“Ecoutez”, c’est de Moïse dont il s’agit

Billet post-daté 02/2022, pour le faire remonter dans les “articles récents” dans la barre latérale (écrit par M, en 09/2020). F.

Jamais, jamais, je ne me suis immiscé dans un commentaire sur la « paracha de la semaine », d’autres ici et là, avec plus ou moins de talent, en collant, en s’extirpant, en disant, notamment certains rabbins doctes et dans l’étude, le faisant mieux que je ne pourrais le faire, même après des milliers d’heures d’études. Même si beaucoup confondent interprétation et commentaire littéral. Même si j’en ai souvent envie, pour sortir du prévisible et tenter de faire caresser le judaïsme par la philosophie, hors de l’exégèse religieuse sur le mode talentueux mais intrinsèque et exclusive de Rachi, par un commentaire théorique. Commentaire philosophique souvent honni ou inconnu, le Texte sacré se suffisant à lui-même selon les orthodoxes qui ont le droit de ne pas penser pour pratiquer et porter la pérennité du peuple. On leur sait gré de cette tâche de survie, comme le dirait Hermann Cohen. Sans eux et les autres, y compris les libéraux, etc. Mais la prétention d’une immixtion théorique serait immense et, jamais, jamais, je ne me suis donc investi dans cette tâche.

On rappelle pour ceux qui ne connaissent pas l’expression que la paracha est l’unité de division du texte de la Torah, Bible hébraïque. Le Texte sacré est divisé en autant de semaines de l’année et est lu chaque semaine dans les synagogues. La totalité du texte est donc lue chaque année.

Cette semaine, ce Samedi d’avant Kippour (le Grand Pardon), le jour essentiel, crucial, presque ultime, pour le peuple juif, la paracha est dite de “Haazinou” (“Écoutez”).

C’est Moïse qui parle, le dernier jour de sa vie, s’adressant au peuple juif l’exhortant à se « se souvenir des temps anciens », « d’interroger ton père et il te racontera, tes sages et ils te diront », comment Dieu « les a trouvés dans le désert », en a fait un peuple, les a choisi pour Lui, et leur a donné une terre magnifique. Leur rappelant que la chute spirituelle n’est jamais loin, qu’elle est survenue lorsque le peuple « s’est engraissé, s’est révolté et a abandonné le Dieu qui l’a fait ». La paracha finit par l’ordre donné par Dieu à Moïse de monter sur le mont Névo, d’où il pourra, seulement, contempler toute la Terre Promise avant de quitter ce monde.

Donc, pour une fois, une seule fois, je romps la règle. Car il s’agit de Moïse. Celui que j’aime, celui qui bégaie, celui qui, injustement, n’est pas autorisé à entrer dans la terre promise, Dieu ne lui permettant que de la contempler, de loin, avant de mourir, du Mont Névo.

J’ai écrit, ici, sur cette injustice, incompréhensible, un énervement ou un bâton vif sur un rocher ne pouvant justifier une telle injustice.

Dieu que je l’aime Moïse, ce héros. Dieu, vous avez été injuste. Vous avez le droit, Dieu, de vous tromper. Vous en avez le droit.

Donc cette semaine, la paracha me permet de dire encore mon amour de Moise.

Non pas celle d’un religieux dans les premiers étages des synagogues, dans l’Étude de « Moché », mais celui d’un simple lecteur, un peu écrivant qui aimerait, tous les jours que Moise revienne sur terre, dans un rêve improbable, et entre avec le peuple sur la terre sacrée, pour y mourir. En souriant.

Je live ci-dessous, par des pings, des liens internes, pour faire mieux comprendre mon incursion, inédite, unique dans une paracha ce que j’ai pu écrire, ici, sur le sujet. Et je colle la paracha concernée en fin de billet.

Pour accéder aux billets ci-dessous, il suffit de cliquer sur leur titre.

LA PARACHA“Haazinou” (“Écoutez”).”Écoutez, cieux, je vais parler ; et que la terre entende les paroles de ma bouche.

Que mon enseignement s’épande comme la pluie, que mon discours distille comme la rosée, comme la bruyante ondée sur les plantes, et comme les gouttes pressées sur le gazon !

Car c’est le nom de l’Éternel que je proclame ; rendez hommage à notre Dieu !

Lui, notre rocher, son œuvre est parfaite, toutes ses voies sont la justice même ; Dieu de vérité, jamais inique, constamment équitable et droit.

Est-ce lui qui a condamné ses enfants ? Non, c’est leur propre indignité, ô race perverse et tortueuse !

Est-ce ainsi que vous payez Dieu de retour, peuple insensé et peu sage ? N’est-il donc pas ton père, ton créateur ? N’est-ce pas lui qui t’a fait et qui t’a organisé ?

Souviens-toi des jours antiques, médite les annales de chaque siècle; interroge ton père, il te l’apprendra, tes vieillards, ils te le diront!

Quand le Souverain donna leurs lots aux nations, quand il sépara les enfants d’Adam, il fixa les limites des peuples d’après le nombre des enfants d’Israël.

Car ce peuple est la part du Seigneur ; Jacob est le lot de son héritage.

II le rencontre dans une région déserte, dans les solitudes aux hurlements sauvages; il le protège, il veille sur lui, le garde comme la prunelle de son œil.

Ainsi l’aigle veille sur son nid, plane sur ses jeunes aiglons, déploie ses ailes pour les recueillir, les porte sur ses pennes robustes.

Seul, l’Éternel le dirige, et nulle puissance étrangère ne le seconde.

II l’a fait monter victorieusement sur les hauteurs de la terre et jouir des produits des champs ; l’a nourri avec le miel des rochers, avec l’huile de la roche pierreuse,

Avec la crème des vaches, le lait des brebis, les gras agneaux, les béliers de Basan et les boucs, avec la mœlle exquise du froment ; et tu buvais le sang vermeil du raisin.

