Les joues roses de Fragonard

L’érotisme qui se dégage des tableaux de femmes de Fragonard passe, assurément par la nonchalance du sujet ou son œil espiègle, la femme absolument sûre du moment futur qui ne peut être que désir, toujours conforté par des joues roses qui n’attendent que rougir.

Jeune fille lisant. Fragonard. 1769. Ferait partie des “tableaux fantastiques”, comme le précédent, représentant des membres de proches de Fragonard habillées somptueusement, tableau prétendument peint en une heure…

Lettres d’amour. Fragonard .

Frans Hals, le génie,  le portraitiste inventeur du coup de pinceau moderne.

Un week-end à Amsterdam. L’expo du peintre Franz Hals  nous y convie Partants ?Au Rijksmuseum. Rdv vous en bas de chez moi.

Frans Hals », au Rijksmuseum, à Amsterdam (Pays-Bas), jusqu’au 9 juin. Puis à la Gemäldegalerie, Berlin (Allemagne), du 12 juillet au 3 novembre. Catalogue disponible en anglais, coédition des musées, 219 p., 35 €.

CI-DESSOUS 2 TABLEAUX CÉLÈBRES,  UNE PRÉSENTATION DU PEINTRE PAR FRANCE 4, LE PAPIER DU FIGARO SUR L’EXPO

Le Cavalier riant

Présentation

Exposition à Asterdam. Texte du Figaro date du 19 février

Frans Hals, ivresse et autorité de la peinture

Après Rembrandt et Vermeer, le Rijksmuseum, à Amsterdam, rend hommage au maître portraitiste de Haarlem, roi des banquets bien arrosés et serviteur des guildes commerçantes du Siècle d’or. Un régal.

ERIC BIÉTRY-RIVIERRE

À votre santé ! Nous lancent, le verre tendu, les modèles du Joyeux Buveur, de l’Enfant rieur ou du Joyeux Joueur de Luth, de Frans Hals (vers 1583-1666). Ce maître portraitiste du Siècle d’or hollandais, né à Anvers, mais qui a vécu et travaillé à Haarlem, a les honneurs du Rijksmuseum, à Amsterdam, après avoir triomphé à la National Gallery, à Londres (plus de 92 000 visiteurs payants en moins de quatre mois) et avant la Gemäldegalerie, à Berlin.

Sa société de bons vivants, joues rubicondes, yeux allumés et sourires qui vont parfois jusqu’au rire, fait plaisir à voir. Haarlem, par la rivière Spaarne, est connectée à la mer du Nord. Elle fut donc dès l’origine une cité d’armateurs, de manufacturiers du textile, de commerçants au long cours… et de brasseurs (150 au Moyen Âge, 50 dans la première moitié du XVIIe siècle). D’où, aux murs du Rijksmuseum, ces petits pêcheurs et ces gros buveurs, ces chopes, verres ou flûtes, ces satins et ces damas. Mais aussi, dans ce parcours qui rassemble la cinquantaine de portraits jugés les plus vivants parmi les 200 certifiés du maître, mêlés à ces types fantaisistes de bambocheurs, d’autres portraits, de groupes ou individuels, qui présentent ceux-là, parfois avec les mêmes traits, des notables affichant leur puissance et leur sérieux.

Ces hommes et ces femmes qui transformaient la jeune République néerlandaise en une puissance mondiale savaient donc se détendre entre deux coups boursiers, expéditions hasardeuses ou grands travaux sur les polders. En dépit de ce que connotent leurs austères habits noirs, le travail n’excluait pas les plaisirs sensuels. Certains jeunes couples figurés ensemble dans quelque cadre champêtre (tels Abrahamsz et la bien nommée Beatrix Massa) ont des attitudes si naturelles, expriment un tel contentement, qu’un Van Gogh trouvait qu’ils avaient l’air d’avoir été peints « après leur première nuit de mariage ».

Ce qui est sûr, c’est que d’heureuses retrouvailles se fêtent ici : venu du Los Angeles County Museum of Art, Pieter Tjarck tient nonchalamment la rose destinée à sa fraîche épouse, Maria Larp (autre effigie venue de Londres celle-là). Est également présent le Portrait d’un homme tenant un crâne (Birmingham) installé en pendant de celui de sa femme (collection du duc de Devonshire à Chatsworth House) ; une analyse récente ayant prouvé qu’il s’agissait à l’origine de panneaux assortis.

Voilà donc, côté hommes, une ribambelle de fières moustaches hérissées sous chapeaux en poil de castor (un produit venu de la rivière Hudson, embarqué depuis New York et ses quais de Harlem). Et, côté dames, tant chez les jeunes que pour les matrones, des bonnets de fines dentelles surmontant les omniprésentes fraises amidonnées et les mêmes étoffes de satin impeccablement repassées. Au reste, que de coquetteries sourdent de cette mode du noir confisquée à l’ennemi espagnol ! Un Manet, époustouflé, comptait vingt-quatre nuances dans les tableaux, tel le Portrait de Michiel de Wael (Cincinnati), modèle du genre.

Manet n’était pas le premier à tenir Hals dans la même estime que celle d’un Vélasquez, à reprendre son coup de pinceau très libre et ses arrière-plans indéfinis gris ou blonds. Courbet, par exemple, a aimé cette vérité tant formelle que psychologique, et pareillement la vivacité des portraits de groupes. Ces qualités infuseront jusque dans son célèbre Enterrement à Ornans (Musée d’Orsay). Comme son ami Whistler et, par la suite, le portraitiste mondain américano-européen Sargent, le Belge Ensor ou l’Allemand Liebermann, nombre d’autres peintres, qu’ils aient été impressionnistes ou expressionnistes, ont rendu grâce à celui qu’ils considéraient comme leur aîné en modernité. Ce génie nordique avait été redécouvert dans les années 1850-1860 par celui qui a également tiré Vermeer de l’oubli : Théophile Thoré-Bürger.

Attrait pour le peuple 

Ce critique était un militant républicain. S’il chérissait la Hollande, c’est parce qu’elle « avait eu le courage de secouer tout joug religieux et politique, se sentant plus à l’aise qu’aucun autre peuple ». En conséquence, selon cet intellectuel, elle avait enfanté l’école de peinture « la plus libérée, la plus originale, la plus variée, la plus révolutionnaire, la plus naturelle et la plus humaine à la fois ». Et elle était encore définie comme « la plus dégagée du passé, qui adhère le plus à la nature, et qui par là signale le mieux une des tendances de l’art à venir »(Salon de 1861. De l’avenir de l’art).

Ainsi les modernes allaient s’abreuver à cette source. Pour Van Gogh, qui a littéralement aspiré la tonalité jaune du Joyeux Buveur et appréciait la fibre sociale de Hals, ce dernier « vaut autant que les Michel-Ange, les Raphaël et même les Grecs ». Au Rijksmuseum, devant le porte-étendard, flamboyant milicien se pavanant à l’extrême gauche de la Compagnie de milice du district XI, tout de soie nacrée sur fond de drapeau orange, il s’était arrêté longtemps : « J’ai rarement vu une figure plus divinement belle – c’est quelque chose de merveilleux. »

Pour sa part, Courbet s’était focalisé sur le portrait d’une servante édentée, simple d’esprit affublée d’une chouette et d’une cruche en étain symboles de dérèglement de tous les sens. Il a même copié avec application cette Malle Babbe, bougresse dionysiaque et populaire, qui survit toujours à Haarlem, à travers une chanson à boire régulièrement entonnée dans les estaminets. L’attrait de Hals pour le peuple se lit enfin dans le Portrait de Catharina Hooft, un bébé de bonne famille tenu par une nourrice, qui a été traitée avec autant de soin. Ou encore dans Famille dans un paysage (Musée Thyssen-Bornemisza, à Madrid), au milieu de laquelle un esclavon africain se demande ce qu’il fait là.

