L’arc et les flèches

Missak Manouchian

La panthéonisation de Manouchian aurait été “souillée” par la présence du R.N. C’est Télérama, qui le dit. Cette revue devient hargneuse et adolescente et ferait mieux de (bien) critiquer les oeuvres culturelles ou télévisuelles plutôt que de lancer sa hargne à tous vents en tentant d’imiter, dans sa posture désormais mélenchoniste ou presque, son grand frère du même Groupe de presse (“Le Monde”). On rappelle que ce “Groupe ” est composé de l’Obs, de Télérama, du Monde diplomatique, de Huffington Post, Courrier International et de la Vie catholique, ce dernier journal étant le plus lisible, le plus respectable, le moins ancré dans le wokobobisme.

C’est vraiment dommage. Le Monde était notre journal qu’on s’empressait d’acheter au kiosque, à exactement 13:10, celui de la Place de la Sorbonne. Nous étions, par ailleurs, fiers de Télérama qui tranchait avec les Télé 7 jours et autres Télépoche.

Ces deux organes de presse, à notre grand désespoir, sont donc devenus des antisionémites, donneurs de leçon “genrée”, en troquant leurs cravates et leur nuque raide contre des tee-shirts sales, cou baissé pour masquer des yeux spécieux.

Sans le RN et Cnews, leurs proies qui ne veulent être abattues, ces deux journaux ne sauraient quoi écrire.

Ils sont tous les deux excellents dès qu’il s’agit de culture du fait, en principe, de sa fonction unificatrice. Cependant, là encore, l’idéologie criarde (il y a toujours de l’idéologie dans la culture, mais elle s’estompe et ne devrait être criarde) est de mise. Telle pièce de théâtre est trop filiforme et “blanche”, telle série est trop masculine, tel film ne revient pas assez sur l’emprise mâle et coloniale.

Dommage encore, car c’est là qu’on vient lire les critiques de films et de séries et pas ailleurs, peut-être un peu dans le Figaro qui devient neutre et n’insulte pas le blanc.

On revient à Manouchian. C’est donc dans cette ambiance délétère que notre chef d’Etat s’est invité au Parti Communiste dont Manouchian était un adhérent, en considérant, qu’eu égard à leur passé, le RN aurait été bien “inspiré” de ne pas assister à la cérémonie du Panthéon.

Encore le RN, encore la désunion, encore l’adolescence.

Cette posture est démoniaque,  extraordinaire pour un  Chef d’Etat.. On ne peut exclure dans un hommage national 40% de la population française, dont les dirigeants n’étaient pas nés à l’époque du nazisme. Même J.M Le Pen n’avait que 16 ans.

Le chef de l’Etat est désormais “téleramé” et le groupe de presse qui caressait les cuisses de l’autre Jupiter (Melenchon le fou) commence à l’épargner, la gauche mélenchoniste devenant infréquentable, pour les lecteurs des  beaux quartiers ou ceux de lagauche historique. Elle devient, au surplus, composée, pour partie grandissante, d’une population immigrée de troisième génération qui ne lit ni le Monde, ni Télérama.

La hargne de ce groupe de presse, donneur de leçons catholico -wokistes est consternante. Le Conseil d’Etat devrait demander à un organisme de les calmer, notamment dans leur antisémitisme larvé, sous la toile de l’antisionisme, mâtiné de “bobowok”.

A vrai dire le vrai sujet, s’agissant de Manouchian se situe dans l’emprise du parti qui se l’arroge et que le  chef de l’Etat va visiter pour un “grand entretien” : le Parti communiste.

Sans vouloir dénigrer, entrer dans la même hargne, on se doit de rappeler que les communistes ont deux casques de guerre, deux casquettes populaires : parti des 75000 fusillés dit-on d’une part mais parti collabo jusqu’en 1941 d’autre part, leur patrie idéologique (l’URSS) ayant pendant une certaine période, jusqu’en 1941, pactisé avec Hitler (le pacte germano-soviétique)

Ils ont donc évité de froisser le cocontractant de l’Allemagne nazie en entrant en résistance, au garde-à-vous devant la mère soviétique qui avait enfanté le petit père des peuples (Staline)

Certes, le PCF n’a pas collaboré. «Le PCF a été prisonnier du pacte germano-soviétique. Il s’est donc abstenu de résister contre les Allemands jusqu’au printemps 1941», mais cela ne signifie pas qu’il a collaboré, en se mettant par exemple au service du Reich, explique Olivier Wieviorka, historien spécialiste de la Seconde Guerre mondiale.

Il faut donc éviter l’insulte. Il ne faut cependant pas pérorer du côté du siège du Parti, s’agissant de Manouchian “français de préférence”

Tout ceci n’autorise pas, en tous cas à diviser une nation, à vilipender un parti (le RN) dont les ancêtres idéologiques ont peut-être accompagné le nazisme, avant qu’il ne se crée, ancêtres qui n’ont rien à envier dans l’ignominie à ceux du Parti communiste d’URSS, le plus grand assassin de population de tous les temps, dépassant le meme Parti chinois dans sa révolution culturelle et les khmers rouges.

L’Humanité devrait faire preuve de modestie dans la leçon.

Il faudra bien, en réalité , q’un jour, la colère, la hargne,l’insulte, le mépris s’éloignent du politique.

Notre chef d’Etat vient d’effacer des millions d’électeurs de la population française, au grand bonheur de petits journalistes et de communistes assez peu représentatifs.

Dommage, encore.

PS. Je n’ai absolument aucun lien avec le RN, parti comme un autre avec ses tics et ses tocs. Je défends simplement “l’arc démocratique”. La France a un seul peuple d’électeurs.

Le travestissement de l’histoire et la soupe wokobobo nous entraînent dans la vilaine idiotie.

Fils de …

Extrait du Monde daté du 22 février

Soit ils sont d’accord pour rigoler dans la recré, sans dommages, soit on commence à avoir peur pour nos enfants devant des trublions, les 3 en campagne.

Biden à donc traité Poutine de “son of bitch” (fils de pute) et ” salaud cinglé”.

Poutine, lui, envoie le signal et pérore aux commandes d’un bombardier Tupolev nucléaire dernier cri…

Et Macron,dernier petit scout en guerre, change lui aussi de posture pour se caler dans l’insulte et l’embrassade ukrainienne assez chère. Insultant aussi Poutine.

Il faut siffler la fin.

