Infalsifiabilité

Il y a assez longtemps, on était fier de demontrer à nos professeurs, à nos amis qu’on connaissait Karl Popper, philosophe des sciences, epistémologue et son concept de l’infalsifiabilité. En relation avec tout ce qui n’est pas scientifique.
Pour ceux qui auraient oublié, on rappelle :

Une discipline vraiment scientifique énonce des hypothèses suffisamment précises pour être susceptibles d’être réfutées par un test expérimental. Si l’astronome nous explique que les planètes effectuent des rotations en ellipse autour du Soleil, il suffira d’un seul astre qui ne dessine pas une ellipse, d’un écart minime, pour mettre à terre la théorie.

Par contre les pseudo-sciences (l’astrologie, la psychanalyse et le marxisme, par exemple) ne font, au contraire, que rechercher d’incessantes et toujours plus nombreuses confirmations dans l’expérience. A l’aide d’habiles formulations, d’un refus des contre-exemples, elles repoussent toute réfutation possible. Elles s’enivrent de confirmations en tout genre. Elles se veulent infalsifiables.

C’est donc le paradoxe : on ne peut démontrer le contraire d’une affirmation non scientifique, démontrer sa fausseté. Elle est toujours vraie pour celui qui la prononce. Et infalsifiable.

Ce qui d’ailleurs alimente les discussions qui n’en finissent plus.

Pourquoi ce billet et la convocation dudit concept ?

Parce qu’on vient de converser avec mon amie écrivaine et elle s’est énervée lorsque je lui ai affirmé qu’elle se trompait (sur un point absolument inintéressant).

Et c’est là, elle la reine de la pseudo-science, qu’elle m’a sorti :

– Ce que tu me dis est tellement “charpenté” que c’est infalsifiable ! C’est donc une pseudo-demonstration !

Elle ne manquait pas d’air. J’ai apprécié son maniement insidieux de la rhétorique et je lui ai répondu :

– Le jour où je considèrerai que le mot, la lettre, le roman, le poème, la proposition théorique, où encore tout ce qui est la vie est scientifique, donc réfutable, le jour où je serai dans la certitude de la vérité proclamée, gommant l’éther des instants non géométriques , le potentiel magique, la complicité avec les comètes invisibles, tout ce qui est de l’ordre cosmique, inconnu, est falsifiable, donc dans le champ scientifique et, partant, réfutable, je disparaitrai du paysage. OK ?

Elle m’a répondu qu’elle en avait marre de moi, ce qui est évidemment faux.

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