Célébré de son vivant, oublié après la défaite des Provinces-Unies envahie par les armées de Louis XIV, redécouvert par Thoré, Hals a été, à la fin du XIXe siècle, porté aux nues par les grands collectionneurs. En Angleterre, par exemple, le marquis de Hertford a accepté de payer dix fois le prix demandé pour le Cavalier riant (51 000 francs de l’époque, soit une somme astronomique, égale à la cote de Rembrandt). Depuis 1900, ce tableau est la joconde de la Wallace Collection, à Londres. Jusqu’alors il n’avait jamais quitté Manchester Square. « Par la suite, la renommée de Hals s’est estompée, sa liberté de pinceau, la vérité et la simplicité émanant de ses visages étant devenues choses communes en peinture », explique Taco Dibbits, directeur du Rijksmuseum.

L’actuelle réévaluation souligne la maestria d’une main qui, dans une lumière souvent blonde, sait jouer, selon les besoins ou la volonté du commanditaire, de la finesse comme de la rugosité, paraître lente ou rapide, se faire invisible, léchée, d’une précision quasi photographique, ou au contraire demeurer marquée telle une signature (une Berthe Morisot a poussé cette manière preste).

Sentiment de vie 

Techniquement, Hals peignait alla prima, humide sur humide, avec cette fausse spontanéité caractéristique du virtuose accompli. On ne lui connaît strictement aucun dessin. Dès lors, vues de près ou dans les agrandissements de détails qui décorent certaines parois du parcours, ses compositions forment d’audacieux croisillons et zigzags de couleurs jetées. Ce style renforce le sentiment de vie. On admire particulièrement ces stries dans les cols blancs ou ces poignets d’où jaillit une main inachevée, ce qui rend son mouvement encore plus rapide et naturel. Quant aux carnations, ce sont celles de la vie au grand air, de la bonne chère et du houblon fermenté. Des cheveux d’or sont parfois ébouriffés par un vent du large ou le banquet en cours. Dans son portrait, Isaac Abrahamsz Massa, marchand de soie en Russie, comme le suggère une fenêtre ouverte sur une forêt de conifères, nous regarde par-dessus le dossier de sa chaise. C’était en 1626, mais il vient à peine de se retourner. Le procédé est une nouveauté.

À votre santé ? Mais le verre a été si promptement vidé qu’il faut le déjà remplir, l’ordonne, au centre d’un ballet de regards, de mains et de gestes, sous les chapeaux, fraises et torses uniformément barrés d’une écharpe orange, le capitaine Michiel de Wael. Ce brasseur, membre d’une confrérie des brasseurs, tourne son verre à l’envers et nous interpelle. À table !, entend-on encore. Car, juste derrière lui, un de ses lieutenants presse un citron au-dessus d’un plat d’huîtres. Pour la musique, la compagnie peut compter sur quelque bouffon, tel l’insolent Joueur de luth, et pour la bagatelle sur La Bohémienne, deux merveilles de joie et de tendresse venues du Louvre.

« Frans Hals », au Rijksmuseum, à Amsterdam (Pays-Bas), jusqu’au 9 juin. Puis à la Gemäldegalerie, Berlin (Allemagne), du 12 juillet au 3 novembre. Catalogue disponible en anglais, coédition des musées, 219 p., 35 €.

Haarlem, cette bonbonnière XVIIe, n’est située qu’à une trentaine de kilomètres d’Amsterdam. Son riche Musée Frans Hals, plus ancienne collection publique des Pays-Bas, a prêté par dérogation exceptionnelle de la municipalité quatre de ses grands formats. Mais il lui en reste encore plusieurs, dont un portrait de groupe avec autoportrait. En tout, on y admire actuellement encore dix-sept Frans Hals. Un crochet s’impose donc, d’autant que cette ville infiniment moins fréquentée est tout aussi jolie que la capitale, sa grande rivale. On peut également, dans le chœur dans son église centrale, Saint-Bavon, se recueillir sur la tombe du peintre.

Graphisme, Vermeer photographe

Johannes Vermeer, la ruelle. Vers 1658.

Lorsqu’il y a très longtemps, je considérais qu’il était utile et opportun de discuter de la spécificité de la photographie au regard de l’œuvre picturale et son histoire, je montrais ce tableau de Vermeer (que je viens de retrouver en ligne) en insistant sur son cadrage, résolument photographique et son thème, concentré dans un graphisme contemporain. Ce type de ruelle et de façade a souvent été capturé par les plus grands photographes. Je disais que “le graphisme fédérait l’art”; qu’il existait une concurrence entre “le dérangement” et “le graphisme” pour définir l’art, dans sa rupture moderne.

On ne discute plus de la sorte, le débat contemporain s’étant déplacé dans d’autres sphères, celles d’une des guerres locales ou de l’autre, surranée, que mènent des femmes caractérielles contre certains hommes assez peu fréquentables.

Quant aux discussions sur l’art pictural ou visuel, la photographie, l’intrusion de l’I.A qui change la donne et la croyance de la nécessité de l’intellectualité d’une image fabriquée, a bouleversé la simplicité complexe d’un petit débat. Vain et désormais inédit, son abordage dans un dîner ou devant une bière étant, immédiatement, submergé par l’affirmation inutile de l’incroyable jeunesse d’un premier ministre, la recherche des mots forts qui nous mèneraient facilement à une nouvelle guerre mondiale, heureusement évitée par la concentration des médias sur des attitudes sexuelles, des ruptures conjugales ou, mieux, cathartique à souhait, la dernière parole, décomplexée, d’un membre antisémite de LFI.

On aura pu constater que du constat évident de la modernité de Vermeer, photographique, on s’est laissé emporté vers une pseudo -réflexion. Ce qui démontre que la scène des débats est bien vide.

De Vinci dérange magnifiquement

LEONARD DE VINCI, FEMME AVEC UNE HERMINE, VERS 1489. Musée national de Krakow

Extrait de GOOGLE ARTS ET CULTURE. Le sujet du portrait est Cecilia Gallerani (vers 1473-1536), maîtresse réputée de Lodovico Sforza, duc de Milan, également connu sous le nom de « il Moro » (le Maure). L’hermine du portrait qu’il a commandé est une allusion au duc Sforza lui-même, également appelé l’hermine blanche (Ermellino Bianco). Le portrait incarne l’idée de la Renaissance d’une image comme illusion de vitalité naturelle. L’artiste y est parvenu grâce à ses connaissances en anatomie et à ses compétences en éclairage, qui lui ont permis de créer une figure humaine en trois dimensions sur le plan de l’image. Le fond d’origine, repeint en noir au XIXe siècle, a également été modelé par la lumière tout comme le personnage, ce qui a dû donner l’impression que le modèle sortait de l’ombre. Le portrait est devenu propriété de la République de Pologne en 2016.

Soit. Mais ce peintre , on  ne sait comment, nous dérange, nous emmène on  ne sait où. Dès que  nous fixons les yeux de la femme.  La Joconde est en concurrence, du même mouvement dérangeant, ce qui, en réalité définit l’art.

The National Museum in Krakow

Détails

pause photo ter et fin. Mapplethorpe, Dollé, “flowers”.

La foire commerciale de la Saint-Valentin étant sur le point d’ouvrir, un vieil amoureux, très simplement de son épouse rencontrée il y a 43 ans, m’a demandé de lui envoyer quelques photos de fleurs que j’avais pu prendre dans la nature ou dans mon grand jardin, qu’il avait pu apercevoir dans mes galeries en ligne.

Il voulait les envoyer, sans autre mot, à sa belle. Un vrai sentimental. Comme on les aime.

