Agacement

Je vais coller un extrait d’un commentaire sur le dernier bouquin dirigé par Philippe Descola qui a pu nous intéresser un temps dans la recherche de l’origine de la distinction construite entre nature et culture.

Mais il en a tellement fait dans la théorisation de l’idéologie écologiste primaire,violente, irréfléchie et dangereuse qu’on l’a abandonné.

On n’a pas eu tort lorsqu’on lit des extraits ou des commentaires qui ressortent de la BD philosophique inventée pour de nombreux humains, fainéants, lecteurs de rien, écouteurs de malheur, pourfendeurs de tout, y compris d’un petit bonheur de l’écoute d’une mauvaise chanson de variétés, bref les ennuyeux du Monde. (le journal et le cosmos)

Je colle et ne commente pas. Le week-end est consacré au repos de l’esprit qui, calme, cherche hors du convenu. Lequel est devenu vraiment fatigant tant les lignes ou les pages qui suivent celles qu’on aborde, avide d’une nouvelle connaissance, deviennent plus que prévisibles : agaçantes. Lisez. Vous allez peut-etre adorer. Ce qui vous permettra de vous éloigner facilement d’ici.

“la mise au point d’outils analytiques qui permettent de passer d’un monde uniforme ordonné par une division majeure entre la nature et les cultures à des mondes diversifiés dans lesquels humains et non-humains composent une multitude d’assemblages. L’abandon de nos schèmes d’analyse naturalistes permettraient de mieux déchiffrer ces rapports de monde. Il serait alors plus évident de concevoir que lorsque les communautés autochtones défendent un volcan andin, menacé par une compagnie minière, il ne s’agit ni de la manifestation de superstition folklorique ou puérile, ni de la volonté de protéger une ressource mais de la défense d’un « membre de plein exercice du collectif mixte dont les humains forment une partie avec les montagnes, les troupeaux, les lacs et les champs de pommes de terre » (p. 134). Un tel changement de perspective peut alors « offrir matière à réflexion quant à la transformation de nos propres institutions politiques » (p. 126) dans la mesure où nous pourrions alors envisager les rapports de mondes sous l’angle du « collectif » : « ce ne sont pas les individus humains qui constituent les sujets politiques, ni même les assemblages autonomes au sein desquels les êtres de chaque espèce s’associent avec leurs congénères pour exister souverainement. Non, les véritables sujets politiques, ce sont les relations entre les collectifs » (p. 133).« La nature n’est plus ce qu’elle était » : ce n’est donc pas de nostalgie dont s’il s’agit, mais d’un deuil des représentations et des usages de la nature dans la pensée occidentale. Si la conception de la nature s’étiole, c’est pour mieux en retrouver l’existence, notamment par une conceptualité renouvelée portée par les notions de « relations », de « rapports au monde » et de « collectifs » dont la valeur est aussi théorique que pratique. Compte tenu de la diversité des domaines convoqués, la lecture de l’ouvrage est, certes, très exigeante mais elle offre de nombreuses pistes pour envisager les relations entre les collectifs humains comme non-humains afin de « penser à nouveaux frais l’action politique et le vivre-ensemble dans un monde où nature et société ne sont plus irrémédiablement dissociées » (p. 135).Les Natures en question, sous la direction de Philippe Descola, Paris, Éditions Odile Jacob, octobre 2018, 336 p., 26,90

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