étourdi

Il nous faut, ce soir, malgré le temps qui nous manque, évoquer un sujet qui me semble assez important. Celui de la relation entre religion/rite et idéologie éco-animale.

Les faits

Une décision a été rendue hier 17 décembre par La Cour de justice de l’UE, problématique dans la relation qui se noue entre tradition (et religion) et nouvelles idéologies (ici celle du droit de l’animal, dont les souffrances ne peuvent être tolérées, citoyens selon les antispécistes). Voir sur ce sujet nos précédents billets.

On rappelle que dans la tradition juive et musulmane, l’abattage des bêtes s’opère selon une technique spécifique que des millénaires de pratique n’ont pas altérée. L’animal est abattu, sans un « étourdissement préalable », revendiqué par les défenseurs de la cause animale, qui serait de nature à minorer les souffrances.

La Cour de justice de l’UE, établie au Luxembourg a donc jugé, hier, à la suite de sa saisine consécutif à un décret pris en 2017 par la région flamande en Belgique, lequel imposait cet étourdissement préalable au nom du bien-être animal.

La Cour a décidé, saluée par Brigitte Bardot, que le texte ne « méconnaît pas » la liberté des croyants juifs et musulmans.

Le Consistoire central israélite de Belgique (CCIB), rejoint par d’autres organisations juives et musulmanes, avait, en effet, contesté devant la justice belge la légalité de ce décret flamand (dit de l’étourdissement préalable « afin de réduire les souffrances des animaux ») qui bouleversait le rite.

L’on rappelle ici que, dans ce rite millénaire, l’égorgement doit être opéré en un seul geste, sans cisaillement, et l’animal doit être immobilisé jusqu’à la fin de la saignée.

« Nous ne pouvons manger que des animaux intègresOr, l’étourdissement par gazage, par tige perforante ou par électronarcose leur inflige des blessures », indiquait le Consistoire central israélite de France. « Trancher les veines abrège les souffrances », estime de son côté Anouar Kbibech, président du Conseil français du culte musulman (CFCM).

L’avis de la Cour était donc requis.

La Cour de Luxembourg a jugé que l’adoption dans l’UE de législations nationales protégeant d’abord le bien-être animal pouvait effectivement constituer « une limitation » à l’exercice de la liberté de conscience et de religion garantie par la Loi.

Mais que cette limitation n’était pas « disproportionnée »« La Cour conclut que les mesures que comporte le décret permettent d’assurer un juste équilibre entre l’importance attachée au bien-être animal et la liberté des croyants juifs et musulmans de manifester leur religion », dit la CJUE dans un communiqué.

Elle indique, en outre, que le législateur flamand s’est appuyé sur « un consensus scientifique » établissant que « l’étourdissement préalable constitue le moyen optimal pour réduire la souffrance de l’animal au moment de sa mise à mort ».

Enfin, ajoute-t-elle, dans le même communiqué, « la Cour constate que le décret n’interdit ni entrave la mise en circulation de produits d’origine animale provenant d’animaux qui ont été abattus rituellement lorsque ces produits sont originaires d’un autre État membre ou d’un État tiers ».

Les autorités religieuses ont réagi : « L’Europe ne protège plus ses minorités religieuses », indique le Comité de coordination des organisations juives de Belgique (CCOJB), qui contestait le décret flamand. Son président, Yohan Benizri, dénonce « un déni de démocratie », rappelant que dans ses réquisitions, l’avocat général de la Cour avait soutenu « la préservation de rites essentiels » pour certaines religions.

La loi française, on le rappelle, autorise, dans le cadre de la liberté des cultes, la pratique de l’égorgement sans étourdissement préalable.

Dans un article du Monde publié le 28 juin 2016, le débat était déjà en germe,  en réalité sur le temps qui sépare le coup de couteau de l’inconscience, puis de la mort.

Et déjà encore, certains pays avaient adopté d’autres règles: les Pays-Bas : les abattoirs halal et casher sont, depuis janvier 2017, obligés d’étourdir l’animal si celui-ci n’a pas perdu connaissance dans les quarante secondes qui suivent l’égorgement. La Suisse, le Danemark ou la Norvège avaient déjà purement et simplement interdit l’abattage rituel sans étourdissement préalable.

En 2016, Joël Mergui, président du Consistoire indiquait que « Revenir sur cette pratique millénaire, c’est une forme d’atteinte à notre liberté de conscience ».

Position

Je prends position pour le millénaire contre 14 secondes dont nul, sauf à tomber dans l’anthropomorphisme, ne peut décrire.

Je prends position pour le rituel contre le Marais et les biobos.

Je prends position pour des humains, dans la droiture de leur moralité ancestrale religieuse, contre des parisiens qui veulent nous enfermer dans la correction.

Je prends position pour le spécisme.

Je prends position contre l’hypocrisie de bonne conscience. Il y a loin entre des humains qui pensent leur religion, s’attachant au rite pour consolider leur humanité et la souffrance animale, éventuellement à l’œuvre, quelques secondes avant sa mort, qui est moins que celle de l’homme dans son désarroi et sa souffrance dans la certitude de sa finitude.

Non, je n’aime pas voir souffrir un animal. Ni un humain. Ni un homme auquel on arrache de sa peau ancestrale, le rite qui le construit, nuque roide.

Mon pseudo ne me protège pas. J’ai toujours pris position pour la splendeur du rite, et la recherche des logements des forces supérieures (j’ai bien écrit logement et non action). Que je ne confonds pas, par ailleurs, avec des pratiques sans réflexion, de religieux quelquefois obtus. C’est un autre débat. Ici, c’est celui de la lutte contre le nivellement généré par une nouvelle morale qui s’appuie sur la cause animale, pour tenter de ne pas s’ennuyer, en manifestant dans quelques années, non masquée contre le racisme anti-oie et le SMIC pour les ratons laveurs, pas au même niveau que celui des ouvriers bretons.