non (sur un photographe)

En ces jours improbables, on constate que je reviens, ardemment, frénétiquement, à la photographie. Comme si je lui demandais de me pardonner mon absence pourtant involontaire ou la poussière inexorable sur mes objectifs, sûrement due plus aux travaux de grande ampleur dans mon immeuble qu’à un délaissement impossible. Il est vrai que je “poste” beaucoup sur le sujet, ajoutant une rubrique au site, proposant quelques articles, du moins quelques images des photographes que j’aime. Puis un insidieux me demande qui je n’aime pas (parmi les photographes, évidemment). Je lui envoie les deux photos qui suivent, avec un petit texte dans lequel je bannis et maudis “la difficulté facile” et le forcing sur Photoshop. Trop violent pour que je ne le reproduise ici.

Ces photographies sont adolescentes, la période pendant laquelle on imagine créer, avant, très vite, de comprendre que tous les jeunes aux cheveux longs, maniant guitare, stylo, appareil photo, y compris soi, aux cheveux pourtant plus long que les autres, ne sont pas nécessairement d’immenses artistes. On passe à un âge presque adulte par une interrogation sur son talent, au doute, si l’on préfère.

Il est lui aussi, ce doute, assez dangereux lorsqu’il nous convainc que tout ayant été dit, il vaut mieux regarder et écouter. Et se taire. Ce qui permet à beaucoup qui ne se sont pas posé la question, de jaillir du vide et écrire, dire, photographier alors que nous aurions pu faire mieux. La modestie ou plutôt la réserve, le retrait sont des assassins. S’il y a une seule chose que je regrette dans le passé, c’est d’avoir laissé ce que j’aurais pu mieux dire aux autres qui le disaient banalement. En lisant ces derniers mots, le lecteur voit apparaître le fanfaron. Il n’aurait pas alors compris que je viens d’écrire plus haut.

Pour revenir aux photos, ce sont donc celles d’un prétentieux. Comme dirait un ado, “il s’y croit”. Il s’appelle Riego van Wersch. Il est exposé, a bonne presse. Des nouveaux riches doivent l’avoir accroché dans le salon de leur nouvel appartement, en transférant dans leur cuisine les reproductions de Bernard Buffet.

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