fantomatique

Il eut un sursaut de stupéfaction, mais se ressaisit très rapidement.

Ses collègues, tous un verre de champagne à la main, le dévisageait. Il s’était arrêté de parler, trop brusquement.

Il put sourire et tous furent rassurés.

Il tourna la tête vers le vestiaire, curieusement installé dans la salle de réception.

Elle n’était plus là.

C’était désormais un aiguillon d’inquiétude qui faisait battre, très faiblement, ses tempes.

Non, se disait-il, ce ne pouvait être elle. Non, impossible, impossible.

Une femme s’approcha de lui et lui demanda, avec un large sourire, ce qui le mettait dans cet embarras qui envahissait les airs d’une si belle fête. Elle était belle.

Il lui sourit et ne répondit pas.

Elle lui prit le bras, en lui disant qu’elle l’accompagnait sur la terrasse, qu’il fallait qu’il prenne l’air, que son visage était d’une pâleur innommable. Comme s’il avait vu un fantôme.

C’est tard dans la nuit, presqu’à l’aube, alors que, nue, debout devant le lit, bras levés en signe de l’on ne sait quelle victoire, elle lui demandait où se trouvait ses bouteilles de cognac, qu’il lui dit qu’elle avait vu juste : il avait vu un fantôme.

Elle lui répondit que la stupeur lissait les fronts. Et que de cette ébahissement, la beauté des êtres émergeait, intensément, et que les fantômes de femmes étaient presque inévitables, les hommes célestes ne pouvant se contenter de l’exactitude matérielle.

Il oublia le fantôme au comptoir du vestiaire et tomba amoureux, fou amoureux de cette femme aux bras levés, qui aimait le cognac et disait, d’une voix de rêve, douce et rauque à la fois, les mots du monde qui le faisaient revenir. Homme céleste.

Il devint donc très amoureux. Ils ne se quittèrent plus.