planter des rosiers ?

Le soleil est impérial et je suis dans une chaise longue, comme un chewing-gum. Le bouquin de Chaim Potok, pourtant admirable, me tombe des mains. Les oiseaux s’en donnent à coeur joie et je sens mon visage se calciner. On se dit, très vite, que la  vie est belle, plus que ne le crie Capra…

J’entends une voix et dans mon demi-sommeil, je crois entendre qu’il s’agit de rosiers…

Je ne réponds pas, ne bouge pas. Le ton de la voix monte d’un demi-ton, pas méchante cependant. Là j’entends parfaitement, mes yeux étant désormais ouverts : « Alors ? On les plante ces 39 rosiers à racine nue ? »

Je me lève et, par mégarde, marche sur le bouquin de Potok. Je suis furieux : je déteste les livres froissés, c’est peut-être pour ça que je me suis mis au numérique et à la tablette. Et, immédiatement, comme au sortir d’un coma qui vous a remis d’aplomb la mémoire, je récite à la voix planteuse les mots de Rousseau sur l’indolence et la paresse. Vous les connaissez, bien sûr. Mais, on ne sait jamais : je les reproduis ci-dessous :

« Il est inconcevable à quel point l’homme est naturellement paresseux. On dirait qu’il ne vit que pour dormir, végéter, rester immobile; à peine peut-il se résoudre à se donner les mouvements nécessaires pour s’empêcher de mourir de faim. Rien ne maintient tant les sauvages dans l’amour de leur état que cette délicieuse indolence. Les passions qui rendent l’homme inquiet, prévoyant, actif, ne naissent que dans la société. Ne rien faire est la première et la plus forte passion de l’homme après celle de se conserver. Si l’on y regardait bien, l’on verrait que, même parmi nous, c’est pour parvenir au repos que chacun travaille: c’est encore la paresse qui nous rend laborieux.»

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