les passages

Il existe plusieurs manières d’être juif. Soit, évidemment, être pratiquant et fréquenter assidûment la synagogue, faire Chabat, célébrer toutes les fêtes, manger “cacher” sans écart et tutti quanti. Soit manger “cacher” exclusivement chez soi, ne pas manger de porc, aller à la synagogue le jour de Kippour, jour du Grand pardon, bar-mitsva des garçons, matsot (pain azyme) pour Pessah et altri quanti. Soit, encore, ne pas être croyant, s’intéresser à la culture juive, se faire traiter de juif dit imaginaire, bref ne pas être religieux et considérer le judaïsme comme une culture, le concept se transformant en judéité. Se dire ainsi juif athée. Soit, enfin, en rester à l’existence d’espaces supérieurs, croire au génie de la conceptualisation du monde par la judéité, s’arrêter toujours aux notions qui structurent la religiosité et la pratique juive. Et, sans cesse, sans discontinuer, s’interroger sur le sens du récit juif. Et se dire juif et dire. Sans autre volonté.

Dans tous les cas, rien de ce qui est la judéité, qui peut ne pas être le judaisme, n’est périphérique.

Alors, on s’intéresse à Moise, aux fêtes juives et à la philosophie juive, piteusement écrasée par la pratique sans pensée, aux coutumes, aux espaces cabalistiques et tout et tout. Ce qu’on tente ici dans ce mini-site, la fonction “recherche” permettant de le constater.

Certains se sont donc étonnés de ne pas voir sous la plume, dans cette période de fête, évoquer, comme dans les années passées “Pessah”, la Pâque juive, celle du temps présent de ce Nissan (le mois juif). On y remédie, sur la pointe des pieds. En réalité, il est toujours difficile d’écrire sur le sujet, des milliards de mots s’y étant employés. C’est, au demeurant le seul frein, idiot dit F, à l’écriture : la persuasion du déjà-dit.

Donc : rares, sont ceux, sauf les ignorants et les esprits non curieux, qui ne savent pas que la Pâque juive, “Pessah” est la fête de la commémoration de la sortie des juifs d’Egypte. Une commémoration, ponctuée par les deux premiers soirs  (du Seder) qui n’est pas un récit, juste un fait acquis, l’Exode, son chapitre biblique n’étant pas, curieusement contée ou récitée.

Que dire sur cette fête essentielle ? Evidemment, des millions de mots sur la liberté et son invention, sa conceptualisation insensée (un juif rit quand on lui dit qu’il a été esclave, car il en est sorti, par une volonté divine qui s’alliait à la volonté humaine. Pas un noir, affreusement resté dans sa condition après l’interdiction légale.

Mais on veut s’en tenir ici au NOM. Evidemment, pour un juif, le nom est constitution, émergence du néant : il est, en effet, dommage que l’on titre “Pâque” ou “Pessah”, en France. Il aurait été p^lus significatif d’imiter les anglo-saxons et dire “passage”, PASS OVER.

Car, en effet, durant le Seder, les Juifs glorifient le passage de l’esclavage à la liberté. Pessa’h signifie bien «  passage  » : passage de la mort, sans mort, sur les maisons des enfants d’Israël (la mort qui passe sur la vie) passage de l’esclavage à la liberté évidemment encore, passage miraculeux à travers de la Mer rouge scindée,  passage du Jourdain et entrée en Canaan, terre promise, passage du néant d’Israël à son émergence par un peuple. Et, ce qui n’est pas rien, passage de l’hiver au printemps, porteur de tous les fruits et légumes merveilleusement cuits dans la marmite des soirs de Pessah

On va proposer aux autorités religieuses de renommer (en français, bien sûr), le nom. Renommer la fête en “Passages”. Certains y verront un impérialisme judéo-tunisien, le “passage” étant un endroit emblématique à Tunis (cherchez en ligne). Mais non, Pessah est bien”passages”

PS. En tête de billet une photo de la couverture de la Haggada de notre enfance, le livre lu les deux premiers soir de “Pessah”. Passages.

 

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