cru, cruel cruauté

Discussion mythologique aujourd’hui avec des amis. Levi-Strauss, Nature et culture, cru , cuit, cruauté. 

Le cru s’oppose donc au cuit, comme le rappelle Claude Lévi-Strauss lorsqu’il aborde dans « Mythologiques » le passage de la nature à la culture par la cuisson des aliments.

L’on s’est, donc, spécialement aujourd’hui, interrogé aujourd’hui sur la relation, nécessairement existante puisque étymologique, entre le cru et cruauté.

En effet, le terme de cruauté vient du latin crudelitas, lui-même issu de crudelis (cruel, méchant, atroce) et crudus (cru, sanglant).

La réponse est peut-être donnée par le sociologue Michel Wieworka qui voit dans l’acte de cruauté une volonté de déshumanisation de celui qui la subit.

On connaît la thèse : la victime, avilie dans sa dignité, aide le cruel à s’affranchir de toute culpabilité à son égard et de manière générale à s’affranchir dune faute.. En abolissant une humanité par la cruauté, en constituant l’autre en objet, le cruel peut ainsi se déculpabiliser et imaginer qu’il ne commet aucune « faute » à l’égard de l’autre et, partant, à l’égard du monde. Le cruel se blanchit. 

La cruauté d’accompagne ainsi de la brutalité presque animale et du mot avilissant, concomitant de la déshumanisation précitée.

Ainsi la cruauté qui expulse, absout les fautes, déculpabilise, a besoin d’être « sanglante », comme dans une chasse.

C’est donc ici qu’il faut chercher le lien non explicite entre le cru et la cruauté. Le sang et la faute.

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