Je lui ai envoyé celles du grand photographe (très cher en dollars) Robert Mapplethorpe, de ses séries (“flowers”). Mapplethorpe n’a pas photographié que des fleurs et n’est pas mon photographe préféré, loin s’en faut. Il est connu d’abord pour ses photos qui font scandale. Ce qui n’en fait pas, malgré une exposition au Grand Palais et l’admiration des parisiens de certains quartiers, un grand photographe. On dit cependant, non sans une certaine justesse, que pour ses fleurs, il serait maitre du cadrage, de la lumière et très rigoureux. On jugera. Je suis certain néanmoins que pour une Saint -Valentin, eu égard à la sincérité du demandeur de photos, ça ira. Son épouse sera mieux lotie que s’il avait commandé du Champagne, vin mauvais et générateur de remontées gastriques acides.

Mais il n’y a pas que Mapplethorpe qui propose des fleurs photographiées. Joelle DOLLÉ aussi (joelledolle.fr) que je viens de découvrir.

Et, pour finir, d’autres, prises, il y a très longtemps, avant Mapplethorpe et Dollé.

pause photo bis. Vivian Maier bis : les  mains.

Le billet précédent était consacré à une photo de Vivian Maier. J’en profite pour coller 3 photos de cette grande photographe, qui démontrent que la photographie n’est jamais un hasard, comme le pensent les non-photographes. Même dans les postures des photographiés, il existe toujours une grammaire. Celle qui structure l’oeil qui cherche la bonne photo ou qui demande, pour l’acquérir, une pose.

Photo 1 :

Photo 2

Photo 3

pause photo. Agression ?

Tous savent mon admiration pour Vivian Maier, immense photographe. Je suis allé aujourd’hui un peu fouiner dans ses images, pour offrir, comme je l’ai promis, encadrées, monture acier, format cadre 50X40, passe-partout, image 24X36, les 10 plus belles photos de l’histoire, par les grands ou les moins connus de tous les photographes (selon moi, évidemment).

Il s’agissait de couvrir un grand mur blanc, récemment repeint. Ça va être chouette ces dix photos que je vais ramener à 9 pour en faire un carré 3×3.

Je suis ainsi tombé sur une photo de Vivian Maier que j’avais oubliée. Est-ce l’ambiance “me too” qui me fait poser la question du titre ? Si tel était le cas, on pourra considérer que le terrorisme s’installe insidieusement dans tous les cerveaux Ce qui devient dangereux pour la pensée saine.

Donc, la photo : regardez. Une dispute et un geste de blocage de la femme qui crie ? Le couple qui marche, à droite, passe vite, l’oeil discret, peut-être un peu inquiet. Mais la femme crie peut-être son amour et l’homme la protège de la rue. Pas sûr. Allez-savoir. Le femme a un parapluie.

Hedy

Hedy Lamarr

Tous connaissent Heddy Lamarr, actrice, déesse du cinéma. Peu savent, à en croire une conversation de ce jour, avec une femme pourtant très lettrée et cultivée qui ne savait pas qu’il s’agissait aussi d’une scientifique, inventrice de techniques de communication, absorbées, plus tard, par le GPS et le Wi-Fi.

Je colle le lien wiki

https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Hedy_Lamarr

Lisez la rubrique Wikipedia, Vous découvrez une femme entière, névrosée, kleptomane, amoureuse et inventeuse, haïssant la vieillesse.

En 2014, la « plus belle femme du cinéma » devenue la « Bombe à tête chercheuse » et le pianiste George Antheil sont admis à titre posthume au National Inventors Hall of Fame

PS. Son bouquin autobiographique, d’un érotisme échevelé (Ectase and me) qui décrit ses orgasmes et sa vie sexuelle a fait scandale.

musée imaginaire (photographie), part I

2021. Je reviens toujours à la photographie dans les billets de ce maudit site. On m’a demandé de mettre en ligne, dans un seul billet, les photos préférées. Donc un musée imaginaire. Part I.

PS. Extrait wiki, pour piqûre de rappel. “Un musée imaginaire est un ensemble d’œuvres d’art qu’une personne tient pour essentielles ou considère comme ses préférées, de sorte que, si elle en avait la possibilité, elle les réunirait dans un même musée idéal. L’expression est étroitement associée à l’essai d’André Malraux de 1947 où le principe qu’elle désigne est mis en scène” 

Saul Leiter
Saul Leiter
Sabine Weiss
Willy Ronis
Michael Kenna
Michael Kenna
Richard Deakins
Cheyco Leidmann
Louis Stettner
Cartier-Bresson
Davis Lynch
Roger Deakins
Arthur Elgort
Frank Horvat
Harold Feinstein
Frank Horvat
Vivian Maier
Ellen von Unwerth
Ellen von Unwerth
Ernest Bachrach
Ernst Haas
Fan ho
Roger Deakins
Frank Horvat
Fred Lyon
Gigli
Giovanni Castel
Harry Gruyaert
Guy Bourdin
Hans Fleurer
Gruyaert
Helen Lewitt
Horst
Hosoe
Irving Penn
Isserman
Kalvar
Kertzez
Helen Lewitt
Liu Yuanmin
Luc Roux
Martin Parr
Meyerowitz
Paolo di Paolo
Sabine Weiss
Sabine Weiss
Sabine Weiss
Saul Leiter
Saul Leiter
Saul Leiter
Saul Leiter
Saul Leiter
Sluban
Vincent Peters
Vivian Maier
William Egleston
William Klein
William Klein
William Ronis
Brassai
Fan Ho
Hans Fleurer
Saul Leiter
Elliott Erwitt
August Sander
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Frank Horvat
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Helen Lewitt
Peter Lindgergh
Peter Lindgergh
Peter Lindgergh
Diane Airbus
Diane Airbus
Diane Airbus
Weegee
Dorothea Lange
Dorothea Lange
Man Ray
Richard Avedon (Dylan)
Robert Frank
Cindy Sherman
Anne Geddes
Helmut Newton
Sabine Weiss
Doisneau
Annie Leibovitz
Inconnu
Cindy Sherman
Annie Leibovitz
Irving Penn
Annie Leibovitz
Anne Geddes
Robert Doisneau
André Kertész
Brassai
Ruth Orkin
Ruth Orkin
Ruth Orkin
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Henri Cartier-Bresson
Henri Cartier-Bresson
Philip-Lorca diCorcia
Philip-Lorca diCorcia
Robert Doisneau
Michael Kenna
Saul Leiter
Ernst Haas
Henri Cartier-Bresson
Marc Riboud
Marc Riboud
Marc Riboud
Saul Leiter
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Erwin Blumenfeld
Gursky
Chema Madoz
Brassai
Michael Kenna
Cartier Bresson
Vivian Maier
Vivian Maier
Cartier-Bresson
Kertesz
Kertesz
Kertesz
Kertesz
Saul Leiter
Saul Leiter
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Cartier-Bresson
Michael Kenna
Michael Kenna
William Eggleston
André Kertsez
William Eggleston
William Eggleston
Ernst Haas
Ernst Haas
Ernst Haas
Peter Lindberg
Vivian Maier
Vivian Maier
Vivian Maier
Vivian Maier

Gursky
Pelle Cass
Christina de Middel
Kevin Fletcher
Laurent Castellini
Laurent Castellini
Lucia Herrero
Vivian Maier
Marcus Lyon
Marcus Lyon
Davis Scherman
Rupert Vandervell
Rupert Vandervell
Rupert Vandervell
Rupert Vandervell
Rupert Vandervell
David Peat
David Peat
David Peat
Vivian Maier
Vivian Maier
Thomas Birke

Philip-Lorca diCorcia

2021. Post-modernité. Restez sur le texte introductif. Si vous ne voulez pas lire, descendez, vous aurez les photos de Philip-Lorca diCorcia. Donc, à l’occasion de la commande d’un album comprenant toutes mes photographies « urbaines » sans eau (agua, aqua) ni champs, routes et fleurs (nature et paysage), on m’a demandé quels étaient mes photographes « de rue » préférés. J’ai renvoyé à mon site qui comporte dans le menu une section « grands photographes » dans laquelle figure Leiter ou Maier et autres Ronis et Doisneau.

