Macron, colonisateur du vide

« La colonisation, crime contre l’humanité, un acte de barbarie ». Emmanuel Macron à Alger le 13/02/2017.

La veille de ces propos, une très proche, dans un mail au ton comminatoire, m’a sommé de rejoindre l’équipe de Macron. Elle me faisait l’honneur de considérer que mon « talent », « ma plume », mon « intelligence du monde » (rien que ça) profiterait à ce candidat, que c’était l’homme du « renouveau » et qu’il avait « besoin d’hommes comme moi », qu’il avait d’ailleurs lancé un « appel d’offres » de ce type. Mon épouse, qu’elle venait d’avoir au téléphone, était d’ailleurs d’accord. Je m’interroge d’ailleurs. Elle est peut-être à l’initiative de cette tentative d’enrôlement.

Elle est adorable, cette amie, même si elle hurle quand je le lui dis, en me traitant de “macho”, en m’affirmant que depuis le premier jour où elle m’a rencontré elle me hait, me déteste, souhaite ma mort. Soit. C’est une femme d’une douceur incommensurable, mais d’une intellectualité violente. Son époux, un vrai ami aussi, m’a averti : elle est capable de me gifler. Moi je ne le crois pas.

Il faut dire qu’elle sortait des 3 épisodes, il est vrai assez sidérants, sur « Mafia et politique » diffusé sur Arte. Si ce que s’y est dit est vrai, il ne reste plus qu’à pleurer ou donner des gifles à tous les politiques. Avez-vous regardé ?

Je l’ai d’abord remercié de croire en mes capacités d’aider un candidat et j’ai immédiatement refusé, en arguant d’abord de son erreur sur cette possibilité. D’autres avaient plus de temps et de propos pour un soutien de ce type. Et puis, qu’à vrai dire, je ne l’aimais pas ce Macron, depuis son apparition. Pour mille motifs dont le dernier n’est pas ce qu’il représente, à vrai dire que lui-même, son seul talent résidant dans la parole vide, celle qui attrape tout au-delà même des lectrices de Paris-Match ; qu’il ne s’agissait même pas de dire qu’il est trop jeune pour exercer la fonction, cet argument étant assez inepte, l’intelligence n’étant pas synonyme de « sagesse d’un sénior » ; qu’il ne s’agissait pas non plus de critiquer ses « unes » dans les revues ou journaux « people », qu’il aurait tort de ne pas user de la bêtise de ceux qui les façonnent et surtout de ceux qui les lisent.

Non, non, je n’aime pas Macron : c’est une sorte de roquet qui se transforme en chevalier blanc, qui est un traitre, un hâbleur, un faiseur, un midinet qui plait aux midinettes et, curieusement à celles qui ne le sont pas. Un faiseur qui surfe sur les cerveaux vides et disponibles, au sens ou Patrick le Lay le précisait en Juillet 2004, en affirmant que :

« Pour qu’un message publicitaire soit perçu, il faut que le cerveau du téléspectateur soit disponible. Nos émissions ont pour vocation de le rendre disponible : c’est-à-dire de le divertir, de le détendre pour le préparer entre deux messages. Ce que nous vendons à Coca-Cola, c’est du temps de cerveau humain disponible (…).

Donc, je lui ai dit que, bien sûr, pour fonder mon propos presque scientifiquement, comme je l’ai appris sur les bancs des facultés de Sociologie,  je pouvais lui écrire mille lignes sur le politique, son histoire, pour démontrer, écraser, sur la Grèce et sa démocratie, sur le Général Boulanger, sur la Providence en politique, sur les estrades des écoles de grande banlieue et ce qu’ont pu entendre, depuis longtemps, les murs de vieilles salles de fête provinciales. Sur le centre, la mollesse, l’extrême, la structure qui reprenait toujours le dessus, quelque que soit l’homme aux pantalons à la mode qui clamait sa capacité au renouvellement du politique.

Mais que je préférai m’en tenir à l’idiote affirmation : je n’aime pas Macron, ce « catch-all man ».

