Autres sources :

`Wikipédia : ici Un article intéressant du monde : ici Un article de la revue “Ecologie et politique” : ici