joli(e)

Une brève mise au point, certainement inutile et périphérique.

Tous s’étonnent que je n’aime pas qu’on dise d’une photo (a fortiori une des miennes) qu’elle est “jolie”.

Je croyais que cette réaction était compréhensible.

Il semble que non. Je viens, encore il y a moins d’une heure de subir le mot. Justement à propos d’une de mes photos. Et mon interlocutrice, excédée par cette sortie récurrente a failli me raccrocher au nez.

C’est pourtant clair : Dire d’une chose qu’elle est “jolie” signifie qu’elle est agréable à regarder, ce qui ne me convient pas si j’attache une importance à l’image ou au texte proposé .

Dites “belle” ou “beau”. Et émerge immédiatement autre chose, peut-être du côté de l’éternité à laquelle, idiotement, l’on peut aspirer.  Dites “Cette fleur est belle” et elle l’est en soi, pour toujours. Dites qu’elle est jolie nous ramène à l’horticulteur ou au fleuriste, dans l’éphémère.

Il est inutile de constater que par ce dédain du mot “joli”, je m’installe dans un orgueil désespérant. Je le sais, le revendique. Je n’aime pas le mot “joli”.

Mon interlocutrice a immédiatement pris un ton plus doux au téléphone lorsque je lui ai dit qu’elle n’était pas jolie , mais belle.

PS1. “joli” a d’abord «signifié joyeux, avant d’avoir le sens qu’on lui connaît. Il ne faut donc pas enterrer ce mot.

PS2. Dire d’un objet qu’il est “intéressant” ouvre d’autres perspectives qu’il serait pédant d’aborder.