Mon amie m’a répondu, par un long mail m’expliquant, décortiquant, analysant, faisant appel, dans un mouvement perfide, que je n’imaginais pas, à mes auteurs (elle les connaît, comme elle me connaît depuis des siècles), prétendant qu’il y avait là une « nécessité presque spinoziste ». Elle avait beaucoup de chance de ne pas être à côté de moi. Non, non, je ne l’aurais pas giflé, puisque je ne gifle pas les femmes mais lui aurais lancé mon regard, celui connu de tous, celui qui l’aurait fait regretter d’avoir été mise au monde, d’être née et d’avoir pu parler ou écrire. Le regard tueur et définitif qui l’aurait entrainé loin , très loin de moi. Du moins pour la soirée. Car je suis gentil et non rancunier. Juste « féroce » dans la conjoncture, ponctuellement, comme le dit mon épouse qui se trompe assez souvent. Nécessité spinoziste, je rêve !!!

Mais, c’est quand j’ai lu son propos proféré en Algérie selon lequel “la colonisation est un crime contre l’humanité, un acte de barbarie” que j’ai décidé non plus de ne pas l’aimer, ce qui est minuscule, sans intérêt et chose facile, mais, désormais, où que je sois, où que j’écrive, où que je parle, de le combattre, férocement.

Un filou de ce type doit être abattu, politiquement s’entend. Cet homme providentiel dont des citoyens, y compris intelligents, attendent qu’ils les sauvent, on ne sait de quoi, d’ailleurs. De tout peut-être, donc de rien.

Il est beau, il est jeune, il sait parler, il vient d’on ne sait où, donc du renouveau et les gens suivent.

Je ne comprends pas. C’est comme le disait Guy Debord, que pourtant je n’aimais pas non plus pour ses jugements à l’emporte-pièce camouflés en vérités sociologiques, c’est le spectacle pour le spectacle, sans fond, ni assise, comme une image abstraite qui cherche un titre, le fameux blanc de Malevitch. L’éphémerité “en marche”.

Là encore, j’ai deux options : partir dans un exposé long et rébarbatif sur la colonisation et l’Europe ou m’en tenir à l’accusation de filouterie.

Je prends un chemin médian : juste quelques mots.

D’abord le rappel de la définition pénale du crime contre l’humanité par l’article 212-1 du code pénal. Des faits «d’atteinte volontaire à la vie, d’extermination, de réduction en esclavage, de déportation, transfert forcé de population, torture, viol».

Définition qui ne confond pas l’excès d’un comportement situé avec la volonté globale et la conscience de l’action. En clair le barbouze qui extermine, le bataillon qui viole ou qui transfère ne le fait pas au nom d’une politique organisée dont le but est l’action concernée.

Le propos de Macron n’est pas scandaleux (l’ordre du scandale est celui de la politique) mais plus simplement idiot, dans le champ de l’invective, de l’insulte de la France (dont les dirigeants à l’époque étaient de la Gauche), l’injure, la recherche d’une première page et non dans la vérité juridique et sociologique.

Il relativise par ailleurs le “crime contre l’humanité”, assimilant la colonisation à la Shoah ou au massacre des arméniens.

Cet homme est un irresponsable, un petit shadock qui pompe, d’un oeil vitreux et d’une voix maléfique, les électeurs qui adorent ce discours de l’avilissement de la France.

N’allez pas croire que l’on va rappeler ici le côté “positif” de la colonisation. ce serait entrer dans un autre débat et on réserve cette analyse à un prochain billet

Non, on reste au niveau de ce faiseur, cet imposteur. Ce qui nous intéresse ici, c’est ce Macron et son incroyable perfidie qui va en territoire acquis à l’audition intégrale de tels propos, clamer à l’endroit des français qui reprochent tout à la France, qu’il faut voter pour lui.

La vilénie est tellement flagrante, la tactique sémantique tellement primaire qu’on se demande même comment on peut le soutenir.

L’extrême gauche dira qu’il a raison (c’est bon pour un second tour contre Marine Le Pen), les “arabes” de France aussi, les soutiens de Valls qui ont tout perdu également, se drapant dans ce qu’il leur reste de “gauche” : l’anticolonialisme rose.

C’est donc du discours d’un attrape-tout, presque un attrape-nigaud.

Macron, c’est un crime contre l’honnêteté, un acte de barbarie électoral.

PS. Pour “passer à autre chose”, ce qui peut être fatigant, on colle une photo d’une impasse à Malte, au crépuscule, là où il faut marcher avant de prendre juste l’apéritif avec les gens qu’on aime. Il n’y a rien de plus vrai que le plaisir.

 

 

 

 

 

 

 

 

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