Qui pour le faire ?

Sûrement pas les journalistes qui s’en donnent à cœur joie et attisent les braises,  sous prétexte de morale, relative pour d’autres pays.

Il devient évident que ces dirigeants finiront par se déséquilibrer dans leur jeux, leurs joutes. Et tomberont de haut sur nous tous.

Makogonov

LCI, La chaine d’information du groupe TF1 est assez remarquable par la qualité de ses animateurs et de ses émissions. Elle est devenue, en réalité une chaine se concentrant, assez obsessionnellement sur la géopolitique et devrait changer de nom.

Lorsque l’on atterrit sur la chaine, il est très rare de ne pas tomber sur un débat, un sujet sur l’Ukraine et la Russie. Et, évidemment, en ce moment sur Navalny, opposant russe, mort dans une colonie pénitentiaire après avoir été condamné à 19 ans de prison pour délit de contestation et d’opinion.

Évidemment, sa ligne éditoriale est assurément européenne, antirusse, ce qui, en soi, n’est pas choquant en Europe occidentale mais qui peut inquiéter tant la critique confine quelquefois à l’éructation et la compulsion.

Puis, on l’avoue, on est assez dubitatif sur les reportages et les images qui nous sont données en boucle sur les centaines, peut-être les dizaines de manifestants qui viennent poser des fleurs en l’hommage de Navalny ou qui par milliers ici peuvent manifester contre la guerre en Ukraine. On n’est pas certain de l’image. Et la chose est plus complexe, s’agissant d’opposition en Russie. Justement, du fait du régime.

Par ailleurs, on l’a écrit dans un autre billet, l’invasion russe est inacceptable mais ce n’est pas une raison pour en faire un Sarajevo, déclencheur de guerre et génératrice de période de peur potentiellement nucléaire. La raison doit être convoquée.

Ce soir, très attentivement, j’ai regardé l’émission « un œil sur le monde » animée par Amélie Carrouër, excellente, dont on ne possède pas les mots pour vanter l’intelligence et la justesse d’analyse.

Elle recevait Alexander Makogonov, jeune diplomate, porte-parole de l’Ambassade russe à Paris. Il était bien sûr question de l’Ukraine et de Navalny.

Elle était dans une pugnacité rare, sans lâcher le morceau, comme on disait, mais dans la maitrise certaine du sujet.

On est assez fier de l’existence de telles journalistes qui nous réconcilie avec l’intelligence.

Mais, on l’avoue, ce diplomate russe, Alexander Bakogonov donc, qui aurait pu s’énerver, a répondu en provoquant l’admiration. Poussé dans ses retranchements, il ne s’est jamais enterré. Et pourtant défendre la Russie contre mille articles par jour qui l’assassinent, est assez difficile.

On ne peut que rendre hommage à sa résistance et son talent. On ne veut entrer dans le fond des débats ici. Juste souligner les talents. De tous bords.

Alexander Makogonov

3 récits à la une, l’indécence de l’Humanité.

Le titre de L’Humanité interpelle : ” des gazouis” détenus ?

On lit : il s’agit de 3 gazaouis emprisonnés et relâchés après 15, 45 ou 6 jours qui n’auraient pas été bien traités mais libres, qui témoignent, sans preuves,  3 journalistes palestiniens recueillant leur propos.

La Une et l’article sont indécents.  L’Humanité devient un journal indécent. C’est sa liberté. Sauf qu’elle attise, insidieusement, les haines.

Les 3 gazaouis sont libres et vivants. Ce n’est pas le cas des 1234  assassinés le 7 octobre et des 136 otages qui ne peuvent “raconter leur enfer”…

la raison perdue de l’Occident

Il ne s’agit pas, ici, de clamer, dans la mouvance de Vian ou Brassens, l’horreur de la guerre. Ces mots, adolescents, presque primaires, sont trop faciles, inutiles.

Cependant, les discours d’Emmanuel Macron, de Joe Biden, des petites élites européennes, les va-t-en guerre de service, confortés par la ligne éditoriale des chaines d’informations, dont LCI, la meilleure d’entre toutes, font peur.

Tout se passe comme si, en attendant la guerre totale, on alimente sa survenance rapide.

Nul ne peut nier l’ignominie, l’inacceptabilité de l’invasion russe, le retour au stalinisme de la Russie, dominée par un homme dangereux.

Cependant, n’existe-t-il pas d’autre solution que la hargne verbale, même justifiée, à l’égard d’un homme atteint par la déraison et un pays qui cherche sa fierté ?

D’où parle donc l’Occident qui se doit d’enlacer, pour l’avoir inventée, la raison, contre ceux qui la malmènent ?

En 1914 à Sarajevo, un jeune nationaliste serbe de Bosnie assassinait François-Ferdinand d’Autriche, ce qui provoquait la Première Guerre mondiale.

L’Ukraine ne doit pas devenir Sarajevo, même s’il faut trouver les moyens de rétablir sa souveraineté. Je ne sais comment, persuadé que des milliards d’euros ou de dollars ne peuvent y contribuer. La Russie ne peut perdre cette guerre et si elle la perdait, la furie se retournerait,  fatale, contre le monde global.

L’Europe, au sortir de la schizoidie hitlérienne, s’est construite contre tous, dans la rationalité, contre la guerre de ses peuples.

On ne combat pas la folie par la violence des mots, par des actes qui entrent dans sa logique. On sait qu’elle n’attend que ça, cette folie, pour devenir encore plus folle.

Il doit y avoir, certainement, autre chose à tenter dans le champ de la raison. Certainement. Je ne sais quoi, mais j’en suis persuadé.

J’y reviendrai.

Ces paroles et ces milliards sonnent faux.

Il ne faut pas nous placer dans la défaite. Mais celle de la raison est inconcevable.

LFI en Septembre noir.

Il faut dire.

Le 5 septembre 1972, onze athlètes israéliens sont pris en otage, pendant les JO de Munich, par un commando palestinien (se nommant « Septembre noir ») et finissent assassinés.

Le 9 février 2024, Le coordinateur politique de la France insoumise, Manuel Bompard, a défendu l’idée que les athlètes israéliens concourent sous « bannière neutre » aux Jeux Olympiques de Paris, pour sanctionner “les bombardements de l’armée israélienne contre les populations civiles au sud de Gaza”, qualifiés de “nettoyage ethnique ». Ajoutant que « s’il faut sanctionner les athlètes, puisqu’on l’a fait pour la Russie, faisons-le”, par référence à l’invasion de l’Ukraine par la Russie il y a deux ans.