Mais j’ai précisé que j’admirais Philip-Lorca diCorcia, un “post-moderne”. L’expression m’est venue spontanément, même si l’on sait à quel point elle a été galvaudée. J’ai juste ajouté qu’il s’agissait de trouver dans l’ironie, le référent, la mise en scène, “autre chose” qui vienne combler le désenchantement du monde. La mise en scène qui donne le ton “moderne”, contemporain de la photographie (“la photographie contemporaine”). Un peu fainéant, certes, comme réponse, mais on peut aller voir en ligne. Je crois avoir écrit, ailleurs, un billet sur l’inventeur du terme, Jean-François Lyotard, l’un de ses concepteurs. En vérité, j’aurais du simplement dire que “la post-modernité se sent, que justement, par sa non-définition, qui s’éloigne de la nécessité de l’explication classique, ordonnée, elle se révèle”. La citation est de moi. Ici, je suis dans l’ironie post-moderne.

Je reviens à l’urbain et la photo. La photographie dite, classiquement, « de rue », urbaine si l’on veut, à laquelle on s’essaie avec son premier appareil, est un art difficile. Il s’agit de ne pas reproduire un vieux couple qui marche dans un jardin, deux cannes parallèles ou un clochard recroquevillé sur les grilles chaudes d’un trottoir de beaux quartiers. J’ai d’ailleurs, pour ce qui concerne les clochards, interdit à ma fille, photographe, de les prendre. Je crois que c’est la seule interdiction que j’ai pu proférer.

Je me suis encore égaré et reviens à mon propos sur ce qui fait une approche d’esquisse d’une photo « intéressante », dans la post-modernité éventuelle. Les théoriciens de la « photographie contemporaine » reviennent toujours à la “mise en en scène” de l’image finale. Ce qui permet de dépasser le temps des grands photographes, les Saul Leiter, Vivian Maier et autres Ronis et Cartier-Bresson. Ce n’est pas tout à fait idiot.

C’est un photographe américain d’abord publicitaire, photos de magazine mais surtout créateur d’un monde urbain sublimé, par une recherche de la lumière exacte dans “la scène proposée”, dans des couleurs idoines.

Philip-Lorca diCorcia, a un talent grandiose dans cette « mise en scène”.

 Il fait partie du « groupe de Boston », un groupe de photographes désignés sous le nom de Boston School. Les Five of Boston : Nan Goldin, David Armstrong, Mark Morrisroe, Jack Pierson et Philip-Lorca diCorcia. Ils se sont rencontrés durant leurs études au School of the Museum of Fine Arts de Boston. Mais, curieusement, à part cette proximité scolaire, ils n’ont rien en commun. Ce qui, déjà, les constitue en groupe original.
Je donne quelques unes de ses images. Restez longtemps devant la photo. Le travail est immense. Vous me direz. MB.

Philip-Lorca diCorcia
Philip-Lorca diCorcia
Philip-Lorca diCorcia
Philip-Lorca diCorcia
Philip-Lorca diCorcia
Philip-Lorca diCorcia
Philip-Lorca diCorcia
Philip-Lorca diCorcia
Philip-Lorca diCorcia
Philip-Lorca diCorcia
Philip-Lorca diCorcia
Philip-Lorca diCorcia
Philip-Lorca diCorcia
Philip-Lorca diCorcia
Philip-Lorca diCorcia
Philip-Lorca diCorcia
Philip-Lorca diCorcia

Les mots et le tableau

Aujourd’hui 2 avril, jour assez spécial. Le spectacle désolant de la marée humaine des touristes assez laids et même quelquefois sales qui hantent les ponts et la Tour Eiffel, trottoirs envahis de détritus, m’à rendu assez triste, très triste même. Il va être difficile d’aimer autant Paris. Cette vraie désolation m’a amené à reprendre un texte écrit il y a très longtemps, que je redonne. Histoire de me consoler.

Les touristes visiteurs de Paris, s’arrêtent au Louvre, s’agglutinent devant La Joconde et s’en vont vite vers la Tour Eiffel. Les touristes japonais à Madrid vont à la corrida assister à la mise à mort d’un seul toro sur les six au programme (le tour operator leur dit que c’est comme les films permanents au cinéma, une répétition, qu’il est inutile de rester) et qui s’en vont vite au Prado envahir la salle où se trouve Les Ménines de Velasquez, en se marchant sur les pieds.

Quand je raconte ce que vous venez de lire, on me voit faire la moue et on me demande la raison de ma réserve, de cette mine contrite : n’aimerais-je pas cette merveille ?

Évidemment que non, c’est un de mes tableaux préférés. Cependant, je lui dis, un peu honteux, qu’il m’a fallu choisir entre Velasquez et Foucault. J’explique.

Michel Foucault (1926-1984), dans son ouvrage phare (« Les mots et les choses) décrit, dans son introduction, dans un style et une hauteur théorique exceptionnels, le tableau de Velasquez, “Les Ménines”. Certains considèrent que ces pages sont un modèle, en rupture, de l’analyse picturale.

Le tableau donne à voir l’infante Marguerite d’Espagne, entourée de demoiselles d’honneur, de courtisans et de nains. Au fond, sur la gauche, le peintre est là devant une grande toile dont on ne voit que le châssis de dos. A l’arrière-plan, sur le mur du fond, un tableau, note Foucault, “brille d’un éclat singulier », dans lequel apparaissent deux silhouettes. Il s’agit, en réalité d’un miroir. Qui reflète les souverains, à l’extérieur du tableau, “retirés en une invisibilité essentielle”, “qui ordonnent autour d’eux toute la représentation”.

Sans eux, le tableau n’est pas possible.

Et Foucault d’ajouter que “Peut-être y a-t-il, dans ce tableau de Vélasquez, comme la représentation de la représentation classique”, qu’il s’agit aussi de “la disparition nécessaire de ce qui la fonde”. Il conclut en indiquant que “Libre enfin de ce rapport qui l’enchaînait, la représentation peut se donner comme pure représentation.”

Il s’agirait donc du principe qui organise les savoirs à l’âge classique. Chaque époque se caractérise par un “champ épistémologique” particulier, qui constitue le “socle” des diverses connaissances et structure leur apparition. Ce que Foucault appelle “épistémê” cet “a priori historique” constitutif des sciences de la période considérée avec une théorie propre de la représentation.

La Renaissance, elle, était fondée sur la ressemblance. “Le monde s’enroulait sur lui-même”, écrit Foucault. Don Quichotte en apparaît, sur le mode de la dérision, comme l’incarnation. “Tout son chemin est une quête aux similitudes”, mais celles-ci tournent au délire.

Au XIXe siècle vient l’âge de l’histoire, qui devient “le mode d’être fondamental des empiricités” et qui introduit dans la pensée moderne “cette étrange figure du savoir qu’on appelle l’homme”. Voici l’homme “au fondement de toutes les positivités”, en cette place du roi “que lui assignaient par avance Les Ménines, mais d’où pendant longtemps sa présence réelle fut exclue”.

Mais cette époque se finit et l’homme, une “invention récente”, est en voie de disparition. La nouvelle “épistémê” devrait être concomitante de la mort de l’homme (“alors on peut bien parier que l’homme s’effacerait, comme à la limite de la mer un visage de sable”). C’est la dernière phrase du livre.

Le livre a fait jaser (fin de l’humanisme, existence douteuse de l(homme, mort de l’homme, antihumanisme théorique, structuralisme exacerbé qui fait passer les structures avant les sujets, etc.

Mais je reviens à la discussion avec mon ami et à ma moue.

Il est vrai que je ne m’arrête plus devant les Ménines (« les suivantes », traduction de Foucault ou Las Meninas en VO).