Yechouroun, engraissé, regimbe ; tu étais trop gras, trop replet, trop bien nourri et il abandonne le Dieu qui l’a créé, et il méprise son rocher tutélaire !

Ils l’irritent par des cultes étrangers ; ils l’outragent par leurs abominations.

Ils sacrifient à des démons qui ne sont pas Dieu, à des déités qu’ils ne connaissaient point; déités nouvelles, de fraîche date, que n’avaient pas redoutées vos pères.

Et le rocher qui t’engendra, tu le dédaignes, et tu oublies le Dieu qui t’a fait naître.

A cette vue, le Seigneur s’est indigné ; ainsi outragé par ses fils, par ses filles,

il a dit: Je veux leur dérober ma face, je verrai ce que sera leur avenir; car c’est une race aux voies obliques, des enfants sans loyauté.

Eux m’ont irrité par des dieux nuls, m’ont contristé par leurs vaines idoles ; et moi je les irriterai par un peuple nul, je les contristerai par une nation indigne.

Oui, un feu s’est allumé dans ma colère, dévorant jusqu’aux profondeurs de l’abîme ; il a consumé la terre et ses productions, embrasé les fondements des montagnes.

J’entasserai sur eux tous les malheurs ; contre eux j’épuiserai mes flèches.

Exténués par la famine, dévorés par la fièvre et des pestes meurtrières, j’exciterai contre eux la dent des carnassiers, et le venin brûlant des reptiles.

Au dehors, l’épée fera des victimes, au dedans, ce sera la terreur : adolescent et jeune vierge, nourrisson et vieillard.

J’aurais résolu de les réduire à néant, d’effacer leur souvenir de l’humanité,

Si je ne craignais le dire insultant de l’ennemi et l’aveuglement de leurs persécuteurs, qui s’écrieraient : “C’est notre puissance qui triomphe, ce n’est pas l’Éternel qui en est la cause.”

Car c’est une race aux idées fausses ; ils sont dépourvus d’intelligence.

S’ils étaient sages, ils y réfléchiraient ; ils seraient frappés de ce qui finit par leur arriver :

“Comment un seul homme pourrait-il en poursuivre mille, deux, mettre en fuite une myriade, si leur protecteur ne les eût vendus, si l’Éternel ne les eût livrés ?

Car leur protecteur ne ressemble point au nôtre, et nos ennemis sont une race à part.

De fait, leur vigne tient de la vigne de Sodome, et leur terroir, des campagnes de Gomorrhe ; leurs raisins sont des baies vénéneuses, ce sont des grappes amères que les leurs.

Leur vin, c’est la bave des serpents, c’est le poison meurtrier des vipères !”

Certes, ceci est mon secret ; il est scellé dans mes archives.

A moi la vindicte et les représailles, vienne l’heure où leur pied doit glisser ; car il approche, le jour de leur catastrophe, et l’avenir accourt sur eux!

Oui, l’Éternel prendra parti pour son peuple, pour ses serviteurs il redeviendra propice, lorsqu’il les verra à bout de forces, sans appui et sans ressources.

Alors il dira : “Où sont leurs dieux, ces rocs tutélaires, objets de leur confiance ;

Qui consomment la graisse de leurs victimes, s’abreuvent du vin de leurs libations ? Qu’ils se lèvent pour vous secourir ! Qu’ils soient pour vous une sauvegarde !

Reconnaissez maintenant que c’est moi, qui suis Dieu, moi seul, et nul dieu à côté de moi ! Que seul je fais mourir et vivre, je blesse et je guéris, et qu’on ne peut rien soustraire à ma puissance.

Oui, j’en lève la main au ciel, j’en atteste mon éternelle existence

Quand j’aiguiserai l’éclair de mon glaive, quand ma main s’armera du châtiment, je prendrai ma revanche sur mes adversaires, je paierai de retour mes ennemis.

J’enivrerai de sang mes flèches, et mon glaive se repaîtra de chair, du sang des mourants et des captifs, du crâne des capitaines ennemis !”

Nations, félicitez son peuple, car Dieu venge le sang de ses serviteurs ; il exerce sa vindicte sur ses ennemis, réhabilite et sa terre et son peuple !”

Moïse vint faire entendre au peuple toutes les paroles de ce cantique, lui avec Hoschéa, fils de Noun.

Lorsque Moïse eut achevé d’adresser toutes ces paroles à Israël entier,

il leur dit: “Prenez à cœur toutes les paroles par lesquelles je vous admoneste en ce jour, et que vous devez recommander à vos enfants pour qu’ils observent avec soin toutes les paroles de cette doctrine.

Car ce n’est pas pour vous chose indifférente, c’est votre existence même! Et c’est par ce moyen seul que vous obtiendrez de longs jours sur cette terre, pour la possession de laquelle vous allez passer le Jourdain.”

L’Éternel parla à Moïse, ce même jour, en ces termes :

“Monte sur cette cime des Abarîm, sur le mont Nébo, situé dans le pays de Moab en face de Jéricho, et contemple le pays de Canaan, que je donne aux enfants d’Israël en propriété ;

Puis meurs sur la montagne où tu vas monter, et rejoins tes pères, de même que ton frère Aaron est mort à Hor-la-Montagne et est allé rejoindre ses pères.

Parce que vous avez été fautifs envers moi au milieu des enfants d’Israël, à l’occasion des eaux de Meriba à Kadesh, dans le désert de Cîn, en ne me sanctifiant pas au milieu des enfants d’Israël.

Ce n’est qu’à distance que tu verras le pays : mais tu n’y entreras point, dans ce pays que je donne aux enfants d’Israël.”

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.