La chaise

Tenerife. Seul sur le sable noir d’une plage. Je cherche une photo, persuadé avant le déclenchement, qu’elle sera convertie dans le sépia ou le noir et blanc, pour conforter la couleur dominante.

Mais je ne veux pas qu’un paysage, même fantasmagorique.

Dans un cabanon, presque abandonné, je trouve la chaise en plastique. Je la pose sur la sable, je m’éloigne, cadre et déclenche.

Ceux qui me demandent de l’encadrer, pour un cadeau, sont des urbains invétérés. C’est la chaise qui, évidemment, transforme la photo, pour la tirer du côté de la mise en scène photographique, dans la contemporanéité.

Les amoureux du paysage brut, de la belle photo (la mélodie esthétique) préfèrent l’image sans la chaise, considérant que cet objet l’encombre malencontreusement.

J’ai leur solution dans Photoshop, par son effacement, mais je leur dis, en exagérant intentionnellement dans l’emphase, que ce serait une trahison de mon instant, celui du déclenchement, et, partant, un effacement de moi. Et ils n’insistent pas. Rien de tel que le mystère ontologique, savamment orchestré par un langage idoine pour éviter la discussion idiote ou fatigante.

Mais j’exagère : les positions esthétiques qui se cambrent sur cette photo traversent tous les concepts que convoquent l’art, le beau et le contemporain. Et la discussion aurait pu être intéressante et accompagner la dégustation d’un alcool de figue, tunisien.

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