Le café prend la pose

Il y a de très nombreuses années, en 2005, pour être précis une amie, Gloria, importatrice de café du Guatemala, elle-même guatelmatèque, m’avait demandé une galerie de photos et une exposition, dans son lieu, une “caféothéque” sur ce thème.

J’avais été très fier de trouver le titre (“Le café prend la pose”). Tous comprennent, sauf les très fatigués.

Et j’ai photographié des milliers de grains de café (c’était le cahier des charges, que du café, hors champs, torréfaction et emballage)

J’ai recherché ce soir ce petit travail, je ne sais pourquoi. Peut-être freudien (la “pause”), trop fastoche.

J’ai retrouvé les photos (des dizaines).

Je colle dessous, à titre anecdotique. Mon vernissage avait été très réussi. Sur les quais de la Seine, beaucoup de champagne, c’était pas l’heure du café. Bref, un souvenir.

PS. J’ai gommé le nom du photographe exposant, moi donc.

Béart, notre sauveuse

Abonné à la newsletter de Télérama, qui a fait les belles lectures de notre post-jeunesse et qui est devenu le journal qu’on sait, succursale de France-Inter, dans le groupe et, partant, la mouvance du Monde, journal qui veut concurrencer Libé dans l’anathème gratuit et anti-tout, j’ai pris connaissance des pensées d’Emmanuelle Béart.

Afin de ne pas tronquer, je colle le contenu ci-dessous in extenso. Et je commente, pour passer un peu le temps, puisqu’aussi bien je m’interroge sur l’intérêt d’un tel billet qui me fait perdre au moins une demi-heure.

“Repensons de fond en comble notre manière de produire et de consommer”, par Emmanuelle Béart

  • Publié le 24/04/2020.
Emmanuelle Beart

Je réapprends à lire, à écrire, par-delà les fenêtres la nature est brutalement belle. La vague est là, le monde retient son souffle.

Nous sommes tous appelés à nous réinventer. Écrire est aussi une possibilité de me relier à vous, vous tous, nous tous, confinés à l’intérieur de nos pays, de nos villes, de nos murs à se taper la tête aussi…

Je sens que quelque chose quitte mon corps, je veux du vide pour pouvoir y mettre ce que je décide, ce que j’aime, ce que je désire.

Ce corps-à-corps imposé, ce corps que je découvre, mon corps, peut être oublié, méprisé, mon corps comme un possible chez moi.

Se sentir chez soi, avant de partir comme des milliers d’autres partent pour le grand voyage, brutalement d’un jour à l’autre, des centaines de milliers de morts.“Des bouches à bout portant comme des monstruosités postillonnantes nous ordonnent de rentrer au-dedans”

Tout va vite, et la mort frappe et cogne. Que deviendront nos larmes d’aujourd’hui, nos sentiments, nos convictions, nos batailles, nos souvenirs ?

Aurons-nous le temps de nous battre (puisque c’est la guerre), allons-nous mourir comme des soldats gradés ou comme des chiens abattus ?

Nos aînés fauchés, arrachés sans un baiser d’adieu. Nous voici apeurés du dehors, des bouches à bout portant comme des monstruosités postillonnantes nous ordonnent de rentrer au-dedans, et nous passons de la peur de l’autre à l’angoisse de soi…

On nous dit c’est la guerre, mais n’est-ce pas en temps de paix que nous avons creusé le fossé où nous enterrons nos condamnés ?

J’ai besoin de prendre l’air. J’arrête d’écrire, je respire quand tant d’autres étouffent. Dans ma tête c’est le grand huit, j’ai besoin de rire et pourtant je pleure, ou bien je ris alors que j’ai envie de pleurer.

J’ouvre la fenêtre, un sentier se fraie un chemin à travers mes neurones, j’entends des voix, des chuchotements, je devine des visages, des oreilles tendues, je ne suis pas seule, je ne suis pas seule, nous sommes des milliards !“Nos priorités se réorganisent, nous devenons, oui, dangereux !”

Le nouveau monde va s’ordonner, par bribes, balbutiements, nous allons tomber et nous relever, mais nous n’enterrerons pas nos espoirs au grand jour !

Nous traversons une sorte de terreur collective, le virus, la maladie, nos emplois, mais ce tragique nous propulse dans une autre dimension, celle de l’utopie.

Nos gouvernants ont du souci à se faire, nous ne partons plus, nous ne consommons plus, et nous réalisons cette nouvelle possibilité sociale, existentielle, cette réflexion profonde du fond de nos entrailles, cet instinct de survie et cette féroce envie de vivre autrement.

Nous apprenons le temps de la réflexion, nos priorités se réorganisent, nous devenons, oui, dangereux !

On ne peut plus nous diviser, nous sommes entrelacés par une douleur commune, et tout notre « moi » se sent profondément lié au destin national et au cataclysme planétaire.

« Gouverner c’est prévoir ; et ne rien prévoir, c’est courir à sa perte », disait Émile de Girardin en 1852 dans La Politique universelle…

Depuis plus de quarante années et l’avènement des politiques ultra-libérales de Reagan et Thatcher, la plupart des pays du monde se sont engouffrés à leur suite et sont depuis trop longtemps dirigés par des administrateurs ou comptables qui ne lisent et décryptent les prévisions que lorsqu’elles sont d’ordre économique, pour ne rien perdre de la course effrénée que se livrent chacun des pays des six continents.

