Riva, la la, Hiroshima 

Emmanuelle Riva vient de mourir.

Son visage, lisse et grave, comme un flirt avec la tragédie,  nous avait subjugué lorsque, presque encore enfant, nous avions vu dans un cinéma très lointain l’Hiroshima de Resnais et Duras, tourné en 1959.

Le directeur avait du se tromper dans la commande du film, en le confondant avec un film de guerre japonais avec armes et Judokas. J’en suis persuadé. Il était donné dans des séances à “2 grands films”, juste après un Jerry Lewis. Nous, les presque adolescents, on se regardait perplexes, on bougeait nerveusement sur nos sièges. On ne comprenait rien. Mais alors rien. Des mots,  sur du noir et blanc. En réalité, on se demandait pourquoi on n’était pas dehors à regarder les filles ou à boire un sirop d’orgeat glacé.

Mais le visage de Riva m’avait plaqué en l’air, si j’ose dire. Et je ne suis pas sorti, capturé par les mots et les sourcils de Riva. Rien à voir avec les belles italiennes qui hantaient nos nuits et soulevaient toutes les vitalités. Non, très loin, tout en haut. En noir et blanc, sans hors-bord et plages d’Ischia ou Capri, là où dans des étés vibrants et des fêtes illuminées, en bikini, les napolitaines des studios de Cinecitta, nous narguaient de la volupté dans lesquelles elles noyaient, langoureusement, leurs corps.

Riva, elle, était un ange du drame, les yeux noirs des ventres serrés, la peau de la tristesse, la doucereuse. Celle qui peut être belle. Paix à son regard.

Mais le titre ? Il y a un “La la”.

C’est que je viens, ce soir,  de voir le fameux film encensé par tous : La La Land. Savoureux ? Pas le temps ni l’envie d’en parler.

Juste un mot : Emma Stone est craquante, époustouflante. Tous les hommes devraient décider d’être amoureux d’elle. Ça leur mettrait du pétillement dans les yeux, ça les rendrait plus intelligents.

Elle est formidable, formidable. Woody Allen l’a su immédiatement.

Ce n’est pas Riva. Stone est une bulle qui se déforme, se plie sur elle-même, se défigure, mais toujours dans les airs bleus, les vents soyeux. Riva, elle, du moins dans le Resnais, est un océan qui hésite toujours à noircir ses écumes , de peur de sombrer dans les cavernes du vide, dans les entrailles de la terre.
PS. On n’a pas osé titrer Stone et Riva. Ça ressemblait trop à Stone et Charden. Et franchement, même s’ils sont attendrissants, ce n’est pas dans le même champ . Non ?

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