Car, en effet, je ne peux plus goûter le tableau sans me référer à l’analyse de Foucault, ce qui me place dans l’analyse et non dans l’art.

Or, le musée ne peut que servir d’accrochage de l’œil et non du cerveau pensant; lequel œil, peut, comme dans l’amour s’éloigner de la pensée pour approcher les rivages du sens. Rimbaud contre Platon en quelque sorte.

Ce qui me fait donc regretter d’avoir lu le Foucault des Ménines qui a brisé l’approche non pas « pure » (elle n’existe pas) mais expurgée de la théorisation. D’où ma moue.

Elle est d’autant plus flagrante que je ne suis plus certain de la pertinence du propos de Foucault. Et, mieux encore de l’avoir bien compris. Et plus encore d’adhérer à ce qui était peut-être une esbroufe à laquelle se sont laissés prendre de jeunes étudiants de mon espèce, avides de théorie et de style générateur d’une obscurité propice à l’écart du même et la constitution d’un statut d’intellectuel…

A vrai dire, pour revenir à mon propos, il est dommage de gâcher un plaisir par des mots (potentiellement creux) qui éloigneraient de l’éventuelle belle chose.

Je préfère ne pas y penser, Ce qui fabrique une nouvelle grimace que je cache, un peu honteusement.

le théâtre, même pas en songe

“La vie est un songe”, Calderon. Mise en scène Clément Poirée.

J’ai, ici, dans un autre billet, vanté l’extraordinaire pièce de Calderon, « la vie est un songe ». (“La vida es sueno, y los suenos suonos son. La vie est un songe et les songes sont des songes”). On peut cliquer ci-dessous et revenir. Ou s’abstenir et continuer…

Immense Calderon, beauté pure des mots

On m’a demandé, au téléphone, dans quel théâtre je l’avais vu pour la dernière fois et quel était le metteur en scène.

Je n’ai pas répondu, prétextant, pour vite raccrocher, un autre appel entrant, professionnel.

Il est assez rare que dans ces billets, je livre une minuscule conviction profonde « personnelle », d’un état d’âme, m’en tenant à l’affirmation d’une adhésion à une « pensée » philosophique ou théorique. Du moins de son exposé puisque rien ne peut venir de moi, même la plume qui m’a été juste donnée, dans l’histoire structurée de son apprentissage, à la mesure de sa possibilité future qui n’était pas une nécessité. J’approuve ou désapprouve. Ce qui n’est rien. Ou presque rien.

A vrai dire, ce mutisme du soi est général et il n’est d’autre espace d’écriture dans lequel j’exprime un soupçon de « for intérieur », le journal intime, qui est loin de la biographie réservée, étant un genre que j’abhorre, la mise en scène policée dans la belle écriture graphique qui accompagne l’exacerbation de la confidence me paraissant suranné ou ridicule. Je l’ai répété un million de fois et un beau stylo qu’on a pu m’offrir ne sert qu’à noter dans un cahier quelque extraits que je pourrais tout aussi bien taper dans mon bloc-notes. Mais je fais honneur au stylo, rien qu’au stylo, dans sa beauté intrinsèque, pour qu’il vive, et non au « cahier » et à son contenu. Il pourrait d’ailleurs, juste trôner sur un bureau. D’autant plus que je ne sais plus écrire, le clavier ayant balayé pleins et déliés, enfouis dans un beau passé romancé, du côté de l’École primaire. Elle est un bonheur dans les souvenirs de plume sergent-major ou d’odeur de craie blanche, même si la cour de récréation n’est pas toujours le lieu du souvenir joyeux. Beaucoup y ont subi leurs premières déceptions sur la relation aux êtres.

Quant au cahier, nécessairement beau, sur lequel on peut écrire, il ne devrait qu’être que comme le puits dans lequel le regard se fixe, sans y plonger. L’objet et sa potentialité, sa virginité presque, valent mieux que la déchirure de sa fonction, celle pourquoi il sert (à écrire). Comme un diamant qu’on taille pour une reine, qui ne supporte pas le sacrilège de son être flamboyant. Stylo et cahier comme des papillons au-dessus de vous, qui ne viennent jamais se poser. Pour ne pas abimer leurs ailes dont on sait qu’un simple toucher vient massacrer leur porteur.

On pourrait, ici, me dire que dans ces lignes, je me confie et frôle les contours de l’écriture d’enlacement. Rien ne serait moins vrai. Relisez : je dis que je ne me confie pas. Il est vrai que c’est personnel, mais sans sonde du grand « moi » qui transperce la poitrine. J’ai aussi répété un milliard de fois que rien ne vaut le testament de trois pages, mon invention, que je conseille à tous, dans lequel on résume, dans une synthèse finale, sa vie, ses joies et ses désillusions, en vilipendant ceux qui vous ont fait du mal, en employant le dithyrambe à l’endroit de ceux qui vous ont aidé à bien vivre. Un testament sur les êtres, le reste n’ayant aucune importance. On peut le réécrire toutes les semaines. Trois pages à remanier sans cesse. Trois pages réelles jusqu’au dernier instant. Ceux qui nous ont fait du mal pourraient le recevoir, le jour de notre disparition, par un clic, avant le grand départ. S’il nous reste cette force.

Mais, en levant les yeux, plus haut dans le texte, en me relisant, je suis certain que ceux qui ont commencé à me lire se demandent que viennent faire ces digressions qui tombent sur la page alors que je ne faisais que narrer une conversation téléphonique sur Calderon.

J’y viens. Il s’agit de théâtre.

Mais, soucieux de la documentation, s’accompagnant ici de l’extase devant le texte et le propos du grand dramaturge madrilène, de la période baroque, il faut quand même puisque je cite Calderon d’y revenir avant de, vous l’aurez compris, asséner une confidence que l’on peut attendre lorsque l’écrivant commence à dire « je n’ai jamais… »

Donc Pedro Calderón de la Barca (1600-1681, est un poète et dramaturge espagnol, madrilène, auteur prolixe. Mais son chef-d’œuvre est une pièce de théâtre dénommée « la vie est un songe »

L’action se déroule en trois journées, trois bouleversements, qui vont de la soumission à la révolte et de l’apologie du plaisir à la volonté de bannissement de la jouissance. Trois journées métaphysiques.

L’histoire : Basile, roi de Pologne féru d’astrologie, est certain que son fils, à naitre, sera un tyran. Sa femme meurt d’ailleurs en couches avant de mettre au monde Sigismond. Il le cache, l’enferme, et personne ne connait son existence. Plusieurs années plus tard, dans le repentir, le Roi Basile décide de lui redonner son rang de prince, mais juste pour une journée. On verra, se dit-il, si la prédiction se réalise (le mal et la tyrannie), le prince sera endormi et renvoyé dans son cachot. On lui dira alors que tout ceci n’était qu’un rêve…

Mais comment peut-on imaginer que cet enfnt enfermé, comme un animal, ne se révèle pas animal. Tout se passe comme si le Roi avait configuré ce destin

Sigismond est dans la rage, par ses désirs, par ses pulsions, dans l’instinct, dans la violence, le meurtre, presque le parricide. Les personnages de la pièce qu’il serait ennuyeux de nommer et décrire analysent, comprennent, doutent. Rosaura, Clothalde, Astolphe et les autres.

Trois journées, trois hallucinations, dans le fantastique absolu. Je donnerai plus bas le synopsis.

Ce texte, cette invention de l’esprit qui se fond dans une pièce de théâtre m’a fasciné, presque terrorisé dans sa vérité, celle du songe de la vie.

Mais, encore, quel rapport avec un raccrochage intempestif ?