Quand il s’agit d’Israël, LFI éructe de haine antisémite pour conforter son électorat, D’abord celui issu de l’immigration musulmane dont 43% considèrent que le Hamas est un mouvement “résistant”. Puis les autres, paradoxalement dans le même espace, antisémites, athées de gauche, dans la lignée des marxistes et socialistes millénaires, lesquels, depuis leur émergence communarde, voient, dans le juif, la Banque qui extorque les peuples.

Le juif fédère LFI.

Ainsi, dès qu’il s’agit d’athlètes israéliens, les mêmes, par automatisme, sans que l’on ne tombe dans un freudisme primaire pourtant interpellé, souhaitent une nouvelle mort de nouveaux athlètes.

Pour LFI, l’Etat d’Israël doit être effacé de la terre et l’athlète israélien doit être mort. Ou neutralisé, ce qui revient au même.

Ce parti est psychotique.

PS. Je m’étais interdit les billets politiquement violents.  Mais là, c’est trop…

MB.

accusation de génocide, un texte de Georges Bensoussan

De quoi l’accusation de génocide portée contre Israël est-elle le nom ?

Pour l’historien Georges Bensoussan, la récente décision de la Cour internationale de justice contre Israël découle d’un usage militant de l’Histoire.

LE POINT. Par Georges BensoussanPublié le 26/01/2024 à 16h37, mis à jour le 26/01/2024 à 18h34

La Cour internationale de justice à La Haye, le 11 janvier 2024.
La Cour internationale de justice à La Haye, le 11 janvier 2024. © ANP / ANP/ABACA

L’accusation de génocide porté contre Israël n’est pas nouvelle. Le schéma est connu de longue date. « L’antisionisme est une introuvable aubaine, écrivait déjà Jankélévitch en 1971, car il nous donne la permission et même le droit et même le devoir d’être antisémite au nom de la démocratie ! L’antisionisme est l’antisémitisme justifié, mis enfin à la portée de tous. Il est la permission d’être démocratiquement antisémite. Et si les Juifs étaient eux-mêmes des nazis ? Ce serait merveilleux. Il ne serait plus nécessaire de les plaindre ; ils auraient mérité leur sort. »

Les Juifs, des nazis ? Nous y sommes. Ce faisant, le crime réel des nazis disparaît derrière la guerre que mène l’armée israélienne contre le Hamas à Gaza. L’idée fait son chemin depuis un certain nombre d’années. Au cours d’une manifestation pour Gaza en janvier 2009, l’écrivain antisémite Alain Soral déclarait : « Nous, résistants français d’Égalité et Réconciliation, voulons par notre présence ici saluer l’héroïque résistance du ghetto de Gaza comme nous aurions salué il y a soixante ans, au nom des mêmes valeurs, l’héroïque résistance du ghetto de Varsovie. » En 2023, l’historien libanais Gilbert Achcar use de la même comparaison pour évoquer l’action du Hamas le 7 octobre : « La dernière contre-offensive de Gaza fait plutôt penser au soulèvement du ghetto de Varsovie en 1943. »

Accuser aujourd’hui l’État d’Israël de pratiquer un génocide à Gaza – Israël doit tout faire pour « empêcher la commission de tous actes entrant dans le champ d’application » de la Convention sur le génocide, a déclaré vendredi 26 janvier la Cour internationale de justice (CIJ), qui siège à La Haye, sans évoquer pour autant un cessez-le-feu –, lequel reproduirait point par point la Nakba dépeinte en pendant arabo-palestinienne de la Shoah, permet d’abord d’éluder la collusion du mufti de Jérusalem avec les nazis qui loin d’être réductible à une « dérive personnelle » (sic) comme on le lit parfois, s’inscrivit au contraire au diapason d’une grande partie du nationalisme arabe, à l’image de l’Irak (où il trouva refuge en 1939) où prospéraient les mouvements de jeunesse Al-Futuwwa et Kataëb Al-Shabab profondément réceptifs à la propagande nazie.

à lire aussi Guerre Hamas-Israël : les racines islamo-nazies de l’organisation terroristeCertes, le passé nazi d’Amin al-Husseini pèse lourd dans le passif de ce combat national-là, c’est pourquoi certains vont s’efforcer de présenter son exil à Berlin comme la conséquence des mesures de rétorsion prises contre lui par les Britanniques depuis 1937, avec pour sous-entendu qu’ils l’auraient poussé dans les bras du Troisième Reich. Comme s’il ne s’était tourné vers les nazis qu’à partir de son exil forcé en 1937 alors que c’est dès le 31 mars 1933 qu’il avait secrètement rendu visite au consul allemand de Jérusalem, Heinrich Wolff : « Les musulmans à l’intérieur de la Palestine, lui déclare-t-il, accueillent favorablement le nouveau régime et souhaitent que le leadership fasciste antidémocratique se propage. » Et de lui proposer une politique de collaboration à laquelle Berlin ne donnera suite que quatre ans plus tard en lui offrant même à partir de novembre 1941 et jusqu’à la chute du Reich en avril 1945, un asile de luxe à Berlin, avec pour lui et sa suite d’une cinquantaine de personnes 50 000 reichsmarks mensuels prélevés en général sur les biens juifs spoliés. C’est aussi à partir de Berlin que le mufti de Jérusalem joue un rôle actif sur Radio Zeesen, l’émetteur allemand à ondes courtes capté dans tout le bassin méditerranéen et jusqu’au Proche-Orient, Iran compris comme lorsque ce 1er mars 1944 il déclare, entre cent autres messages du même acabit : « Tuez les Juifs où que vous les trouviez, pour l’amour de Dieu, de l’Histoire et de la religion ! » C’est à partir de Berlin aussi qu’il joue un rôle actif pour empêcher le sauvetage des Juifs, en particulier des enfants juifs qui pouvaient être envoyés en Palestine contre des prisonniers allemands. La collaboration avec le Reich nazi ne relève pas d’un « naufrage personnel », ce naufrage fut celui d’une grande partie de la Palestine arabe où le mufti de Jérusalem demeurait extrêmement populaire en 1945. À cet égard, les ambassadeurs français au Caire en 1944-1946 préviennent le Quai d’Orsay et le gouvernement français que la personne du « grand mufti de Jérusalem » est très populaire dans le monde arabe. C’est cette popularité qui explique que la France, embarrassée par ses possessions coloniales au Maghreb et ses intérêts généraux dans le monde arabe, voit en lui un prisonnier bien encombrant. De là, la pseudo-évasion d’Amin al-Husseini vers l’Égypte, en mai 1946.

