Démarche

Un texte d’un ami qui a sa place ici, avant mon prochain billet sur le concept de “commencement” et un contresens théorique. Achevé, mais non satisfait, je diffère et offre une place ici à un timbré de la démarche.

Et la musique plein les oreilles et la tentative, le soir, de choper la bonne posture dans la danse, celle que l’on ne peut décrire, qui vient dans le corps, le geste nietzschéen. On sait quand on danse bien, on sait quand on danse mal. On sait notre corps esthétique, on sait quand il ne l’est pas. Comme un beau revers au tennis ou une belle godille à ski.

C’est d’ailleurs ce qui m’a rendu obsessionnel de la « démarche », l’esthétisme du corps (il ne s’agit pas de gros, de maigres, de minces, ce qui n’a aucune importance tant l’élégance d’une démarche absorbe les catégories. Le geste, la posture adroite et élégante (au sens nietzschéen du terme, la production de la beauté d’un geste qui envoute l’espace)

J’affirme ici que la plus belle femme du monde, allongée comme une déesse n’est pas belle si elle ne marche pas bien, jambes exactes, torse en rythme, épaule droite avant l’épaule gauche, un « chaloupement » discret en-deçà du mannequin sur les planches du défilé, à la démarche juste mais volontairement exacerbée.

Oui, même couchée dans un lit, expansive et délicieuse par sa posture, on sait l’élégance d’une femme, car, encore une fois, même les bras ouverts ou recroquevillée, si sa démarche quotidienne sur un trottoir, entre une chambre et une autre, ou, mieux, dans un hall de gare, n’est pas idoine, sa position couchée ne peut l’être non plus.

Et l’élégance, c’est celle de la démarche.

Je crois que j’étais un terroriste sur ce thème et mes amis se moquaient toujours de moi lorsque je regardais une femme et que mes yeux s’éteignaient devant celle aux pieds non parallèles, soit rentrés vers l’intérieur, soit pire, vers l’extérieur, comme un canard affolé, le summum de la démarche qui « casse » toute la beauté d’un corps.

Même maintenant, alors que je devrais être un peu las de l’exigence, dans l’exagération assumée, je suis toujours dans cette obsession.

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