Vive la conscience !

Encore un titre attrape-tout. Qu’est-ce à dire ? La conscience ne peut être que vivante, sauf peut-être (et encore…) quand on est mort.

Vous n’y êtes pas. Le titre n’est pas fortuit. Mais connaissez-vous David Chalmers ? Si non, j’explique et vous comprendrez le titre.

Il s’agit d’un philosophe australien (donc rare) rédacteur d’un ouvrage considéré comme l’un des plus importants publiés depuis 20 ans : “l’Esprit conscient”(Editions Itaque).

On va tenter de résumer, en nous concentrant très fort puisqu’aussi bien la partie n’est pas facile.

D’abord, il s’agit d’un philosophe qui considère que le matérialisme ne peut tout expliquer.

Evidemment que tout est matière, rappelle t-il, évidemment. Mais une autre question doit être posée : comment la matière (grise) peut-elle fabriquer de la “conscience”. Vous regardez un beau ciel bleu, un magnifique tableau. Et ça vous fait un effetLe regard est matière et s’explique dans la cours de première année d’ophtalmologistes.

Mais l’effet produit, celui qui vous soulève concomitamment à une activité purement cérébrale, à une excitation neuronale simplement matérielle, c’est la conscience.

Prenez deux êtres absolument identiques, qu’on ne peut discerner (vous et votre double, par exemple). Ils auront, au fil de leur minutes, des pensées différentes. Donc, nous dit Chalmers “la conscience n’est pas physique”.

Dès lors, la science ne peut tout rendre compte, par l’explication matérialiste, cognitive, de notre expérience. La science peut nous faire comprendre les processus de la mémoire, de l’attention, mais n’arrivera jamais à expliquer ce fameux effet qui les accompagne.

Donc, la conscience n’est pas une fonction, ni un état cérébral matériel. Ce qui invalide le matérialisme…

Thèse anti-scientifique, non naturaliste ? Non, nous dit Chalmers : la science tente d’expliquer l’univers. On en a besoin et elle se trompe rarement.
Cependant, la conscience est un élément fondamental du monde qui trouve son autonomie, se dégage de la simple matière, est régie par des lois spécifiques parfaitement compatibles avec la science.
En réalité, du même ordre que le temps, l’espace.
La conscience occupe sa place propre et la science ne peut, sauf à inventer une théorie la placer dans la simple matière.
La conscience, serait ainsi “une loi de l’Univers”. On la trouverait partout, y compris dans les météorites ou les bactéries., encore une fois un phénomène aussi fondamental que la masse, l’espace et le temps en physique. Une loi de la même portée que celles désignées comme les lois fondamentales de l’univers, apparue dans le même temps que ces dernières, c’est-à-dire immédiatement après le Big Bang.
Bigre ! Fini le monisme qui exclut le dualisme (matière et esprit, et partant le principe spirituel de Dieu), a-t-on dit faussement (mais je n’entre pas dans le débat trop aride)
La thèse a été mille fois décortiquée, dans des tours d’ivoire. Il est vrai qu’à l’inverse d’autres sujets, comme par exemple le comportement de Trump ou la vie secrète de Macron, il est difficile d’avoir une discussion sur la “loi de la conscience” dans nos diners sympathiques.
On aura constaté que, même par l’humour de circonstance, je n’ai pas pris vraiment parti pour cette théorie révolutionnaire qui m’a, je l’avoue souvent empêché de dormir, mais s’il s’agissait d’un prétexte puisqu’en effet, on ne dort pas pour d’autres raisons, plus proches de la conscience et du sentiment, poignantes, que de la théorie.
Mais alors pourquoi donc infliger ce billet, un peu hasardeux ?
Vous voulez savoir ? Et bien, juste pour le mot : j’adore la “conscience”, même quand elle s’évanouit. Seuls l’insoluble, l’indicible, l’éthéré, nous placent dans une des parts de la jouissance. Une des parts.
La conscience est presque une caresse du monde, celle qui apparait en même temps que lui et qui l’aide dans son inexorable développement matériel.
La conscience est lumineuse. Une sorte d’étoile dans l’étoile.
Bon, je viens de relire. Je ferais mieux de dormir.

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