La « bataille des routes » de 1948

S’il s’agit d’évoquer l’expulsion d’une partie de la population palestinienne par les Israéliens (la Nakba), il faut être complet sur le sujet. Et commencer par expliquer qu’en mars 1948, en Palestine, les Juifs sont en train de perdre la « bataille des routes ». Car le peuplement juif, discontinu, est un peuplement en archipel dont les communications sont le point faible, en particulier l’axe qui relie Tel-Aviv, la plus grande ville juive de Palestine (200 000 habitants, un tiers de la population juive du pays) à Jérusalem, la deuxième grande communauté juive (100 000 habitants). La route qui mène à Jérusalem s’élève jusqu’à 800 mètres d’altitude, égrenant tout au long de son parcours, sur les hauteurs des villages arabes qui depuis plusieurs mois bloquent les communications sur cet axe comme sur d’autres. L’« archipel juif » est peu à peu étranglé. En mars 1948, les convois de ravitaillement tombent les uns après les autres dans des embuscades qui ne laissent aucun survivant : il n’y a pas de prisonniers, tous les membres des convois, enfants compris, sont tués. Fin mars 1948, la Palestine juive est sur le point de perdre la guerre. En particulier dans la Jérusalem juive assoiffée et affamée par le siège.

C’est dans ce contexte qu’à partir du 1er avril 1948, avec le « plan Dalet », source d’innombrables fantasmes jusqu’aujourd’hui, les troupes juives passent à l’offensive et expulsent une partie de la population arabe des « villes mixtes », Tibériade, Safed, Saint-Jean-d’Acre et Jaffa, des villes qui ont gardé la mémoire des épisodes de massacres de leur population juive. À l’instar de Safed en Galilée, meurtrie par les tueries de 1834, de 1838 et de 1929, et de Jérusalem en 1920 et en 1929. Dans tous ces cas, l’expulsion menée par les troupes juives fut une mesure préventive destinée à empêcher un massacre qui, plus encore qu’autrefois, ne manquerait pas de se produire au moindre signe de faiblesse. Une légende noire entoure le « plan Dalet » qui veut y voir un plan d’expulsion générale de la population palestinienne. Or, les historiens, même les plus critiques à l’endroit du sionisme, admettent aujourd’hui que le « plan Dalet » n’avait rien d’un « plan secret » ni d’un plan d’expulsion systématique. Sa lecture de la population arabe. Un pseudo « plan secret » distribué à des centaines d’unités combattantes et tellement « secret » qu’il est en libre consultation dans tous les centres d’archives d’Israël et qu’on peut le lire in extenso dans plusieurs ouvrages d’histoire. À commencer par ceux de l’historien israélien Benny Morris.

La lecture du « plan Dalet » permet de comprendre à quel enjeu il répondait, celui d’un risque, au mieux d’une « purification ethnique » dirigée contre les Juifs de Palestine, au pire d’un massacre général comme le laissaient présager tous les engagements armés depuis début décembre 1947, d’une extermination. Le discours arabe, radiodiffusé ou écrit, ne laissait à cet égard aucun doute aux 600 000 Juifs du Foyer national qui savaient d’expérience qu’ils pouvaient en effet craindre le pire. Cette crainte relevait-elle du fantasme ? Ce n’est pas ce dont témoignait, notamment, l’écrivain Amos Oz, par ailleurs une des grandes figures du « camp de la paix » en Israël dans : « Toutes les localités juives tombées entre les mains arabes au cours de la guerre d’indépendance furent sans exception rayées de la carte […]. Dans les territoires conquis, les Arabes procédèrent à une purification ethnique bien plus radicale que celle que les Juifs pratiquèrent au même moment. […] Sur la rive occidentale du Jourdain et dans la bande de Gaza […], il n’y avait plus un seul Juif. Leurs villages avaient été anéantis, les synagogues et les cimetières détruits. »

Le « plan Dalet » rompt brutalement avec la stratégie jusque-là strictement défensive du Yishouv pour passer à l’offensive en expulsant la population des villages arabes hostiles que les militaires juifs ne veulent pas laisser derrière leurs lignes comme des poches de populations qui constitueraient demain une « cinquième colonne ». C’est-à-dire, selon eux, une menace d’extermination venue du cœur même de leur territoire.

à lire aussi Gaza, ferveur et cynisme arabesLe « plan Dalet » vise également à expulser la population des villages qui bloquent les axes de communication, en particulier l’axe Tel-Aviv-Jérusalem, un blocus des routes qui conduit le Foyer national juif à la défaite. Il vise à sauver l’État juif en formation d’une défaite qui se profile fin mars 1948. C’est la réponse à la volonté arabe, et pas seulement palestinienne, d’en finir avec cet embryon d’État juif, qui refuse l’antique statut de « minorité protégée » avec tous les risques de massacre que cela impliquait. In fine, le « plan Dalet » fut si peu un plan d’expulsion systématique qu’aujourd’hui les Arabes constituent 21 % de la population de l’État d’Israël. Plus de 2 millions de ses citoyens. Ce plan, objet de toutes les rumeurs, entendait répondre à des considérations stratégiques de survie. L’État-major israélien comme le pouvoir civil était convaincu, expérience à l’appui, que, en cas de victoire, les troupes arabes eurent procédé à un massacre d’ampleur.

La peur fait fuir

Enfin, les récits militants semblent ignorer cette réalité inhérente à tous les conflits : la peur fait fuir. En août 1914, une masse énorme de réfugiés venus de Belgique et du nord de la France se précipite vers le cœur du pays. En juin 1940, 8 millions de réfugiés belges et français encombrent les routes de l’exode. Pourquoi la paysannerie arabe ferait-elle exception ? Ce qui est vrai pour tous le serait partout au monde, sauf en Palestine ?

