La sympathie universelle

Posidonius

Je me suis surpris aujourd’hui, à l’occasion d’une conversation pourtant professionnelle, d’évoquer Posidonius, dont, curieusement , je me souviens toujours du nom. Il y a fort longtemps, j’avais, alors que j’étais dans un Centre de recherches universitaire, tenté de résumer en trois pages, la pensée stoïcienne, pour une conférence. En vérité, je préférais les sceptiques. Mais le stoicisme est une sorte de bravoure qu’on aime vanter, sûrement pour faire accroire à un trait de caractère qui vous avantage. Rares sont les stoïciens de passage qui sont stoïques. Le scepticisme est plus abordable et fait caresser tous les doutes. Ce qui plait beaucoup, sauf aux femmes disait un historien. Ca donne du recul, sans trop s’avancer. relisez.

Donc, me voilà dans une conversation très technique et je sens que l’interlocuteur, perd un peu le fil, le lien entre deux sujets. Et je lui dis : “soyez sympathique”.

Un silence difficile s’est installé jusqu’au moment, quelques secondes après, où j’ai rappelé que Posidonius, un stoïcien, est le premier à avoir mis en rapport le mouvement des marées et les phases de la lune, en le nommant « sympathie universelle ».

Ca a rassuré à l’autre bout du fil. Ce qui, a, d’ailleurs, revigoré la conversation.

J’aurais pu dire aussi, si j’étais resté dans le stoicisme : “prenez votre souffle”.

On sait, en effet, que dans la physique des stoïciens, l’univers tout entier est pénétré d’une espèce de fluide, de souffle vital, “le pneuma” dont la tension maintient la cohésion des parties du monde, assure l’individualité chaque être.

Curieuse cette propension à l’allusion aux grecs que j’ai un peu laissé tomber, tant ils ont été lus et triturés à toutes les sauces, par les faiseurs de la sagesse et du développement personnel.

Mais il est bon, de temps à autre, de sortir du prévisible dans “le call”. Je vais finir par écrire un bouquin de recettes à l’usage des incompétents qui ne connaissent pas leur incompétence (cf effet Dunning-Kruger). A vrai dire, il ne peut être écrit. C’est ce qu’il nous reste, dit l’autre, quand on a tout oublié.

Donc, les grecs. Ils ne nous lâchent pas. Toujours chic.