l’errance de la collapsologie

“J’ai fait le deuil de mes vieux jours, annonce d’entrée Julien Wosnitza.  Alors j’essaie de vivre le moment présent avec beaucoup plus de force.”

C’est un jeune de 25 ans, également auteur de Pourquoi tout va s’effondrer, un court essai de “collapsologie”, publié en 2018 qui cause sur France-Info.

“Toutes les publications scientifiques, toutes les observations concordent : notre civilisation court vers un effondrement global”, écrit-il en introduction. C’est, comme beaucoup, un “collapsologue”, ceux qui sont persuadés que le monde va bientôt s’effondrer, va disparaitre, tant du point de vue écologique qu’économique, les tenants d’une théorie de l’effondrement global annoncé et très proche (entre 2020 et 2030). Théorie qui a surgi en 2015; avec la publication de Comment tout peut s’effondrer, de Pablo Servigne et Raphaël Stevens, vendu à 45 000 exemplaires

“C’est une déflagration”, confirme Hélène Roche, 50 ans, à franceinfo, en évoquant ce bouquin.

Antoine, lui, s’est fait prendre il y a 6 mois.  (“J’y pense tout le temps. Ce qui me mine le plus, c’est qu’il n’y a pas de solution”)

Courbe de deuil (…)

Tous font référence à la “courbe de deuil”, et ses différents stades émotifs (déni, colère, dépression, acceptation)

On peut traverser ces mêmes étapes face à l’effondrement, mais rechuter quand on croit l’avoir accepté”, estime Julien.

Tous ces collapsogues entament donc leur deuil…

Bon, on peut aller sur le site de France-Info pour lire ou écouter ces pessimistes. Ils me font beaucoup de peine. Je les plains.

Spinoza (!)

Ca ne mérite pas un billet, sauf qu’avant de passer à autre chose, je lis dans l’article sur ces collapsologues que ce sont des adeptes de Spinoza…

Je m’arrête, évidemment, et lis.

Je retranscris ci-dessous :

“Passer à l’action, occuper ses mains, ça permet de trouver de la joie”, insiste le jeune homme. “La quête de joie” occupe une grande place dans la vie de Vadim, qui vit temporairement à Antibes. Il la trouve notamment chez Spinoza, “le philosophe de la joie”“‘Par réalité et perfection, j’entends la même chose’, dit Spinoza”, cite le jeune homme avec aisance. Mais encore ? “Pour moi, cela veut dire qu’aussi noires soient les projections sur l’avenir, il faut savoir se satisfaire de la réalité, des plaisirs simples de la vie et du quotidien”, explique Vadim. Ainsi Julie se dit “plus heureuse que les 20 dernières années, malgré toute l’inquiétude que j’ai pour mes enfants”.

Ici, j’ai deux solutions qui s’offrent à moi.

Soit, je commente en démontrant l’inanité du propos et l’anti-deuil de Spinoza ou je m’énerve contre ces jeunes abrutis qui feraient mieux d’aller boire une bière au bar du coin avec des amis ou dire un mot d’amour à l’être aimé, juste un mot qui n’est rien mais qui lui est seul destiné. Comme Barthes.

Je ne commente pas, je ne m’énerve pas. Je souris, en me disant que tout se fait à toutes les sauces et que le spinozisme qui est tout sauf ce qu’on lui fait dire doit être (comme je le pense depuis longtemps) une merveilleuse philosophie puisqu’elle permet sur des mots (la joie et la persévérance) de soigner ces tristes lurons.

Mais, à trop simplifier, on s’éloigne de la vérité, à trop s’accrocher (ici à des mots), on risque de tomber quand le réel vous rattrape.

Et le réel n’est pas l’effondrement. Il est éternel et persévère dans son être.

Pauvres collapsologues…

Je parie qu’aucun n’est amoureux.

 

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