une chaise

Tenerife.

Seul sur le sable noir d’une plage (El faro). Je cherche une photo, persuadé avant le déclenchement, qu’elle sera convertie dans le sépia ou le noir et blanc, pour conforter la couleur dominante.

Devant mon objectif, le paysage. Je déclenche. Une image d’un paysage. Certes le noir volcanique du sable, la mer du bleu d’un crépuscule suffisent. La fantasmagorie peut fonctionner. Je remonte vers la route, m’arrête en chemin, me dis que ce n’est pas satisfaisant et que je ne reviendrai peut-être jamais sur cette plage et que je ne veux pas qu’un paysage, même fantasmagorique. Trop fainéante cette image.

Je cherche, tente de nouveaux clichés, gros plans sur les rochers, soupçons d’abstraction en captant ciel et noirceur, sans matière. Rien n’y fait. Trop faciles ces images. Faut sortir du seul déclenchement et de la maitrise du cadrage. Je vois un petit cabanon délabré, sûrement à l’abandon, à environ 300 m. Je m’y rends, entre. A l’intérieur, je trouve la chaise en plastique. Je la pose sur le sable, je m’éloigne, cadre et déclenche. C’est la bonne.

Ceux qui me demandent de l’encadrer, pour un cadeau, sont des urbains invétérés, souvent au fait de la photographie contemporaine. C’est la chaise qui, évidemment, transforme la photo, pour la tirer du côté de la mise en scène photographique, dans la contemporanéité donc.

Les amoureux du paysage brut, de la belle photo (la mélodie esthétique) préfèrent l’image sans la chaise, considérant que cet objet l’encombre malencontreusement; qu’on aurait du l’enlever avant de déclencher. C’est dommage, ajoutent-ils.

J’ai leur solution dans Photoshop, par son effacement, mais je leur dis, en exagérant intentionnellement dans l’emphase, que ce serait une trahison de mon instant, celui du déclenchement, et, partant, un effacement de moi. Et ils n’insistent pas. Rien de tel que le mystère ontologique, savamment orchestré par un langage approprié et obscur, pour éviter la discussion.

Mais j’exagère : les positions esthétiques qui se cambrent sur cette photo traversent tous les concepts que convoquent l’art, le beau et le contemporain. Et la discussion aurait pu être intéressante et accompagner la dégustation d’un excellent verre de vin rouge ou plutôt, s’agissant d’un île espagnole d’un fino, un vin de xérès sec (muy seco).

PS1. J’avais pensé, ai-je écrit plus haut, en photographiant la plage, à la transformation en sépia, qui s’y prêtait. La voici ci-dessous, format portrait, un autre cadrage. A la réflexion, même si beaucoup m’ont demandé de l’encadrer, dans cette couleur nostalgique qui peut exacerber l’ambiance, je reviens désormais à mon originale, format paysage (un format) 24X36, couleur, contraste à peine forcé. Ce sépia ci-dessous existe aussi dans un format carré, sans le ciel (recadrez sous votre front). Mais je ne vais pas la coller et encombrer cette page. PS2. “On” a insisté, ce weekend, pour que j’écrive un nouveau texte (différent de celui inclus dans le sous-site “sous les images” (clic dans le menu principal) et que j’insère l’originale, en couleur. J’ai tenu ma promesse. Comme d’ailleurs celle de l’insertion du petit texte abominable sur le Japon, juste avant, donc juste après ce billet. Faut, parait-il, les faire remonter à la surface ces billets. OK, j’obéis.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.