Contre la poésie ?

« Après la grande poussée du premier romantisme, assimilée ou refoulée par les garde-fous tout-puissants de l’univers bourgeois, la poésie devient de plus en plus anachronique. Les poètes constituent une espèce aussi menacée que maudite. Un tel sort enthousiasme Flaubert et lui rappelle son origine, ses gueulades lyriques, ses déferlements spontanés de métaphores, son penchant natif pour « le style dithyrambique et enflé » [4]. Poète manqué, Flaubert campe sur ses positions de « fossile » [5], mot que Louis Bouilhet retient pour titre de son recueil de poèmes [6]. Car la poésie est en arrière, paradis démenti par les petitesses des mœurs, le grotesque des corps et des comportements. « La haine que je vois partout, portée à la poésie, à l’Art pur, cette négation complexe du Vrai me donne des envies de suicide. On voudrait crever, puisqu’on ne peut faire crever les autres, et tout suicide est peut-être un assassinat rentré » [7]. Faut-il donc, en chacun, se résigner à tuer le poète ? Si le bourgeois crache sur la poésie, l’écrase et s’emploie à précipiter son extinction, Flaubert ne peut que camper du côté du martyre et en soutenir les saints principes envers et contre tous : cet état de la »

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