besser-waïsser

AP Photo/Dan Balilty)

Discussion un jour de K avec une amie écrivaine. Je lui dis mon antipathie à l’égard  de ceux, se prétendant “rav” (et non “rabbis” alors qu’ils sont séfarades”) lesquels, au nom d’un judaïsme de campagne polonaise, se croient investis d’une intelligence, d’une mission, d’un savoir, alors que leur discours, leurs sermons sont d’une platitude sans bornes. et piétinent ce que recèle cette magnifique religion, la seule de l’abstraction, sans images ni vérités éternelles.

E t c’est là qu’elle me dit qu’il faut les ranger dans la catégorie des « besser-waïsser ».

Je ne connais pas ce mot, elle rit, se moque de moi et me conseille d’aller me cultiver.

c’est donc une expression yiddish dont la traduction la plus fidèle s’exprime dans cette histoire juive : « Quelle est la différence entre Dieu et un juif ? Dieu sait tout, un juif sait tout mieux” 

Soit. J’ai appris un mot que j’oublierai très vite, puisque sans jota.

PS. En photo, les fidèles devant le Mur à Jérusalem la veille du Youm Kippour, jour de Pardon…

Le pardon, vaste sujet. je ne l’aborderai pas.

Blumenfeld, attrape-corps, le vertige

artblumenfeld

On a tendance à considérer, dans les écrits théoriques (contemporains) sur la photographie, que celle dite de mode est mineure et que l’on ne peut, lorsqu’on travaille pour Vogue, figurer parmi mes plus grands.

Erwin Blumenfeld est un immense photographe. Immense.

On livre, d’abord, ci-dessous, sa biographie (source wiki)

Après avoir participé au mouvement Dada sous le pseudonyme de Jan Bloomfield, il commence une carrière dans la photographie professionnelle aux Pays-Bas au début des années 1930 ; il émigre en France en 1936 où il commence à travailler pour Verve et Vogue France, embauché par Michel de Brunhoff sur les conseils de Cecil Beaton ; interné dans un camp, en France, en 1940 à cause de son origine allemande, il parvient à s’enfuir avec sa famille aux États-Unis en 1941.

Blumenfeld devient célèbre pour ses photographies de mode des années 1940 et 1950, notamment pour les magazines américains Vogue et Harper’s Bazaar3.

Solarisation, combinaison d’images positives et négatives, photomontage, « sandwich » de diapositives couleur, fragmentation opérée au moyen de miroirs, séchage du négatif humide au réfrigérateur pour obtenir une cristallisation, etc. Blumenfeld sait mettre à profit ses expérimentations de « dadaïste futuriste » pour la photo de mode.

Du maquillage des modèles qu’il réalise souvent lui-même aux manipulations diverses dans l’obscurité de son laboratoire, il n’hésite jamais à jouer avec les couleurs qu’il sature, décompose, filtre, colle ton sur ton… What Looks New (Vogue, 1947), sa très cubiste fragmentation d’un visage à plusieurs bouches pour un rouge à lèvres, Œil de biche (Vogue, 1950) où il recadre l’une de ses photos en noir et blanc sur l’œil gauche, la bouche et le grain de beauté étant rehaussés de couleur. Ou encore ce mannequin en béret et manteau rouges sur fond rouge (Vogue, 1954). Sa vertigineuse photographie du mannequin Lisa Fonssagrives sur la tour Eiffel (Vogue, 1939) restera notable. En 1955, il commence son autobiographie, Jadis et Daguerre, qu’il terminera l’année de sa mort, qui survient en 1969 à Rome.

On incruste les fameuses photos sur la Tour Eiffel

 

Et on propose un panaché;

 

Rares sont les photographes qui ont su manier la peau et la couleur, faire toucher la couleur par la peau et réciproquement.

En 2013, une expo au Musée du jeu de Paume l’a consacré. Le lien, en cliquant ici. C’était une vraie joie.

Il n’y a pas que Doisneau. Et les femmes qui prétendent qu’elle sont devenues des objets par la photo de mode se trompent. On ne peut pas davantage magnifier le sujet, célébrer la beauté. Que demander de plus, sauf à ne photographier que des lions, des panthères, des usines polluantes pour les exposer sur Arte. Nul ne peut photographier comme ça et ne pas aimer la femme (je n’ai pas dit les femmes).

La femme photographiée fait caresser le bonheur, pour tous les humains et pas que les hommes.

PS. Arte est une excellente chaine. Je taquine, même si quelquefois son catastrophisme est exaspérant. Il y a aussi Blumenfeld, il n’y a pas que de la catastrophe en germe.

 

Jour K, Chateaubriand

Un ami juif me téléphone, me dit ne pas bouger de sa chambre, en pleine lecture de je ne sais plus. Il suppose qu’en ce jour (K), je ne travaille pas, allez savoir pourquoi…

Et il me parle du peuple juif et d’Israël. C’est le jour, ajoute-t-il. Et il me demande si j’ai écrit sur cette terre et son peuple.

Je lui ai demandé d’attendre quelques minutes et je lui ai envoyé le texte de Chateaubriand.

Dans son “Itinéraire de Paris à Jérusalem” (1811), Chateaubriand écrit :

« Ce qu’il faisait il y a cinq mille ans, ce peuple le fait encore. Il a assisté dix-sept fois à la ruine de Jérusalem, et rien ne peut l’empêcher de tourner ses regards vers Sion. Quand on voit les Juifs dispersés sur la terre, selon la parole de Dieu, on est surpris sans doute ; mais pour être frappé d’un étonnement surnaturel, il faut les retrouver à Jérusalem ; il faut voir ces légitimes maîtres de la Judée, esclaves et étrangers dans leur propre pays : il faut les voir attendant, sous toutes les oppressions, un roi qui doit les délivrer. […] Les Perses, les Grecs, les Romains, ont disparu de la terre ; et un petit peuple, dont l’origine précéda celle de ces grands peuples, existe encore sans mélange dans les décombres de sa patrie. Si quelque chose, parmi les nations, porte le caractère du miracle, nous pensons que ce caractère est ici. »

Mon ami m’a répondu sur WhatsApp, en jurant qu’il allait envoyer 10.000 exemplaires du texte à L’ONU, à L’UNESCO et partout.

Il exagère toujours cet ami.