suite, française, bwv 000

Non, ce n’est pas une suite française de Bach, juste un petit jeu de mots dans le titre, pour fustiger la dégoulinade des penseurs du covid. Encore philomag. Je ne vais pas me débabonner, mais presque. Je soutiens mais du bout des bras…

Mme Francoise Dastur, pour nous dire, entre autres immenses philosophes, “ce qui a changé” nous propose le texte suivant :

Françoise Dastur. “À vivre pleinement dans l’instant”

Philosophe, professeure honoraire des universités, cette spécialiste de pensée allemande et de phénoménologie a publié plusieurs ouvrages sur Husserl, Heidegger et Merleau-Ponty (Chair et langage. Essais sur Merleau-Ponty [Encre marine, nouv. éd., 2016]). À partir de ces auteurs, elle a développé une réflexion sur le temps et la mort (La Mort. Essai sur la finitude, PUF, 2007), mais également sur les rapports entre pensée occidentale et orientale (Figures du néant et de la négation entre Orient et Occident,

« Ce qui est fortement remis en question, c’est la mondialisation. Il est intéressant de relire à cet égard un ouvrage fondateur paru dans les années 1960 : L’Homme unidimensionnel de Herbert Marcuse, ancien élève de Heidegger naturalisé américain. Il critique la réduction de notre humanité à une seule référence – “l’unidimensionnel” – produite par l’industrie libérale, celle du consommateur et des modes de vie standardisés. Notre civilisation a promu le tourisme de masse, la folklorisation des cul­tures, un divertissement homogène (provenant principalement des États-Unis) ou le globish au lieu de la diversité des langues. Or, avec cette culture du divertissement, on essaie d’échapper au souci profond qui devrait être le nôtre : celui de prendre conscience de ce qui est réellement important pour les mortels que nous sommes. Le confinement nous a renvoyés à nous-mêmes, nous invitant à éprouver la longueur du temps, à nous interroger sur la nature de notre rapport à notre environnement immédiat et à vivre vraiment au présent. Car le présent est cette dimension essentielle qui retient en elle tout le passé et anticipe tout l’avenir. C’est ce que ce penseur du temps que fut Husserl nommait “présent vivant” pour le distinguer d’un présent “mort” qui se réduirait à cet atome qu’est l’instant abstraitement découpé sur la ligne du temps. Vivre pleinement dans l’instant, c’est s’ouvrir à la situation que l’on occupe dans le monde et la prendre résolument en charge, comme le soulignait également Heidegger. Pour lui, l’être humain est essentiellement un être “pour” la mort, c’est-à-dire destiné à mourir. Il a appelé par là les hommes à devenir des mortels. Cela voudrait dire pas seulement affronter en pensée la mort et la regarder en face, mais voir en elle davantage qu’une imperfection : le fondement de l’existence humaine. L’angoisse de la mort n’est nullement incompatible avec la joie d’exister. »

Je ne savais pas que de telle pensées existaient encore, je ne savais pas que de telles inepties, tirées d’un résumé de tous les lieux communs qui ont émergé depuis la naissance du monde, pouvaient, encore, hors des amphis d’étudiants en grève et des colloques pour cadres moyens en quête de culture, exister.

On pardonne à Philomag. Faut bien imprimer.

J’arrête de lire et passe aux cahiers de l’Herne qui ont consacré une livraison à Roth (devinez lequel ?)

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