Je le dis enfin : je n’ai jamais vu la pièce. Ce qui est anodin et peut se concevoir, le texte étant disponible. Mais, ce que je n’ai pu avouer à l’interlocuteur, en raccrochant pour ne pas entamer une longue conversation et le désoler, c’est que je n’aime pas le théâtre, n’y vais jamais, que la dernière fois que j’y suis allé, il y a un siècle, invité, placé au premier rang, c’est pour, honteux, au bout d’un quart d’heure, partir subrepticement. Ce que je n’ai pu faire, le bruit du dossier se rabattant lorsque je me suis levé, presque à genoux, a fait un bruit fracassant qui a envahi la scène, suspendant la parole des acteurs et sidérant la salle, par cette outrecuidance. Je suis parti en courant, suis entré dans le premier café, essoufflé, pour commander, au bar, un verre de Crozes-Hermitage.

Je pourrais – ça serait la moindre des choses- expliquer pourquoi je n’aime pas le théâtre. Et ce alors que j’étais le premier des abonnés au théâtre municipal, dans la capitale de mon pays natal, à faire la queue pour jouir de Racine et Molière dans un fauteuil de velours rouge, dans des rangées vides.

Mais ici, la désuétude, comme à l’Opéra l’emportait. Je puis, simplement dire que les acteurs sur scène de théâtre me dérangent, qu’ils ne sont justement pas dans la désuétude et qu’ils jouent, comme le garçon de café de Sartre (mais, oui, vous connaissez ou allez voir en ligne), à jouer à être acteur et j’en suis gêné plus pour eux que pour moi.

Je me dois d’écrire plus longuement sur le sujet. Je le promets. Sans jouer à celui qui écrit.

Dance, dance, 1 et 2

DANCE, DANCE 1

A l’heure du confinement, il fallait bouger.

J’avais posté deux vidéos de montage “dance ” assez remarquables.

On ne trouvait plus et on m’a demandé de les remonter dans les “articles récents “, plus faciles à dénicher. Dans les archives, c’est le 30 mars 2020 que je les ai mis en ligne.

Regardez comment il faut bouger, en cliquant sur les liens titres ou sur les images : donc 2 vidéos. Sur “one drive”, qu’il n’est pas obligatoire de télécharger, malgré la demande insistante, si vous n’avez pas installé cette application.

La première plus haut.

La deuxième ci- dessous (clic sur image ou lien)

DANCE, DANCE 2

le chien et la fleur

Photo mb.

On sait, comme le rappelle Spinoza que le “concept de chien n’aboie pas” (voir par recherche, un billet sur ce thème)

L’dée nous catapulte dans l’image produite par le photographe.

Le photographe, celui qui n’est pas l’accumulateur d’images ni cadrées, ni pensées envoyés, toutes les minutes à ses amis de Facebook, cherche à abstraire la réalité, en trouvant son noeud, son centre.

Comme le mot, la photographie réussie est un concept inventé de la réalité laquelle, écrasée par l’image n’est donc plus elle même, simplement reproductible.

C’est la définition de l’art.

Chercher l’essence de la réalité devant notre objectif, en faire un mot imagé, un concept est le travail, on allait dire facilement “l’objectif” du photographe. Sans cette recherche du “centre” du concept de la réalité, la photographie n’est qu’une reproduction documentaire. Ce que les inventeurs de la photographie, concurrents des portraitistes soutenaient.

Il y parvient quelquefois.

Il y parvient encore mieux lorsque l’image ne correspond plus à ce qu’elle donne à voir, par le passage au noir et blanc, par exemple. Vaste sujet également effleuré dans ce site. Dans le noir et blanc, la réalité et transformée. Et si le travail est réussi, l’image devient ce concept éblouissant rempli de tous les mystères de la création.

La fleur en noir et blanc en tête de ce billet est presque réussie dans cette recherche.

Ce n’est plus une fleur, c’est son concept. Celui qui nous entraine dans la beauté pure, presque lemonde intelligible platonicien, qui se détache du monde sensible du vivant visible et donné à voir.

`

rothko, le choc

En lisant le titre, le lecteur imagine le dithyrambe à l’endroit de l’artiste nommé. Non, c’est juste un choc lorsque, dans un fauteuil, ouvrant un très gros livre qu’on vient de m’offrir, mon admiration du peintre étant assez connue, je me suis pris à penser que je ne l’aimais pas autant qu’avant. Je n’écris pas que je ne l’aime plus. Juste pas autant qu’avant. Alors presque toute la nuit, je me suis posé la question de comprendre le motif de cette baisse de degré dans l’admiration. Je n’ai pas trouvé la réponse. Juste, peut-être – mais je n’en suis pas sûr – qu’il est trop facile d’aimer Rothko, dans cette posture temporelle, dans cet écart daté et previsible, constitutif de l’affirmation d’une culture. Relisez : je ne dis pas qu’il est trop facile de le critiquer, ce que je crois vraiment. C’était donc un choc que de découvrir ce qui précède.

Bansky, rat-le-bol

Bansky. Qui ne le connait pas ?. Artiste adulé pour sa critique radicale libertaire, anticapitaliste, intervenant dans les lieux publics, les zoos, dénonçant tout, dont le système qui le fait vivre et se vendre; C’est un pseudo. on allait écrire un “pseudo-artiste”, de ceux qui nous donnent la leçon, comme beaucoup de contemporains. Mais des amis pourraient être choqués : l’art contemporain est contemporain.

Bon fabricant, néanmoins de trompe-l’œil et marrant interventionniste dans l’urbain Voir son traîneau de Père Noël arrimé à un banc (contre le mal-logement ou encore son diptyque dénonçant la pollution sur deux murs), Banksy a mis en scène les rongeurs en action avec ce qu’il avait sous la main.

Là, il est confiné et ne peut intervenir dans la rue. Ne lui reste que ses murs, sa salle de et bien sûr son compte Instagram, sur lequel il a publié sa dernière oeuvre : des rats qui envahisseurs de salle de bains.

Banksy a de l’humour et nous dit pour cette création de confinement : “Ma femme déteste quand je travaille depuis la maison.” 

Si vous dessinez dans votre cuisine des demi-pression ou des paillons bleus, vous n’aurez aucune chance de fait-re le buzz.

Il faut s’appeler Bansky.

C’est le secret de l’art contemporain. Mais on va pas se plaindre. Faut bien travailler, faut bien vivre. Télétravail de l’artiste…

Son “travail” ci-dessous :

l’art de l’esbroufe

 
 

Où il est question d’art contemporain. L’artiste Ad Reinhardt, connu pour ses Black Paintings, évidemment, comme tout artiste contemporains, donneur de leçons philosophiques pour adolescents de la banlieue de New-York disait  :

« Tout doit être irréductibilité, irreproductibilité, imperceptibilité. Rien ne doit être “utilisable”, “manipulable”, “vendable”, “marchandable”, “collectionnable” ou “saisissable”. »

Avant-garde de pacotille, discours creux et faussement rebelle, dans l’imitation sémantique d’un Rimbaud qui écrivait sans gloser. Bref du petit baudrillardisme (Baudrillard), du moyen situationnisme, un succédané de marxisme de bar du quartier latin en 1970.

L’art contemporain s’est souvent construit et fondé sur la propos de la petite rébellion, d’abord contre celle de l’esthétique (ce qui n’a rien à voir avec le figuratif)

Digestion. Je ne sais plus qui affirmait que nous vivons, en dans cette matière dans la digestion”. Celle qui suit la consommation. Ainsi, une production de produits digérables.

Et le discours sur l’art contemporain, anti-consommation, marcusien, nous donne, très exactement, le plus souvent à “digérer” des oeuvres indigestes. On se souvient de la “merde d’artiste” de Piero Manzoni.

En s’affirmant lui-même, dans une prétendue philosophie de l’existence qui nie plaisir et beauté (un canon traditionnel, mais une perception réelle), comme « indigeste » ; les artistes contemporains, souvent pour éviter la comparaison artistique et, surtout, une mise en cause de l’absence de maitrise de la technique, sont fiers de rendre leurs “oeuvres” indigestes, en se mettant, en réalité, en dehors du “regard”. Les “regardeurs” ne peuvent être que ceux dont l’intellectualité de la perception admet la mise au rancart du “beau” et la pose de l’intellectualité de l’acceptation du rien, du néant artistique qui devient “art”. Par ce vide esthétique. La non-beauté est art. Sûr.

