Twist and bio

Saint-Augustin : « Qu’est-ce donc que le temps ? Si personne ne me pose la question, je sais ; si quelqu’un pose la question et que je veuille l’expliquer, je ne sais plus »

Non, il ne s’agit pas de compter les durs jours du confinement Covid-19.

Juste s’interroger sur la possibilité d’une autobiographie. Laquelle passe nécessairement par le temps. Les temps, si l’on préfère.

Différentes manières d’envisager de type de narration après avoir décidé si elle est « possible ». Question, au demeurant, assez creuse et certainement orgueilleuse. Celui qui la pose est, justement un poseur, un fanfaron, l’insignifiance de soi étant absolument une fanfaronnade, pour attirer le manant, et lui signifier sa faculté de dédain de soi, lequel, comme on le sait, est une manigance de faiseur.

Donc, on saute par-dessus la question de la possibilité, pour revenir à notre interrogation sur la manière et l’appréhension du temps.

Il y a d’abord le temps chronologique. Dit « diachronique » par les faux intellectuels. Pourquoi pas ? Mais assez ennuyeux. Le contraire de Woody Allen dirait une amie lointaine qui m’a appris, un soir où elle était très éméchée comment ce génie jonglait avec les moments pour les magnifier dans la cassure du temps linéaire, de la succession minutée. Je lui en sais gré, mais je ne sais plus où elle se trouve pour le lui dire. (Je reviendrai ici commenter le merveilleux « A rainy day in New York » qui met en joie les plus réticents aux bonds vitaux, mais je m’éloigne de mon propos sur le temps et la biographie)

Puis le temps multiple et simultané. Synchronique, dirait l’apprenti structuraliste. Concomitant d’un autre, parallèle et concurrent, mélangé sans être brouillon.

Des temps en bagarre contre celui unique et rond, « téléphoné », prévisible, m^me dans l’anecdote la plus folle.

Un exemple : le mélange narratif d’un Twist sur Chubby Checker, le jour d’une Bar Mitsva, première cigarette entre les lèvres, pour imiter Gabin, et une nuit avec une femme qu’on aime trop, dont on pleure le départ à l’heure du petit-déjeuner. Deux forces, les yeux clairs et les sens dans le frôlement, l’ondulation.

C’est ça : trouver un mot. Ici l’ondulation, pour faire venir les temps.

 

Je ne m’y mettrai pas avant longtemps. Je dois finir de m’interroger sur la possibilité d’une autobiographie, pourtant persuadé qu’elle mérite d’éclore sous la plume. Comme tous les mots qui viennent sans qu’on ne les attende