Kundera, bon romancier, et terroriste

C’est le jour, on aura pu le remarquer, où je puise dans mes “brouillons” ou dans mes demi-brouillons et les publie.

Aujourd’hui, un ami m’a appelé pour me demander si j’avais, “en bibliothèque”, le dernier bouquin de Ian Mac Ewan. Il sait (c’est un vrai ami) qu’il s’agit de l’un de mes auteurs préférés. Un des meilleurs. Peut-être le meilleur si l’on lit son “Samedi”. (clic ICI pour un résumé sur Babelio)

Je lui ai répondu que oui, mais dans sa version numérique, avec “DRM” (droits limités), donc pas légalement transmissible, mais que j’étais prêt à lui offrir l’une des versions, soit papier, soit numérique.

Il m’a dit que ça lui était égal. Je lui ai répondu qu’il devait prendre position. Il m’a répondu qu’il ne comprenait pas. Je lui ai dit qu’il fallait savoir si le numérique était acceptable. Il m’a répondu que je le charriais, que j’exagérais. Je lui ai, immédiatement rétorqué qu’il avait raison. Et il m’a invité çà déjeuner demain. Et je lui ai dit que j’étais pris. Et on déjeunera la semaine prochaine.

On aura remarqué l’immense intérêt de cette conversation et le lecteur peut croire qu’on se moque de lui.

Il n’en est rien.

En effet, dans mes fameux “brouillons, j’ai retrouvé mon commentaire sur une affirmation péremptoire et presque terroriste de Milan Kundera, écrivain d’immense talent mais trop sûr de lui, tant il est adoré par une frange de la population qui vit, comme Amélie Poulain, près de Montmartre:

C’était lors de la remise du prix de la BnF 2012 pour l’ensemble de son oeuvre :

Je la livre ci-dessous :

« Je n’ai aucune envie de parler de la littérature, de son importance, de ses valeurs. Ce que j’ai à l’esprit en ce moment, c’est une chose plus concrète : la bibliothèque. Ce mot donne, au prix que vous avez la bonté de m’accorder une étrange note nostalgique ; car il me semble que le temps qui, impitoyablement, poursuit sa marche, commence à mettre les livres en danger. C’est à cause de cette angoisse que, depuis plusieurs années déjà, j’ajoute à tous mes contrats, partout, une clause stipulant que mes romans ne peuvent être publiés que sous la forme traditionnelle du livre. Pour qu’on les lise uniquement sur papier, non sur un écran. Cela me fait penser à Heidegger, au fait apparemment paradoxal que, lors des pires années du XXème siècle, il se concentrait dans ses cours universitaires sur la question de la technique, pour constater que la technique, son évolution accélérée, est capable de changer l’essence même de la vie humaine.Voici une image qui, de nos jours, est tout à fait banale : des gens marchent dans la rue, ils ne voient plus leur vis à vis,ils ne voient même plus les maisons autour d’eux, des fils leur pendent de l’oreille, ils gesticulent, ils crient, ils ne regardent personne et personne ne les regarde. Et je me demande : liront-ils encore des livres ? c’est possible, mais pour combien de temps encore ? Je n’en sais rien. Nous n’avons pas la capacité de connaître l’avenir. Sur l’avenir,on se trompe toujours, je le sais. Mais cela ne me débarrasse pas de l’angoisse, l’angoisse pour le livre tel que je le connais depuis mon enfance. Je veux que mes romans lui restent fidèles. Fidèles à la bibliothèque. »

C’est le type de discours que j’abhorre.

Kundera, prétendu romancier de l’anti-stalinisme est un terroriste, un réactionnaire, même pas un “conservateur radical”

On l’a écrit, longuement. On a expliqué pourquoi. Mais on laisse nos commentaires dans nos brouillons. On ne dit qu’une chose, en le répétant : c’est idiot et terroriste. Presque primaire.

Les romanciers, les écrivains ne sont pas toujours dans la pensée ou l’interprétation. Ils peuvent être bêtes. Comme ils sont écrivains, on les excuse et leur accorde notre pardon.

Mais comme dit Clément Rosset, l’on ferait mieux de rester ce que l’ion est (un écrivain, un sportif, un chirurgien, un employé des postes) mais mais pas un engagé. L’écrivain ou le chirurgien “engagé” ne devrait pas exister. Et les écrivains feraient mieux d’écrire.

J’imagine que j’écris, ailleurs qu’ici, en ce moment, un roman. Je ne fais que l’écrire. Et Basta ! Comme dirait mon ami qui m’a invité à déjeuner.

On est très calme. Bonne soirée.

 

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