En 1949, à la fin des combats, ce n’est pas l’État d’Israël qui empêche la naissance de la Palestine arabe, mais la Jordanie et la Ligue arabe avec elle. Le roi Abdallah de Jordanie, le premier, contacte l’Agence juive et s’engage auprès d’elle, pour ne pas lancer sa Légion arabe contre le jeune État juif, à la condition que celui-ci lui laisse les mains libres dans le territoire alloué par les Nations unies à la Palestine arabe. C’est-à-dire, en termes clairs, à l’annexer. L’État d’Israël trouve évidemment son compte à un accord qui détourne de lui la seule vraie force militaire arabe.

L’État arabe de Palestine prévu par les Nations unies est ainsi absorbé par la Jordanie sans que la Ligue arabe (dont elle est membre) l’en empêche. La Cisjordanie (la Judée et la Samarie bibliques) et le territoire de Gaza destinés par les Nations unies à l’État de la Palestine arabe sont alors libres de toute présence israélienne. De là, cette question capitale entre toutes : pourquoi l’État arabe de Palestine n’a-t-il pas vu le jour en 1949 une fois la guerre terminée ? Et pourquoi cette question ne resurgit-elle que dix-huit ans plus tard, avec l’occupation israélienne de ces territoires en 1967 ?

Dans le processus actuel de diabolisation de l’État juif, il faut compter aussi avec ce que, tout à la finesse qu’on lui connaît, Houria Bouteldja nomme le « plus grand des hold-up du siècle ». On comprend que, présenté de la sorte, le projet sioniste apparaisse a minima comme une utopie meurtrière. Sainte ignorance qui voit « les sionistes » détruire en 1948 un État de Palestine qui n’a jamais existé. Qui voit parallèlement les Juifs, grimés en « voleurs de patrie », illégitimes en Palestine quand leur imaginaire national et religieux les ancre sur cette terre qui les habite, parce qu’elle est au cœur de leur existence comme nation et comme foi, comme le montre, mais qui le sait, l’extraordinaire richesse des débats internes au monde juif du XIXe siècle. C’est pourquoi s’est d’emblée imposé comme solution la plus équitable le partage entre deux légitimités nationales. Mais le refus répété du compromis et l’enfermement dans la posture du « tout ou rien » ont conduit à l’impasse actuelle. La « solution à deux États » apparaît sans doute comme la plus rationnelle, mais on demeure dubitatif devant les refus arabes réitérés de cette solution-là : 1937 (plan Peel), 1947 (Nations unies), 2000 (Camp David), 2001 (Taba) et 2009 (plan Olmert). Comme si accepter l’État de Palestine revenait à accepter l’État d’Israël. C’est là le noyau irréductible d’un refus (« du fleuve à la mer ») qui court jusqu’au 7 octobre 2023.

Un usage militant de l’Histoire

C’est dans ce contexte d’un usage militant de l’Histoire qu’intervient la plainte déposée par l’Union sud-africaine contre Israël, pour crime contre l’humanité à Gaza. Aujourd’hui, il s’agit de lancer depuis l’Afrique du Sud, qui avait accueilli en 2001 la conférence de Durban, l’accusation de génocide pour brouiller le crime contre l’humanité initial dont découle la guerre actuelle, celui des actes commis le 7 octobre 2023, dont la nature même était génocidaire. Un assaut de cruauté qui ne témoignait pas seulement de « mœurs barbares » qu’on avait déjà vues à l’œuvre en 1929 comme en 1948, mais un projet d’éliminer hors du monde un ennemi auquel on avait ôté, avant ou après sa mort, tout caractère humain le rattachant à notre monde. De là, la profanation des cadavres, les décapitations et même le « vol » d’une tête de soldat, emportée à Gaza et conservée dans un congélateur dans le but de la négocier plus tard 10 000 dollars (sic).

à lire aussi Revenir à Gaza, le rêve fou des colons israéliensIl s’agit en second lieu d’imputer une accusation de génocide à ce peuple en particulier dont la mémoire, en Israël comme ailleurs, est marquée par le souvenir du génocide. En inversant l’accusation de génocide, il s’agit aussi de placer l’État d’Israël et les Juifs dans le camp des oppresseurs, c’est-à-dire de l’Occident, cet accusé rituel des Nations unies. La façon dont ces dernières ont accueilli la plainte de l’Union sud-africaine dénie toute légitimité morale à ces majorités automatiques (57 États musulmans aux Nations unies, un seul État juif) qui en 2020, sur 23 condamnations émises par l’assemblée générale contre des États, en avaient émis 17 contre le seul État d’Israël. Cette inversion des réalités est le propre des raisonnements totalitaires, « l’amour, c’est la haine », » la paix, c’est la guerre », quand la réalité est annihilée au profit des récits reconstruits. Derrière Israël, parangon du mal, l’inversion accusatoire assoit l’Occident tout entier sur le banc des accusés de l’Histoire-tribunal face aux « historiens-procureurs ». L’accusation de génocide (en soi grotesque : Gaza 1967, 400 000 habitants, Gaza 2023, 2 300 000 habitants) souille le mot et la mémoire des Arméniens, des Juifs et des Tutsis. La haine du signe juif s’épanouit et ressort ici moins à l’antisémitisme, comme le note le psychiatre Jean-Jacques Moscovitz qu’à ce qu’il nomme à raison l’asémitisme : le monde ne veut pas des Juifs. Comme il ne veut pas d’avantage de l’État d’Israël.

En troisième lieu, aussi folle que paraisse l’accusation de génocide, la logique intellectuelle qui la sous-tend ne vise pas seulement à effacer la nature génocidaire des actes commis le 7 octobre, elle vise à discréditer l’Occident pour faire apparaître l’Histoire non occidentale, a contrario, comme vierge de toute violence. Pour autant, ce serait une erreur de réduire ces accusations de « génocide » portées contre l’unique État juif à la seule sphère « décoloniale ». Les négationnistes du monde entier ont également compris ce qui se jouait. En France, par exemple, il n’est pas une semaine sans que l’hebdomadaire Rivarol (fondé par les anciens collaborationnistes) titre sur le « génocide à Gaza » ou l’« épuration ethnique de la Palestine ». Aux États-Unis, le néonazi David Duke, dont les ouvrages sont traduits en arabe et qui a été invité à prendre la parole dans la Syrie de Bachar al-Assad, parle dès le 14 octobre 2023 du « génocide sioniste à Gaza ». Quant à l’Institute of Historical Review, ce « temple » du négationnisme de la Shoah dans le monde, il publie l’intégralité de l’acte d’accusation de l’Afrique du Sud contre Israël présenté devant la Cour internationale de justice (CIJ). L’Iran, où Robert Faurisson était reçu en grande pompe en 2006, s’est officiellement félicité de la plainte sud-africaine. Faire condamner l’État juif pour génocide : l’enjeu est en effet de taille aussi pour les négateurs du génocide juif commis par les nazis. Le concept de « génocide » a été forgé durant la Seconde Guerre mondiale par un Juif polonais, Raphaël Lemkin, en référence directe au génocide des Juifs qui était en train d’être perpétré. Chez les émules de Robert Faurisson, on espère une condamnation d’Israël au nom des mêmes principes qui ont valu à Eichmann d’être condamné, par cet État-ci justement, et exécuté. Symboliquement, c’est l’héritage de la Shoah qu’il s’agit ainsi d’effacer.