“L’irregardable” devient donc une oeuvre par son “irregardabilité”.

Et pourtant. Oui, on peut se planter devant une oeuvre d’art contemporain et être happé par le “je-ne-sais-quoi” (Jankélévitch) qui vous retient et vous plaque dans l’art.

Alors ? Qu’est-ce que ce billet veut donner à entendre ou à lire ?

Juste une réponse à une amie que je n’avais eu au téléphone depuis un demi-siècle et qui me posait la question de savoir si je courais toujours les salles de vente à la recherche de l’oeuvre contemporaine essentielle (je lui ai répondu que non, c’était “terminé”), en ajoutant qu’elle en était, elle, revenue et préférait devant ses yeux des reproductions de Rembrandt. En posant encore la question de ce qui était selon moi “l’art contemporain”.

Je lui ai répondu : une oeuvre sans accompagnement du discours, comme celle du Greco, qui n’a pas besoin de mots pour la faire “digérer”. Et que ça pouvait arriver dans l’art contemporain. 

Dès que le discours sur l’oeuvre pointe son esbrouffe, (je l’écris ici avec deux f, les deux orthographes sont tolérées),  dans le discursif, elle se perd dans l’indigeste. Et, y en a marre des jeunes artistes qui se prennent pour Nietzsche, en montant une installation où se croisent un mouton et un ordinateur, pour nous faire comprendre les “ruptures de la modernité”

Je crois qu’elle était ravie de ma réponse qui la confortait dans ses convictions. C’est ce à quoi sert la conversation téléphonique.  La “discussion” est surannée.

Naohiro Maeda

J’ai, sur mon flipboard découvert ce photographe

Je ne sais encore si j’apprécie.

Je colle et je reviens demain. Après une nuit. Comme les sages.

L’ARTICLE COPIÉ

Série photographique « Blink » par l’artiste japonais Naohiro Maeda

Le photographe japonais Naohiro Maeda a révélé sa dernière série de photographies baptisée « Blink », un ensemble d’images juxtaposant des paysages à des éléments de bâtiments, explorant les émotions associées au déménagement.

Il y a quelques années, Naohiro Maeda a déménagé de Tokyo au Massachusetts, dans le nord-est des États-Unis, pour étudier la photographie. Cette expérience de vie sur un nouveau continent est un passage difficile qui suscite des émotions mitigées pour de nombreuses personnes. À certains moments, il y a de l’exaltation; se sentir embrassé par un lieu ou par un profond sentiment d’accomplissement personnel, à d’autres moments, il y a la solitude, associée à un sentiment d’isolement.

Depuis que j’ai déménagé dans le Massachusetts, la lumière et les couleurs de cet état, qui présentent des qualités différentes de celles de Tokyo, m’intriguent. La série est une méditation sur la similitude et l’altérité entre la patrie et un nouveau lieu de vie.

Le lien

http://www.journal-du-design.fr/art/serie-photographique-blink-par-lartiste-japonais-naohiro-maeda-122775/

D’autres images, anciennes, semble t-il…

Voyance des artistes ?

Peut-on, ici, encore, à nouveau, passer à un aveu ?

Je m’y autorise : j’avoue ne pas supporter le discours des artistes qui se croient “uniques“, en réalité qui se croient “artistes“…

Je ne provoque pas.

Surtout dans l’art contemporain, champ privilégié du discours de jeunes talentueux ou exécrables créateurs qui croient nous aider à comprendre le monde par la “voyance” extraordinaire, venue d’ailleurs, de leur geste, toujours enveloppé d’un charabia prétendument théorico-artististique assez risible, marmonné dans des micros tendus par des galeristes new-yorkais et endettés ou des critiques d’art en mal de notoriété.

Ils se voient voyants les artistes. Comme dirait Bergson qui affirmait que :

Il y a, en effet, depuis des siècles, des hommes dont la fonction est justement de voir et de nous faire voir ce que nous n’apercevons pas naturellement. Ce sont les artistes”

Le propos (comme beaucoup d’ailleurs dans ceux de Bergson) me semble assez idiot. Mais il est assez présent dans la doxa. Surtout lorsqu’il s’agit de musique, champ dans lequel l’assertion passe beaucoup mieux. En effet, lorsqu’il s’agit non pas de donner à voir mais de composer, dans la musique donc, elle semble moins énervante.

En effet, l’extraordinaire beauté d’une musique de Bach ou de Mozart fait sortir le mortel de ses gonds de la raison, jusqu’a le faire clamer que ces musiciens là n’ont pu que recueillir que ce qui est existe au-delà de la terre, la musique leur ayant été donnée pour être offerte aux humains, d’une sphère nécessairement déiste, sans d’ailleurs assimiler cet espace au cosmos ou à la nature, comme le ferait un vil matérialiste un peu panthéiste, lecteur rapide de Spinoza.

Et même si le moniste bon teint sourit un peu, il baisse les yeux, sans s’esclaffer.

Combien de fois ai-je entendu dans la bouche d’un athée qui se dit vrai, que s’il s’avérait qu’un jour (sûrement à la fin de sa vie) il pouvait imaginer que Dieu peut exister, c’est après l’écoute de sa “voix” dans celle de Bach ?

On croit avoir la réponse dans cette distinction et l’adhésion conséquente à la voyance nécessairement dans le champ du dualisme, entre l’artiste qui voit et celui qui compose. Elle est simple : tout le monde (sauf l’aveugle) voit et tout le monde n’est pas “solfègien ” ou compositeur.

Ainsi, sans paradoxe, le voyeur n’est pas un voyant…

Ici, on peut insérer la distinction entre “regardeur ” et “voyeur “. Au sens de Marcel Duchamp s’entend quand il affirmait du haut d’une intellectualité parfaitement maîtrisée que “ce sont les regardeurs qui font les tableaux “.

Mais je reviens vite à mon propos sur les artistes et leur “voyance”.

De l’escroquerie. Certes, on peut avoir ce qu’on appelle un “bon oeil” absolument pas surréaliste ou mystérieux dans sa survenance (juste un bon oeil, comme d’autres ont une bonne plume ou un don du bricolage). Certes, on peut avoir du talent dans le coup de pinceau ou l’imagination créatrice. Mais il ne faut pas confondre le don (qui n’est pas surnaturel mais résultant d’une histoire et d’un processus ancré dans une vie) ou encore le talent (qui au demeurent s’apprend souvent) avec la “voyance” de ces extra-terrestres que seraient les artistes.

Le sens de la beauté est chose assez partagée, sauf que certains ont pu le donner à voir ou à écouter.

Ce sont les artistes. Ils ne sont pas “voyants”.

Juste bourrés de talent qui ne vient ni d’ici, ni d’ailleurs.

On arrête ici, sauf à théoriser avec Burke par exemple, sur l’esthétique et transformer un billet d’humeur en théorie de l’Art.

P.S. A la relecture du lendemain, je considère qu’il fallait quand même ajouter que la beauté de l’œuvre d’art transporte dans une couche du monde qui se situe hors de la quotidienneté. Certains nomment cette sorte de nuage éthéré le sacré et les artistes seraient ses convoyeurs…On peut le dire comme ça. Ça ne mange aucun pain et ça peut faire du bien, l’extraction du lourd réel étant toujours bénéfique. C’est ici que les hommes se sont inventés de belles histoires. De celles qu’on raconte aux enfants pour les endormir.

Ça ne pose problème que si la violence (religieuse ou idéologique) s’en mêle. Le nazi qui écoute du Mozart ou Torquemada du Rodrigo…

Aveu

Je tombe en visitant le site du Métropolitan Museum of Art de New-York sur ce tableau de Paul Gauguin (“Deux femmes”).

