La circulation interdite dans les villes

J’avais commencé un billet sur Edgar Morin, pour tenter de le clouer au sol (théorique) tant sa pensée est petite et opportuniste. Mais voilà que je tombe, je ne sais comment (sûrement un complot qui traque les lecteurs de tablette) sur un article sur la viande cellulaire.

Pour ceux qui ne le savent pas, c’est de la viande -“in vitro”, fabriquée en laboratoire, cultivée. Le steak artificiel, si vous préférez. Lequel va participer au bien-être de l’animal qui ne sera plus abattu. La chaine de fast-food KFC a annoncé qu’elle allait proposer des nuggets in vitro, cellulaires.

La chose serait facile, parait-il à réaliser grace à une croissance de cellules animales dans un “bioréacteur”. Quelques semaines. Donc sans abattoir.

Les biobos, les défenseurs de la cause animale, les écolos du Marais sont aux anges. Plus de tueries d’animal et moins d’effet de serre dont tous savent qu’il est genéré par les gazs animaux.

Il existe même désormais une association “Agriculture cellulaire France”.
Et les start-up s’y mettent. L’avenir. En Californie, Memphis Meats a levé 150 millions d’euros cette année, un record dans le secteur. Beaucoup de milliardaires ont donné : Bill Gates, Richard Branson ou Kimbal Musk, frère d’Elon et propriétaire d’une chaîne de restaurants.

En Europe, tous sont sur le coup, puisqu’en effet il est affirmé que d’ici 2040 40% de la consommation de viande sera “cellulaire”. Et ça commencerait vraiment d’ici 3 à 5 ans. Et que parait-il, on saurait même faire du foie gras de canard cellulaire. Sans gavage, donc, ce qui ferait mieux dormir les antispécistes.

Un seul problème actuellement : trop cher de faire du “cellulaire”. Mais pas grave, l’ordinateur était cher, il y a 40 ans. Et il ne vaut plus rien. L’abondance fera baisser les prix des steaks de cellules.

On peut se poser mille questions. D’abord sera-t-elle cacher, cette viande ? Puis, est-ce vraiment bon ? Et pourra-t-elle être bleue, saignante, à point ? Piètres questions devant cette révolution qui font des vegan les maîtres du monde.

Une autre question peut tarauder un esprit philosophique ou, simplement, penseur : le monde est curieusement configuré, du moins dans sa population militante. En effet, les immenses défenseurs de la Nature, du vert, du naturel, ceux qui combattent l’artificiel, le pesticide, l’Ogm, bref tout ce qui est cette anti-nature qui plombe l’Univers immuable, font désormais l’apologie de cette artificialité en marche. Curieux paradoxe. Qui n’étonne pas celui qui sait où se trouvent les faiseurs qui s’ennuient.
Mais soyons sérieux : la chose fait peur et une pétition est née : celle des chefs cuisiniers de l’association Euro-Toques, qui veulent saisir la Commission européenne.

Dernière question pour le lecteur de ce billet époustouflant. Quel rapport avec mon titre (“la circulation interdite dans les villes”). C’est extrêmement simple et ça n’a rien à voir avec une nouvelle interdiction concomitante du confinement et de la dévastation du monde par un virus improbable. Mais que va-t-on faire des animaux qui se reproduisent par millions sans passer à l’abattoir pour un filet saignant ? On ne va pas les assassiner. Ils vont envahir nos villes, ce qui va ravir nos écolos de service qui veulent (c’est très sérieux) faire des animaux des citoyens à part entières qui peuvent et doivent côtoyer les hommes. Lisez le “Que-sais-je” sur l’antispécisme, ici relaté dans un billet pas très ancien (il existe une case “recherche”).

Ces animaux, donc, ne peuvent, faute d’espace que devenir urbains. Ce qui règle le grand problème de notre Maire de Paris qui reve, paraît-il, de présidentielles : trop de danger dans les avenues, les animaux étant partout. Il faut donc interdire les véhicules, non seulement parce que la place n’existera plus pour ces maudites voitures, même les électriques, mais aussi parce qu’avec un pare-choc qui deviendra une pièce de musée, ils pourraient blesser légèrement nos millions de ruminants, “avachis” sur la chaussée ou cherchant de l’herbe sur le bitume.

PS. Désolé pour ce billet “d’humeur”, presque joyeuse diront les lecteurs indulgents. L’information sur la viande cellulaire et son avenir est très sérieuse.