2 – Une présentation dans Qobuz
Fondateur du minimalisme dès la fin des années 1960, avec son contemporain Steve Reich, le compositeur américain Philip Glass, né en 1937 à Baltimore, se singularise par son style unique né de sa connaissance des musiques occidentales (du Moyen Âge au Romantisme), des différents ragas indiens et leurs modes ainsi que des rythmes nord-africains qui lui apprennent l’art de la répétition mélodique. Qu’on l’aime ou non, il a su se faire un nom et asseoir sa notoriété de compositeur malgré les polémiques que suscite sa musique qui, pourtant, a rencontré assez de succès pour servir de spot télévisé, de générique ou d’illustration sonore pour un reportage ou un film grand écran (Kundun de Martin Scorsese, Cassandra’s Dream de Woody Allen ou encore The Fog of War, documentaire de Errol Morris, marquent encore les esprits) ; car Philip Glass capte un large public de non-spécialistes, amateur de rock comme de musiques populaires.
Issu d’une famille d’immigrés juifs orthodoxes de Russie, Philip Glass grandit aux côtés d’un père qui tient un commerce de postes de radio, et profite des disques 78-tours paternels, parallèlement à l’étude du violon, du piano et de la flûte, tout en suivant cours de philosophie et mathématiques à l’Université de Chicago où il entre dès l’âge de 15 ans. Il s’intéresse à toute la musique dont celle de ses contemporains comme Alban Berg, Anton Webern, Charles Ives ou encore ses modèles John Cage et Ravi Shankar. Bientôt s’impose à lui le besoin de composer pour mieux pénétrer toutes les formes musicales mais aussi par désir de vivre de sa musique. Après une formation à la Juilliard School et les cours d’analyse de Darius Milhaud à Aspen dans le Colorado, Paris est le passage obligé pour profiter de l’enseignement intransigeant de Nadia Boulanger. D’autres expériences suivront qui seront tout aussi formatrices comme ses premières musiques de scène pour le théâtre de Samuel Beckett. Quant à sa proximité avec la musique indienne, elle lui sera un antidote à la musique sérielle monopolisante de l’époque.
Vivant insuffisamment de sa musique, Philip Glass est obligé dans les premières années de compléter ses revenus par divers petits boulots (chauffeur de taxi, plombier, grutier…), mais au moins il se sent libre. Bientôt il crée le Philip Glass Ensemble, constitué comme un groupe rock où les instruments amplifiés électriquement sont au cœur de ses œuvres. À l’image des peintres et des sculpteurs qu’il côtoie, il s’efforce d’obtenir de sa musique le maximum d’effets avec un minimum de moyens. Faisant voisiner répétition (principe fondateur du minimalisme) — qu’il rend obsédante et même hypnotique —, fragmentation de thèmes, réalisme rock et mysticisme au sein de compositions parfois interminables, il crée un art surnaturel animé d’une forte énergie rythmique qui finit par captiver l’oreille, comme dans Music in Twelve Parts qui marquera particulièrement sa production, ou plus tard l’opéra Einstein on the Beach considéré comme le sommet de son œuvre, qu’il fera suivre par deux autres ouvrages lyriques traitant, après le domaine scientifique, la politique et la religion avec respectivement Satyagraha (portrait de Ghandi) et Akhenaton (portrait du pharaon).
Sa discographie chez les autres labels comme le sien propre — Orange Mountain Music créé en 2001 pour avoir la main sur la finalité de son art, et aujourd’hui riche de plus d’une cinquantaine d’albums — reflète la grande variété des genres abordés toujours en toute indépendance, car Philip Glass n’a jamais mis de frein à sa liberté de créateur. © Qobuz, 01/2014
3 -Et, toujours par Qobuz, une présentation du disque qui vient de sortir
“Non, ce ne sont pas toutes les Études de Philip Glass que joue ici le pianiste islandais Víkingur Ólafsson, mais un choix personnel – et pas dans cet ordre – comprenant les No. 2, 3, 5, 6, 9, 13, 14, 15, 18 et 20. Là où la chose s’étoffe, c’est que deux de ces études – 2 et 5 – sont aussi proposées dans une adaptation pour piano et cordes, tandis que l’album se referme sur une réécriture encore plus radicale puisque signée du musicien canadien CFCF – le nom de scène de Michael Silver –, faisant appel exclusivement à des sonorités électroniques. Pour mémoire, les Études datent de la plus récente période de la vie créatrice du compositeur. En guise d’ouverture, Ólafsson propose une version pour piano solo de Opening extrait de Glassworks, puis la même pièce pour piano et cordes. Comme quoi cette musique s’accommode de toutes les sauces, toutes les modifications, toutes les réécritures – le compositeur lui-même en est d’ailleurs un adepte – et que chaque nouvelle conception ouvre d’autres fenêtres sur le contenu musical.”
Et ci-dessous quelques pistes du disque.
Vous branchez votre casque ou vos écouteurs, ou vous vous branchez votre ordinateur sur votre chaine, ou vous mettez votre phone en bluetooth. Mais n’écoutez pas dans les haut-parleurs grésillants de votre appareil.
Vous vous enfermez. Et vous écoutez. Attendez quelques secondes après avoir cliqué sur le picto lecture, le temps que le fichier arrive des nuages.
Et je reviens pour un vrai billet sur ce compositeur. Avez-vous aimé ?