Une mise au point est nécessaire. Et ce même si personne ou presque ne vient s’ennuyer ou s’aventurer sur mon minuscule site dont je ne donne l’adresse à absolument personne. Je ne le veux pas.
Ce site (je hais le mot blog, pour mille motifs) est un peu ma mémoire des instants, des secondes pendant lesquelles j’écris ce qui me vient, ma mémoire des temps, des périodes, des ruptures, des embellissements, des exacerbations.
A vrai dire, je suis presque son seul lecteur et m’amuse et jouis du souvenir du temps où l’écrit a pu s’inscrire. Un peu comme petits cailloux sur un chemin et qu’on retrouve pour un retour.
Une sorte de journal d’humeur à lecteur unique, celui qui la génère.
Mais certainement pas un journal où l’intimité l’emporte sur l’air profond et léger qui tourne autour de nous, de moi. C’est ailleurs que je m’institue en sujet.
A la relecture ce soir, j’ai pu,cependant, constater une infime déviation, sur une discussion, un rêve, une chanson, mes soirées…
J’ai failli donc supprimer mais me suis ravisé. En effet, rien d’intime, juste un placement personnel qui permet de chercher un centre (le Flamenco, l’amour, la chanson, une histoire vraie, le romantica). Rien de moi. Juste du centre. Ce que je tente.
Je voulais le dire, à vrai dire à moi qui suis, je le répète, mon seul lecteur.
Sûr. Aucun commentaire sur mes pérégrinations dans la case prévue à cet effet.
Si, par hasard un lecteur chope ce site, il saura donc qu’il ne s’agit que de bribes que je ramasse plus tard, en m’étonnant de cette humeur ou cette incursion éphémère. En m’instituant “autre”. Quelquefois, je suis sérieux sur des sujets sérieux. Ce qui me permet de retrouver un texte.
Pour démontrer ce qui précède, je colle un extrait d’un bouquin que je ne lâche pas depuis quelques heures.
Je saurai, dans une relecture donc que ce soir (Kippour) j’étais dans cet état joyeux, d’une lecture jouissive, et que, peut-être demain, je le rangerai loin de moi, dans une humeur maussade. Mais ça je l’ecrirai ailleurs…
“La femme aux miracles
J’ai longtemps laissé croire que ma mère était encore en vie. Je m’évertue désormais à rétablir la vérité dans l’espoir de me départir de ce mensonge qui ne m’aura permis jusqu’alors que d’atermoyer le deuil. J’ai encore sur le visage la cicatrice de cette disparition, et même s’il m’arrive de l’enduire d’une couche de joie factice, elle remonte à la surface lorsque s’interrompt soudain mon grand éclat de rire et que surgit dans mes pensées la silhouette de cette femme que je n’ai pas vue vieillir, que je n’ai pas vue mourir et qui, dans mes rêves les plus tourmentés, me tourne le dos et me dissimule ses larmes. Dans n’importe quelle contrée où je me retrouve, pour peu que j’entende un chat miauler dans la nuit ou un concert d’aboiements de chiens en rut, je lève la tête vers le ciel et repense à une des légendes de mon enfance, celle de la vieille femme que nous croyions apercevoir à l’intérieur de la lune et qui portait une hotte bien chargée sur la tête. Nous autres gamins ne la désignions que du bout du nez en élevant légèrement le menton, persuadés qu’il ne fallait en aucun cas la pointer du doigt ou émettre le moindre son au risque de se réveiller le lendemain frappés de surdité, de cécité, voire de l’éléphantiasis ou de la lèpre lépromateuse. Nous étions toutefois conscients que la femme aux miracles n’en voulait pas aux enfants et que ces maladies redoutables qu’elle pouvait infliger aux épieurs étaient des sanctions destinées aux adultes qui essayaient d’apercevoir sa nudité lorsqu’elle se baignerait là-haut dans sa rivière de nuages.”