Un même schéma mental se répète ici. C’est celui qui en 1937 déjà, avec Céline (Bagatelles pour un massacre), faisait du « Juif » le fauteur de guerre. C’est celui qui aujourd’hui fait de l’État d’Israël, décrété dernier « surgeon colonial » de l’Europe, le vecteur d’une guerre génocidaire. Un schéma mental qui consiste à mettre au ban la « part mauvaise de l’humanité », jadis le peuple, aujourd’hui l’État, auquel on reproche de persévérer dans leur être. Ici un peuple juif, « anomalie » au regard de la théologie chrétienne, et là un État juif, « anomalie » au regard de l’Europe postnationale. Bref, les Juifs sont toujours à contretemps, et le procès qui leur est fait désigne moins une politique qu’un principe, celui de leur entêtement à persévérer dans une existence étatique condamnable parce qu’anormale au nom d’une Histoire sécularisée, mais toujours investie de fins dernières. Établir un lien de causalité entre une politique israélienne, quelle qu’elle soit, et des actes de nature génocidaire, c’est ne pas entendre la nature profonde de cette cruauté quand il s’agit de faire disparaître une existence assimilée au mal. Car nous ne sommes pas ici dans un discours porté par la raison, mais dans une vision eschatologique dans laquelle l’État d’Israël, quelle que soit sa politique ou sa nature, séculière ou religieuse, représente la personnification du principe mauvais de l’humanité qu’il faut chasser hors du monde et de soi pour espérer une vie enfin digne d’être vécue. Il n’y a pas de lien entre une politique israélienne, y compris la plus condamnable, et l’essence génocidaire d’un mouvement islamiste qui ne laisse espérer ni négociation ni compromis, et n’entrevoit pour tout avenir que l’écrasement définitif de l’État d’Israël. Et qui ne réclame d’ailleurs rien d’autre que cela.

Plus le monde est en désarroi, plus l’antisémitisme fédérateur apaise les frayeurs collectives. On s’aime de haïr ensemble et l’angoisse reflue à désigner le responsable de tous les maux du monde. À l’instar des peurs collectives d’autrefois, celles nées dans le sillage des grandes épidémies ou des chasses aux sorcières dans l’Europe du XVIIe siècle. Mais derrière la déraison collective, il y a toujours des hommes et des femmes faits de chair et d’os, et qui n’en peuvent mais de se voir incarner les figures de l’hérésie, de la souillure et de l’abjection. C’est de ces fantasmes meurtriers que sont morts, de la plus hideuse des morts, la lycéenne juive de Bordeaux, l’épicier juif de Cracovie, l’ébéniste juif de Rhodes, le professeur juif d’Amsterdam, le maçon juif d’Athènes et le médecin juif de Cologne.

Le poète palestinien Mahmoud Darwich avait parfaitement perçu de quelle manière la vieille « question juive » européenne avait fini par s’intégrer au discours sur le conflit lui-même, lui qui déclarait ceci à la poétesse israélienne Helit Yeshurun : « Savez-vous pourquoi nous sommes célèbres, nous autres Palestiniens ? Parce que vous êtes notre ennemi. L’intérêt pour la question palestinienne a découlé de l’intérêt porté à la question juive. Oui. C’est à vous qu’on s’intéresse, pas à moi ! Si nous étions en guerre avec le Pakistan, personne n’aurait entendu parler de moi. »

La mise au ban devenue obsessionnelle d’un État paria pave le chemin d’une délégitimation qui précédera le démantèlement. La solitude d’Israël résonne aujourd’hui au cœur d’un peuple peu nombreux, assailli d’ennemis depuis plus de 75 ans, victime d’une usure mentale qui finira un jour par l’ébranler tout à fait. Cette fausse puissance, dont le 7 octobre a révélé la vulnérabilité, pourrait fléchir un jour sous le poids d’une guerre perdue. Israël, disait Ben Gourion, gagnera toutes les guerres sauf la dernière. Ses ennemis peuvent en effet essuyer défaite sur défaite, ils existeront encore au lendemain de leurs revers. L’État juif, non. Assaillis par la solitude d’octobre, les Juifs ne peuvent pas se permettre le luxe du pessimisme. À l’instar de l’État d’Israël qui ne peut pas se permettre le luxe d’une seule défaite. Pour les uns comme pour l’autre, il en va tout simplement de leur survie. À force de gloser sur la « puissance militaire » du Goliath juif écrasant les petits David arabes, on aura fini par oublier que ce territoire grand comme la Bretagne et moins peuplé que l’Île-de-France ne pourra pas éternellement résister à la marée de ses ennemis servis par le nombre, la stratégie d’infiltration et protégés par la puissance nucléaire à venir de l’Iran que la destruction de l’État maudit couronnera pour longtemps champion chiite du monde islamique tout entier. L’employé de Sderot, l’épicier de Kyriat Gat, l’ouvrier de Rishon le Zion, le lycéen de Tel-Aviv, l’agriculteur de Ginossar et le docker de Haïfa, tous ceux-là apprendront un jour que, figures du mal sur la terre, leur disparition rendrait l’humanité enfin heureuse.

évidences campagnardes

On aura remarqué, ici, une quasi-absence d’immixtion dans les débats de la campagne présidentielle.

Certains s’en étonnent. On leur répond que tout ayant été dit, il est inutile d’en dire plus, ce qui, en réalité, serait moins.

Alors d’autres insistent en vilipendant ce mutisme, criant que cette neutralité suspecte est concomitante d’une approbation de la clameur majoritaire. Comme lorsque nous étions étudiants ou chercheurs, évidemment fins analystes et que nous affirmions que « dire ne pas être de droite ou de gauche, c’était être de droite ».

