détails, bruits et serpents

a) On sait très bien quel fut le bruit le plus violent jamais perçu par une oreille humaine. Il s’agit, le 27 août 1883, de l’explosion du volcan Krakatoa, situé entre les îles de Sumatra et de Java. On estime que la déflagration fut entendue sur un douzième de la surface terrestre et jusqu’à une distance de cinq mille kilomètres. Elle rendit sourdes pour le restant de leur vie des populations entières.

b) Dans L’homme foudroyé, Blaise Cendrars note que les vingt-six lettres de l’alphabet permettent 620 448 017 332 394 393 360 000 combinaisons différentes. Comme ce nombre est à peu près illisible, Cendrars le traduit à l’aide de l’alphabet et l’arrondit pour ne pas compliquer inutilement la lecture : « des trillions de billions de millions de millions .

c) En Inde, une loi oblige, sous peine d’amende, les charmeurs de serpents à faire opérer l’animal avec lequel ils gagnent leur vie afin de lui implanter une puce électronique sous la peau. En identifiant chaque reptile, la puce a pour objectif de limiter le nombre de cobras amputés de leur poche à venin et de préserver ainsi une espèce en danger d’extinction.

d) Un magazine hebdomadaire remarque que les six chaînes de télévision les plus regardées en France « assassinent en moyenne mille personnes par semaine ». C’est beaucoup plus de meurtres qu’un inspecteur de la Brigade criminelle ne peut espérer en élucider en quarante ans d’une carrière bien remplie.

e) Le philosophe Michel Serres note, pour sa part, qu’aux États-Unis un adolescent de quatorze ans a déjà vu vingt mille meurtres à la télévision. Quelles que soient les mœurs des sociétés disparues, c’est la première fois, dans l’histoire de l’humanité, que la sensibilité de la jeunesse est soumise à un tel traitement, remarque le philosophe.

SANS COMMENTAIRES : EXTRAITS DE “DETAILS” de MARCEL COHEN, Ed Gallimard

Les migraines de Flaubert

« C’est donc pour cela que j’ai été, hier, d’une tristesse funèbre, atroce, démesurée et dont j’étais stupéfait moi−même. Nous ressentons à distance nos contre−coups moraux. Avant−hier, dans la soirée, j’ai été pris d’une douleur aiguë à la tête, à en crier ; et je n’ai pu rien faire.

Je me suis couché à minuit. Je sentais le cervelet qui me battait dans le crâne, comme on se sent sauter le coeur quand on a des palpitations. Si le système de Gall est vrai et que le cervelet soit le siège des affections et des passions, quelle singulière concordance ! Voilà trois jours que j’en ai lâché le grec et le reste. Je ne m’occupe plus que de ma Bovary , désespéré que ça aille si mal. »

Extrait de: Gustave Flaubert. « Correspondance-1581. »

le social-viral

Ci-dessus, le titre des Echos en ligne de ce soir.

Donc, après le déconfinement, la bataille gagnée contre la saloperie, la grande respiration mondiale, l’on pouvait s’attendre à un bouleversement des mentalités, en tous cas à des coudes serrés tant l’économie mondiale en prend un sacré coup et, partant, la survie des salaires et des rémunérations. Et directement, par l’impôt une solidarité maintenue par une redistribution qui a besoin d’aliments. La redistribution est une grande victoire des temps modernes. C’est l’essentiel de la République.

Il semble que non. Les mouvements sociaux revendicatifs vont donc s’amplifier.

On aimerait comprendre.

L’article des Echos nous dit que :

“Troubles sociaux, manifestations violentes, révoltes, voire révolution… Les risques d’effondrement de la société, mis sous le boisseau par les mesures de confinement adoptées dans la majorité des pays du monde, pourraient de nouveau faire irruption dans le paysage. La semaine dernière, à l’occasion des réunions de printemps, virtuelles, du Fonds monétaire international (FMI), l’économiste en chef de l’institution multilatérale, Gita Gopinath, a mis en garde contre les effets de la récession qui se profile :« Si cette crise est mal gérée et que des citoyens estiment que leur gouvernement n’a pas fait assez pour les aider, des troubles sociaux pourraient émerger ».

On aimerait, vraiment comprendre.

Je crois que c’est la première fois ici que j’aborde, très mollement le “politique”.

Mais j’aimerais, encore, comprendre. Que veut dire une “crise mal gérée” ? L’appréciation de la gestion d’une crise n’est pas donnée à tous. Ca fait penser à un sondage dans lequel est posée au peuple la question de savoir “si, selon vous, le PIB va prendre un point de plus cette année”. Quelque chose m’échappe. J’espère, simplement, que la protestation sociale n’est pas virale. On pourrait le croire. Mais j’ai trop confiance dans l’intelligence pour pouvoir croire à cette prévisible “explosion sociale.

Il faut que j’arrête ici, sauf peut-être à suggérer que la seule protestation qui vaille est celle de la gestion de la crise du Covid-19 et l’impéritie de nos gouvernants. Surtout lorsqu’on compare la France à l’Allemagne et surtout au Vietnam. Lisez cet autre article des Echos (par ailleurs, le seul journal lisible)

PS. Je m’étais juré de ne pas transformer ce site en tribune politique. Il faudrait que je me le rappelle…