Ce qui me permet de dire,encore, au risque d’une sévère réprimande quand je l’affirme (souvent) que je n’aime pas Gauguin. Ce qui, d’ailleurs, devrait vous indiffèrer. ..

PS. Avouez tout de même en regardant le tableau. Ce peintre est un enlaidisseur. Il est vrai que le laid peut atteindre le sublime et donc la beauté (Goya). Mais ici le laid côtoie le laid. J’espère que les deux femmes peintes (belles, j’en suis certain) lui ont envoyé son tableau à la figure.

Ce peintre est un imposteur de la modernité s’emparant de l’intellectualité du travestissement naïf.

le chêne et le tilleul

Discussion mythologique. Dans notre salle à manger, sur le mur de gauche, une toile, assez ancienne, dont nous ne connaissons pas l’auteur.

Elle représente Philémon et Beaucis. Curieusement, rares sont ceux qui connaissent l’histoire. Juste quelques souvenirs. Et, certainement, si je n’avais pas possédé ce tableau, j’aurais été comme beaucoup, dans les limbes de la mémoire écolière. Mais, à l’évidence, je ne peux être muet lorsque mes invités, devant notre tableau, posent la question…

Je connais dons, assez bien, l’histoire et la raconte toujours, je l’assure assez simplement, sans enjoliver.

Mais, il y a quelques jours, une lettrée, assez imbue de ses connaissances et désirant les donner à entendre et en découdre avec moi, je ne sais pourquoi, m’a repris lorsque, comme à mon habitude, et en réponse à une question d’un invité, j’ai très rapidement raconté l’histoire.

Je l’écris ici, et profite , pour ceux qui voudraient toucher légèrement les débuts de la vraie littérature, de se procurer Les Métamorphoses d’Ovide, là où nous est contée la belle histoire de Philémon et Beaucis.

Donc, deux dieux ( Zeus et Hermès chez les grecs, Jupiter et Mercure chez les romains), se déguisent en simples mortels et, comme l’écrit Ovide  « frappent à mille portes, demandant partout l’hospitalité ; et partout l’hospitalité leur est refusée. Une seule maison leur offre un asile ; c’était une cabane, humble assemblage de chaume et de roseaux. Là, Philémon et la pieuse Baucis, unis par un chaste hymen, ont vu s’écouler leurs plus beaux jours ; là, ils ont vieilli ensemble, supportant la pauvreté, et par leurs tendres soins, la rendant plus douce et plus légère1. »

Le vieux couple accueille chaleureusement les deux voyageurs et leur offre même leurs dernières victuailles, (des oies).

Les dieux sont comblés et veulent les récompenser. Ils leur intiment l’ordre de se rendre sur une montagne de laquelle, seuls survivants d’un déluge provoqué par Zeus, ils voient périr, sous leurs yeux, les habitants inhospitaliers de la vallée.

Puis, les dieux transforment leur cabane en temple. Philémon et Baucis leur demande une ultime faveur : être les gardiens du temple et ne jamais être séparés, y compris dans leur mort.

Souhait exaucé: ils vivent ainsi dans le temple jusqu’à leur ultime vieillesse et, à leur mort, ils sont changés en arbres qui mêlent leur feuillage, Philémon en chêne et Baucis en tilleul. 

L’histoire est belle, comme leur amour.

Les gorges sont sincèrement serrées lorsqu’on la raconte. C’est notre désir d’adulte, en marche.

Mais je reviens à l’intruse lettrée. Je finissais de raconter en ponctuant sur l’entrelacement des feuillages dans leur transformation en arbres, en précisant, juste pour l’amusement, que décidément, les arbres avaient partie liés avec l’histoire des hommes, tant il est vrai que pullulent actuellement d’innombrables articles, bouquins, essais sur la preuve de la communication des arbres entres eux. Ils se parlent, s’avertissent réciproquement des dangers. Bref, de vrais grands hommes verts vénérés par les grands et petits écologistes. 

Mais, il ne faut jamais rire avec ceux qui ne comprennent pas la vitalité de cet écart de soi.

Car, en effet, voilà la jeune dame (assez jolie au demeurant, malgré son désir agressif à mon endroit) partir dans un discours sur l’inutilité de l’humour lorsque la chose est sérieuse, ici la pérennité de la nature et l’amour des arbres qui sont, a-t-elle dit, nos “dieux plantés”; que par ailleurs, je m’étais trompé, que Beaucis avait été transformée en pommier (ce qui, selon elle n’était pas étranger à Eve et la genèse de notre Bible).

Google étant à portée de smartphone, j’ai pu démontrer que je m’étais pas trompé. En ajoutant, très calmement (c’était mon invitée) que j’aimais les arbres, dont j’avais fait dans ma maison de vrais amis, et que j’aimais aussi tenter de rire ou, du moins, de sourire…

A partir de cet instant, elle s’est approchée de moi, ne m’a plus quitté des yeux pendant toute la soirée et m’a même envoyé, dans la nuit, un message assez très gentil. Pour se faire pardonner.

Je lui ai pardonné sa mauvaise humeur qui a failli gâcher notre soirée. On ne peut pas toujours être de bonne humeur, ça serait lassant. Et, tous connaissent ma faiblesse : je pardonne toujours.

Je lui pardonne d’autant plus qu’elle m’a donné l’occasion d’écrire ici la merveilleuse histoire. Ce qui aura un bel effet lors de mon prochain diner, où j’aurais invité des personnes jamais venus et qui, s’ils lisent mes billets, pourront, immédiatement me demander où se trouve donc mon tableau. Ce qui nous mettra, tous, de bonne humeur.

Le tableau sur mon mur, je le reproduis ci-dessous.

Celui, en tête du billet est d’un peintre allemand (1600), Adam Elsheimer (très cher). Le mien est nettement plus beau. Jugez :

Aimez-vous Ren Hang ?

Actuellement, tous parlent de l’Expo de Ren Hang, photographe chinois, assez connu qui vient de disparaitre. Maison européenne de la photographie, à Paris.

Je colle quelques unes de ses oeuvres.

Aimez-vous ? 

Je ne commente pas.

Le nouveau Directeur de la Maison européenne de la photographie, à Paris le présente dans l’Express, dans ces termes:

“Il y a deux aspects fondamentaux dans l’oeuvre de Ren Hang : son extraordinaire talent pour la performance et la poésie qu’il insuffle dans le quotidien. Il vivait à Pékin dans un petit appartement ; c’est là, dans cet intérieur confiné, qu’il a photographié ses amis et modèles sur les toits des gratte-ciel, ou en extérieur nuit… Des images clandestines prises en vitesse pour ne pas se faire attraper par la police. Ces jeux interdits ont créé un langage visuel sur la liberté de la jeunesse, ses espérances, le sexe, la vie dans les mégalopoles. Les jeunes Chinois sont souvent considérés comme un bloc homogène, discipliné, travailleur, asexué, et, là, on assiste à une pure désobéissance et à une jouissance des corps. Dans un pays au régime autoritaire, on est plus vrai quand on joue !  

“Je ne programme rien. Mes idées surviennent quand je shoote?”, disait Ren Hang. Son oeuvre est instinctive, immédiate, réalisée avec des moyens dérisoires, c’est fascinant. Malgré la dépression dont il souffrait, son travail n’était pas autocentré. Au contraire, il essayait de donner quelque chose à ses contemporains, à la jeunesse, à ses proches. Ces images ne sont pas tristes ou désenchantées, elles sont extrêmement intelligentes, créatives, subtiles et d’une grande énergie, ce qui en fait l’un des photographes préférés des jeunes générations et artistes du monde entier. Pour moi, c’était vraiment un génie.” 

Je ne commente toujours pas…

REN HANG, LOVE. Jusqu’au 26 mai.