A l’occasion d’une conversation, à l’instant même, très plaisante et utile, on s’est donc dit qu’il fallait écrire sur le sujet (le politique et le petit débat).

A vrai dire, non pas prendre position puisqu’en effet on avoue ne pas vouloir faire barrage ni contre l’un ni contre l’autre, donc être blanc, ni gris, ni noir. Juste énoncer de petites évidences.

1 – le voile. Oser prétendre qu’une femme portant le voile dans l’espace public, qui est plus qu’un chiffon, qui n’est pas un vêtement comme une mini-jupe, qui n’est qu’une affirmation de l’étranger imposant à l’hôte sa civilisation, serait du « féminisme » est une infamie, une insulte à la liberté. Laquelle liberté n’est pas exclusivement, comme on le sait, le droit d’aller et venir comme on l’entend. Elle est aussi respect d’un autrui majoritaire et reconnaissance de l’accueil. Le vrai féru de liberté ne se promène pas en djellabah ou en costume cosaque en France, deux signes non pas de religion mais de civilisation. La liberté est aussi active dans ses postures. Elle peut ou doit être approbatrice du tact républicain, de la culture d’un sol qui nous permet de le fouler.

Le voile n’est pas, comme la kippa ou la croix un signe religieux. C’est ici que le débat est dévié. Le porteur de kippa (rare et discret désormais) n’impose pas une civilisation et ne transforme pas le paysage immédiat. Il affirme sans défigurer l’espace historique sa foi, comme le porteur de la petite croix en or. Le débat sur le voile qui se concentre sur le signe religieux ou sur la contrainte islamiste, la terreur des femmes musulmanes n’est pas adéquat. La question, comme celle du boubou, est civilisationnelle. Comme on l’a déjà écrit : le voile dévoile.

2 – les soignants non vaccinés. Promettre la réintégration des soignants qui ont refusé le vaccin, avec paiement rétroactif du salaire, est plus qu’une idiotie, c’est un sésame à l’irresponsabilité constituée comme leitmotiv. Que le vaccin, comme on le sait désormais, ce que nous ne savions pas alors, n’empêche aucunement la contagion, la transmission, soit. Mais que du personnel hospitalier, qui ne le savait pas, puisse imposer le risque et, pire, ne pas donner l’exemple (éviter l’encombrement des hôpitaux) est une aberration coupable. Qui mérite l’opprobre et la mise au ban de ces nigauds. Et celle de la candidate qui ose tenir ce discours.

On peut en faire défiler des masses des évidences comme celles-ci.

On a fini notre conversation en évoquant les deux cordons attachés aux deux candidats : l’idiot cordon sanitaire pour l’une soupçonnée de fascisme, la coupure nécessaire du cordon ombilical pour l’autre qui nage dans l’adolescence.

A dimanche, on finit le dernier Ishiguro, qui n’est pas exceptionnel.

La citation cultivée

Tous vantent la “culture” de Mélenchon, un “homme cultivé “.

Il conforte toujours le propos, en citant les grands auteurs, en lisssant de belles phrases sur le soleil sur les vagues du Sud, martèle l’ossature des idéologies naissantes, frôlant la poésie politique, convoque des mythes ou des préceptes. Zemmour le concurrence, mais moins épais (physiquement) passe moins bien dans l’envolée. Mélenchon a presque le tour de taille de Flaubert ou Balzac. Ca aide sur les estrades. Beaucoup ne peuvent imaginer la verve alliée à la maigreur. Ce qui d’ailleurs pénalisé Macron.

Bref, Mélenchon enchante le microcosme et éberlue le peuple. Ce n’est pas une critique.

Encore ce soir de 1er tour 10/04, en invoquant dans son discours SISYPHE, en voulant illustrer une volonté de “faire monter le rocher”. Lutte sans relâche de Mélenchon. Effort incessant dont il sous-entendait qu’il avait été fructueux ce soir avec 21%.

Cependant Mélenchon cite sans réfléchir tant l’image est désastreuse.

On rappelle le mythe : l’impertinent Sisyphe fut condamné, par les dieux dans les enfers, à un supplice de choix : il devait rouler un gros rocher au sommet d’une montagne, besogne éternelle puisque le caillou dévalait immédiatement la pente une fois en haut.

Et comme le disait Camus qui en a fait une pièce “Sisyphe, prolétaire des dieux, impuissant et révolté, connaît toute l’étendue de sa misérable condition”.

Les dieux avaient généré une frustration permanente, fondé sur l’espoir sans cesse renouvelé de Sisyphe. Sisyphe est sans espoir. Il abandonne toute illusion de réussite. Camus en faisait un “héros absurde”.

Ça ne suffit pas de citer.

En se vantant d’être Sisyphe, Mélenchon s’avoue impuissant : ça monte, mais ça dégringole nécessairement. Il se dit incapable de ne pas empêcher le rocher de retomber…

On attend de lire demain ce qui précède dans les éditoriaux des grands journalistes…

Valérie, mon amour

J’avais, dans un billet ancien, titré “Olivia, mon amour“, proclamé, évidemment pour m’amuser, mon amour pour Olivia Gesbert, animatrice de la “Grande Table” sur France Culture. C’était le 5 Octobre 2018. Le lendemain de la mort de la seule idole que j’ai pu vénérer dans ma vie : Aznavour. Je l’aurais tuée mon amour d’Olivia si elle n’avait pas consacré une émission à Aznavour.

J’avoue ici que j’ai failli écrire “Olivia, Valérie, mes amours. Puisqu’en effet, dans un article du Point, Valérie Toranian, directrice d’une revue, la plus vieille du monde, à laquelle je suis abonné, entre autres, que j’aime aussi, avait écrit dans Le Point qu’Aznav était son “autre nom”. Un extrait :

Valérie Toranian, directrice de la rédaction de la « Revue des deux mondes », rend un hommage très personnel à ce grand « frère » de la communauté arménienne.

