Cartographie raisonnée des idées, projet.

Il serait trop facile d’écrire que « ça parle », la locution étant, justement, marquée. Marque d’un discours que l’on n’ose qualifier d’éculé tant il est vrai qu’ils le deviennent tous, l’originalité n’étant dans le corpus contemporain que ponctuelle et insérée dans le titre journalistique, vendeur et vite désuet.
Il est superflu, tant la chose est entendue de dire, par ailleurs, que la parole devient abondante et pléthorique à l’heure des reseaux sociaux et autres émissions non-stop.
Les débats, discussions, analyses, commentaires, chroniques, billets d’humeur, critiques,comme d’ailleurs les notres, envahissent donc un air qui devient assez étouffant, chacun y allant de sa propre « pensée », évidemment unique.
Les livres paraissent, aussi, à une vitesse hallucinante, même ceux, sérieux, à vocation scientifique.
Ca dit, donc. Ca discute ferme.
Devant cette profusion de discours, on peut adopter plusieurs attitudes :
soit écouter et se lamenter. Ce qui est facile et orgueilleux.
soit éteindre radios, TV et ordinateurs. Ce qui est de l’élitisme de circonstance.
soit analyser ladite logorrhée dans le cadre de l’extension finale de la doxa (l’opinion) qui envahit la scène idéologique. Ce qui est plus intéressant, l’analyse ne pouvant en rester à la lamentation prévisible et tout aussi pléthorique que ce sur quoi l’on se lamente.
Alors, il nous faut un projet. Comme le disait La Boétie, l’idée en germe est déjà sa conclusion.

Donc se situer hors du champ de ce que l’on veut analyser (le discours critique) et tenter de rechercher le lieu originel du discours pour essayer de le placer dans les espaces, en vérité peu nombreux des idées, dans une cartographie épistémologique des tenants de la parole donnée. Analyse topographique de la doxa, analyse factorielle.
C’est un ami, grand synthétiseur, qui nous en a donné l’idée, lorsqu’après trois heures de discussion sur les méfaits du colonialisme et les valeurs occidentales perfides et tueuses de culture (discours sempiternel qui tue le temps et l’originalité qui ne peut jaillir du thème convenu, il nous a asséné une phrase rédhibitoire : D’où parlez-vous ? du champ du relativisme ?

Oui, il faut savoir d’où l’on parle et situer son discours, très exactement, comme un lieu-dit sur une carte.

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