Le moi et l’autre

Conversation autour d’une table. Il est question de Lévinas, grand penseur que je n’apprécie pas pour divers motifs sur lesquels je me dois, un jour, de revenir , et de l’Autre, celui devant lequel il faut se prosterner, sur l’altruisme et autres notions articulées autour du désintéressement et de l’oubli, temporaire en tous cas, de soi.

Je prends la parole et rappelle le mot de Pascal (pas mon ami), Blaise Pascal, selon lequel “le moi est haïssable”; que le monde est peuplé de milliards de “moi” et que (j’ai retrouvé la phrase plus tard) que : « chaque moi est l’ennemi et voudrait être le tyran de tous les autres »

J’ajoute, malicieusement, que l’on est au centre du sujet.

L’un de ceux qui se trouvent là, pas vraiment un ami, m’agresse en raillant ceux qui se réfèrent aux vieux philosophes et nous sort un discours sur la modernité qui doit assassiner ledit vieux monde, en jetant aux orties les références, traitant les penseurs classiques de vieux croutons.

Je lui réponds que Pascal avait raison : il est son moi et je suis son ennemi. Tous les autres que son moi le sont.

Il a juste bu un verre d’eau. Il avait soif.

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