la mémoire est belle

 

Je viens de dire à une confinée que l’oubli était une infamie; que celui qui n’a pas la mémoire de sa vie, de ses instants prodigieux ou communs, éblouissants ou primaires, anciens ou récents, sombres ou fulgurants ne mérite pas l’instant que l’air cosmique lui offre, à la seconde même de sa mémoire non reconnaissante du temps, des temps. du moment de son oubli.  Que celle ou celui qui effacent les “marques” n’est pas dans l’ordre des humains, peut-être même du monde, puisqu’aussi bien les végétaux, les minéraux ont cette mémoire. Même l’eau selon les homéopathes.

M’est alors venu le dialogue du Don Quijote, que j’avais commenté toute une nuit lorsqu’une femme m’avait déclaré qu’elle avait oublié la précédente passée avec moi.

J’étais jeune et présomptueux. Ce qu’il faut toujours être pour remettre les oublieux à leur place, presque méchamment.

L’oubli, disais-je, est une infamie. Pire, c’est une insulte. Une tare, un trou dans l’espace, plus que dans le temps.

Je le donne ci-dessous, le dialogue, je l’ai retrouvé dans ma bibli numérique

Extrait de: Miguel de Cervantes  “L’ingénieux Hidalgo Don Quichotte de la Manche”

« — Vous êtes railleur, Sancho, reprit don Quichotte, et, par ma foi, la mémoire ne vous manque pas, quand vous voulez l’avoir bonne.

— Et quand je voudrais oublier les coups de gourdin que j’ai reçus, reprit Sancho, comment y consentiraient les marques noires qui sont encore toutes fraîches sur mes côtes? »

 

PS. Ce billet est écrit à un instant où je me laisse aller. Et pour ne pas l’oublier, je l’écris, ce moment. Mais je ne transformerai pas ce mini-site en traité du développement de soi et vendeur de soupe de petits états d’âme. Juré.

 

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