la confusion des phases (antisémitisme et antisionisme)

C’est un torrent de protestations qui déferle sur les ondes à la suite des actes antisémites, tags de croix de David et autres insultes de taille contre les juifs.
Vicissitude de l’antisémitisme, qui ne s’est jamais enfouie dans la prétendue modernité ou la mémoire du pire pourtant récent, gonflée à bloc, à l’air sale et gris,  dans les réseaux (les « zéros sociaux » dit désormais un ami). 
 
Il est parfaitement repérable, ce trouble obsessionnel. 
 
D’abord dans l’islamisme. Puis « en même temps » dans l’extrême gauche islamo-wokiste. Celle, qui, traditionnellement, avec Marx, anti-juive (une « question juive » du Grand Capital) épouse, paradoxalement, une cause (l’islam meurtri, nouveau prolétaire) dont l’objectif est antinomique des valeurs qu’’ils prônent (le wokisme).
 
Ce paradoxe peut, en vérité, s’expliquer : dans les deux champs de pensée ou d’action, l’universel est effacé au profit soit d’un ordre théologique (la charia), soit d’un braillement décolonial qui fait l’apologie de la destruction de l’occident judéo-chrétien blanc (le juif est un nouveau blanc de ce « genre »), cause de tous les malheurs des hommes, origine de l’oppression historique, créateur diabolique de la Bande de Gaza.
 
On a cependant le sentiment, lorsqu’on écoute le discours télévisuel en boucle, installé sur les chaines d’information continue, qu’il s’agit là de piailleries qui sonnent comme des récriminations de circonstance, convenues.  Expressions du prêt-à-parler, dans tous les sens de l’expression, les intervenants s’essayant, souvent avec succès, en se clamant philosémites, à la brillance du discours, lequel, bien-sûr, n’omet jamais, « en même-temps », l’affirmation de la souffrance (réelle) de Gaza.
 
Ailleurs, la « rue juive » dit avoir peur et les mégaoctets de messages, vidéos sur les « réseaux », des milliards de fois transférés, envahissent tous les univers, la peau des pouces ou des index usés par les clics compulsifs sur le logo de WhatsApp, dont le même ami, en verve, a osé comparer le vert à celui de l’emblème palestinien.
 
Balivernes, billevesées que ces prises de parole qui omettent l’essentiel, qui ne clament pas la vérité, étouffée par le bruit, sans fureur, d’un cri vain, braillard inutile. Et craintif.
 
Le musulman de l’histoire n’aimait pas les juifs, leur concédant cependant, peuple monothéiste parmi les trois religions du Livre, le statut de dhimmi (une prétendue protection dans la ségrégation, sur leur sol).
 
Les musulmans « modernes », eux les constituent, plus simplement, comme « juifs », ennemis coraniques à abattre.
 
Tous le savent, mais sans le répéter pourtant à l’envi : les musulmans, dans leur majorité, qu’il s’agisse des individus et des États, n’ont que faire de leurs frères palestiniens qui ne sont que prétexte et camouflage grossier. 
 
Le seul objectif est la destruction des juifs. Le Hamas, sans hypocrisie, l’a inscrit dans sa Charte : la destruction des juifs qui se confondent, là-bas, sans ambages, avec Israël.
 
Même la litanie sur le « une terre, deux peuples » qui est au demeurent un mensonge historique et politique, n’est qu’un faux-semblant, un paravent de langage final. Car c’est le juif qu’on veut abattre, avec d’abord la complicité de la gauche, idiote utile. Avec l’autre complicité essentielle, celle des musulmans prétendument victimes de « l’amalgame », assurément présents, républicains, pratiquant simplement leur religion, comme un chrétien, un juif. Mais muets et donc imaginaires.
L’on se demande où ils se terrent, pour ne pas dénoncer la logique islamiste qui peut être, ontologiquement, dans la fibre du Texte, celle de l’islam mais qui peut, comme l’a fait la chrétienté, première religion, dans le temps de l’horreur qui ne se limite pas à celui de Torquemada, se réformer pour mettre fin au pogrom historique.
 
Il faut donc le dire et encore le dire : l’antisémitisme charrie l’antisionisme. Ce n’est pas l’antisionisme qui est une « forme d’antisémitisme » (la locution convenue). Le renversement des mots n’est pas fortuit :  l’antisémite ne supporte pas Israël. Ce n’est pas le comportement de tel ou tel gouvernement d’Israël (encore un prétexte, un paravent) qui provoque la rage du cri de la « rue antisémite », une rue en minorité occidentale, mais bien la haine du juif.
 
Dès lors, il faut sans cesse rappeler aux chroniqueurs, aux bien-pensants, aux philosophes de service que la guerre actuelle n’est aucunement une guerre de territoire ou de colonialisme ou de l’on ne sait quel succédané d’une géopolitique qu’il faut analyser. 
C’est une guerre contre les juifs. Et que, déjà, en assimilant Israël et juifs, les terroristes et leurs complices (la masse, y compris de gauche dans les rues) détruisent l’État d’Israël, en le ramenant, non pas à un territoire reconnu en 1949 par le monde, mais à des « juifs ». L’antisémitisme n’est pas autre chose.
 
L’effacement du nom de l’État, auquel on substitue « le juif », en accomplissant l’acte antisémite, est sa première destruction.
 
Les questions légitimes et complexes des bombardements, des otages, de la bande de Gaza, du gouvernement, des erreurs, des colons israéliens, de l’Occident, de la modernité, de l’espoir à donner aux palestiniens, de la solution à deux États, rejetée par les arabes et adulée, sûrement à juste « raison », par l’Occident, l’arrêt des colonisations, le passage de l’émotion à la raison, du cri à l’analyse peuvent faire oublier l’essentiel qui est la volonté délibérée d’une nouvelle extermination des juifs.
 
Dans un premier temps récent, les juifs ont, à nouveau, été détruits, par millions, par la barbarie nazie et ce peuple n’a (encore) survécu que par une résilience assez inouïe, presque mystérieuse. 
 
Ils ont aujourd’hui Israël, que l’on veut détruire, en détruisant les juifs.
 
C’est Imre Kertész, immense écrivain, rescapé des camps, Prix Nobel de littérature, qui avait le mot exact lorsqu’il écrivait : « Quand Israël sera détruit, viendra le tour des autres juifs » (L’ultime auberge. Editons Actes Sud).
 
Il aurait pu, aujourd’hui, affirmer qu’il n’y a plus de « tour » : les phases se confondent. 
 
MB.

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