Et ils nous y ont entraînés, car nous aussi, au titre des citoyens que nous sommes, avons notre part de responsabilité.

Fallait-il leur expliquer, fallait-il se répéter à nous-mêmes, comme un mantra, comme on le fait avec un enfant de 3 ans, que le feu ça brûle, et que si on joue trop avec le briquet, on peut mettre le feu à la maison ?“Qu’aurons-nous laissé faire ? Pire, à quoi aurons-nous cédé ?”

Aujourd’hui, il y a épidémie. Il y a crise majeure. Et « notre maison brûle » comme disait l’un de nos anciens administrateurs… Et nos gouvernants comptables de tous les pays jouent désormais aux « super-pompiers ».

Qu’auront-ils prévu ? Comment auront-ils gouverné ? Qu’aurons-nous laissé faire ? Pire, à quoi aurons-nous cédé ?

La réponse en revient à chacun d’entre nous, comme le droit de réfléchir à des solutions – non alternatives, mais désormais principales – de réparation de nos solidarités, nationales comme internationales, de réparation de notre climat, de notre planète. Notre maison commune.

C’est à nous, citoyens, de faire, au moins sur ce point si ce n’est sur d’autres. Arrêtons de déléguer à d’autres notre alimentation, notre protection, notre capacité à soigner, réduisons notre dépendance ; il est des biens et des services qui doivent être placés en dehors de la loi des marchés.

Relocalisons le processus de production, repensons de fond en comble notre manière de produire et de consommer, fuyons cette industrie du jetable.

Portons un autre regard sur tous ceux qui nous aurons sauvé la vie et que nous applaudissons chaque soir, et sur tous ceux essentiels à la viabilité d’un pays en crise sanitaire – agriculteurs, transporteurs, caissières, pompiers, éboueurs, et tant d’autres…

Et pour citer Edgard Morin que j’aime tant, « chacun de nous fait partie de cette aventure humaine inouïe au sein de l’aventure elle-même stupéfiante de l’univers ».

Je pense que sans prise de conscience individuelle et collective, nous ne pourrons pas entraîner nos politiques à changer de cap.

ALORS ?

Rien à dire sur la liberté d’expression : tous peuvent s’exprimer, y compris Emmanuelle Béart. Mieux encore, c’est une nécessité.

Mais, bon, si ma voisine, assez intelligente et perspicace, qui s’éloigne de FaceBook et Instagram-Twitter, en regardant des films de Frank Capra ou de Ernest Lubitsch, avait écrit ce papier, Télérama n’aurait pas publié.

A vrai dire, de la bonne pensée collégienne, comme nous l’avions tous à l’époque du “Mouvement pour la paix” qui camouflait son obédience communiste.

Ce type de pensée est majoritaire dans le groupe Le Monde-Télérama et Libé.

Pour la résumer : tout est de la faute du politique et de “nos gouvernants” et une main noire “invisible” nous fait consommer pour nous éloigner de la vérité de la vie.

Et du “y’a qu’à” et du mot qui veut frôler la poésie, laquelle comme on le sait aussi, n’a rien à dire ou faire avec la quotidienneté, sauf à nous en extraire.

Et l’oubli essentiel dans ces discours moralistes primaires : la production et la consommation sont comme le sang d’un corps humain. Indispensable. On ne pense pas le sang, on l’oublie dans son écoulement, puisqu’il nous fait vivre. Et on arrête de râler contre sa fluidité et sa nécessité.

Puis, on on se plonge dans la structure des choses et on se dit que ce n’est pas elle qui va nous faire sortir du mal.

Ni le politique, ni les politiques, ni la volonté ne peuvent empêcher le monde de “couler” normalement. On fait ce qu’on veut de sa vie propre que les “gouvernants” ne peuvent gouverner”. A vrai dire que personne, peut-être ne peut maîtriser.

Il n’existe que des coups ponctuels de son propre génie qui nous font sortir du “sang”. Rares, sûrement inexistants. Et ça devient de la poésie de soi. Rare,inexistante certainement.

On en a un peu assez du don de ces leçons et de la pitoyable harangue, récurrente et sans souffle, à l’égard des politiques. Ils sont aussi paumés que les gouvernés et ceux qui les critiquent. Le vide ne peut se remplir de creux. Et ceux qui leur font la morale sont des plumes inutiles et vantardes, comme des épées dans l’eau.

Pour finir, je dis à Emmanuelle Béart : rien ne vaut un bon film (où elle jouerait peut-être ou une bonne musique pour nous recentrer dans l’essence de la vitalité. Quant à Edgard Morin, sa citation n’est pas, elle, collégienne”. Elle est primaire et assez ridicule.

Pourrait-on sortir, un jour, de ces mots inutiles qui ne donnent à ne montrer que celui ou celle qui les écrit, dont la notoriété est gage de leur publication ?

Il ne suffit pas de “repenser”. Même nos révolutionnaires français du 18ème siècle n’ont pas “repensé”. Ils n’ont fait que qualifier et mettre en forme ce qui advenait. Nul peuple, nul groupe ne peut “repenser”

Bon, il faut changer la vie. N’est-ce pas, Emmanuelle (Béart) ? C’est ça ? On est OK.