Petite, quand on me demandait la signification de mon nom de famille imprononçable (Couyoumdjian), je répondais que j’étais arménienne. Dans les années 1970, cela n’évoquait rien à personne. Devant l’air circonspect de mon interlocuteur, j’ajoutais alors crânement : « Comme Aznavour… » Et le visage en face de moi s’éclairait. Pour les milliers d’Arméniens exilés, Aznavour fut d’abord cela : notre carte d’identité, le sésame de la reconnaissance, la preuve que nous existions et que nous étions des gens bien. Comme lui. De la même souche irréductible. Du même lignage. Aznavour, mon autre nom…

Aujourd’hui, on m’a encore appelé. On m’a encore reproché mon silence devant la décapitation. Et juste à cet instant, je lisais l’édito de l’arménienne Valérie que j’aime (Aznav, son autre nom). Je vous l’offre. Inutile d’écrire autre chose. Je vais chanter au téléphone, pour une très proche, comme je viens de le lui promettre, les “Deux guitares”. Elle ne croit pas que je chantais Aznavour. Les voisins sont absents.

REVUE DES DEUX MONDES

Edito

Valérie Toranian

« Ils ne passeront pas », a déclaré Emmanuel Macron après la décapitation de Samuel Paty par un islamiste. Monsieur le président, vous avez une guerre de retard. Ils sont passés. Depuis longtemps. La République devait être le socle qui protège, émancipe, instruit chaque citoyen, elle est devenue un navire à la dérive, incapable de fixer le cap. Ses enseignants sont exécutés, ses quartiers sont des territoires de non-droit, ses pompiers sont caillassés. Pire, au lieu de neutraliser ceux qui fendent sa coque pour la faire couler, la République leur offre asile, les tolère, les excuse, les couvre. Vous-même avez mis trois ans à aborder la question du séparatisme islamique. Trois ans qui s’ajoutent à plusieurs décennies de capitulation, résignation, lâcheté, aveuglement. Et aucun président, aucun gouvernement, ne peut s’absoudre de ses responsabilités.

Un islam de conquête totalitaire est à l’assaut de notre monde. Il se propose de changer notre mode de vie, notre histoire, nos mœurs, nos libertés, de le faire par tous les moyens possibles, des plus légaux aux plus violents. Son agenda est mondial. En ce moment, Erdogan et l’Azerbaïdjan tentent d’éliminer les Arméniens de l’Artsakh, une des dernières poches chrétiennes en Orient, au nom du djihad. L’Europe continent de culture latine, grecque, judéo-chrétienne est l’autre terre de conquête. Surtout la France, berceau du rationalisme des Lumières et de la laïcité que l’islamisme ne saurait tolérer.

Le post-modernisme de notre société biberonnée aux principes de la déconstruction, pétrie de culpabilité post-coloniale, a permis à cet islam totalitaire de se déployer comme jamais il n’aurait osé l’espérer, trouvant des alliés dans la culture et les médias gauchistes, jusque dans les quotidiens « de référence », et bien sûr l’intelligentsia décoloniale et racialiste qui développe un discours de guerre contre l’État, la République et ses valeurs.

La décapitation de Samuel Paty est la preuve qu’entre les militants de l’islam politique, la radicalisation et le terrorisme, il existe une chaîne de continuité. C’est la chronique d’une mort annoncée. Elle débute avec la mobilisation de parents contre le professeur, l’instrumentalisation de l’incident par Abdelhakim Sefrioui, un islamiste radicalisé fiché S qui appelle à « stopper » le professeur « voyou » sur les réseaux sociaux en donnant ses coordonnées. Elle s’achève devant le corps mutilé de Samuel Paty quatre jours après que les services de renseignement ont envoyé une note faisant état de l’incident à leur hiérarchie. C’est tout un écosystème qui façonne, féconde, nourrit le geste d’un ultra-radicalisé. Abdoulakh Anzorov est tchétchène, il pratique un islam littéral. Pour lui, être musulman c’est appliquer à la lettre les préconisations du Coran envers les mécréants. Lorsqu’on attise les braises en déformant un incident, en mentant, en calomniant un enseignant « coupable » d’avoir délivré un cours sur la liberté d’expression, on ne fait rien d’autre que désigner à la meute une cible. Et on se lave les mains des conséquences.

L’exécution de Samuel Paty est un crime collectif. Nombreux sont ceux qui ont du sang sur les mains.

Ceux qui ont méprisé les lanceurs d’alerte sur l’état de l’enseignement scolaire. On ne peut plus enseigner librement la Shoah, la liberté d’expression, la colonisation, l’éducation sexuelle, la condition des femmes. Même Madame Bovary pose problème ! Des élèves trouvent naturel que le blasphème soit inscrit dans la loi. Sans parler des problèmes de hallal à la cantine, de refus de participer à certains cours, à la piscine pour les filles, etc. Le rapport Obin qui faisait l’état des lieux, lui valut d’être taxé d’islamophobe. Le rapport fut enterré par François Fillon. Georges Bensoussan auteur des Territoires perdus de la République en 2002, fut accusé d’extrémisme, de racisme, et boycotté par les médias. Les ouvrages de Bernard Rougier, Hugo Micheron, et le courageux François Pupponi, ex-maire de Sarcelles, n’ont cessé de souligner le dangereux basculement de notre société. Pourquoi avoir attendu qu’un fou d’Allah fende en deux le corps d’un professeur pour qu’enfin on ouvre les yeux ?

L’institution scolaire qui a encouragé les professeurs (pour « ne pas faire le jeu de l’extrême droite » ?) à ne pas faire de vagues. Pire, à capituler. Michaël Prazan, cinéaste et ancien enseignant, raconte : « On a servi aux élèves – à l’initiative de nos pédagogues – ce qu’on croyait qu’ils réclamaient : clouer au pilori l’Occident coupable, la domination de l’homme blanc. Nous en avons fait des “indigènes de la République”. Il n’y a qu’à consulter les ouvrages d’histoire et d’éducation civique – particulièrement dans les classes pro et techno – pour s’en rendre compte. » Jean-Michel Blanquer se bat contre ces dérives. Il a promis de le faire encore plus. Mais comment combattre les membres du corps enseignant qui sont idéologiquement convaincus de la nécessité de ne pas faire de vagues ? Ou bien qui se sont accommodés de tous ces arrangements avec l’islamisme et ne les signalent même plus ?

Les syndicats qui n’ont cessé pour la plupart de demander à leurs enseignants de ne pas faire de vagues et qui, ce weekend encore, étaient incapables de nommer le danger.

Tous ceux qui ont légitimé la haine anti-Charlie. Ces médias qui offraient leurs colonnes aux tribunes des pseudo sociologues et universitaires défendant le relativisme culturel, faisant la révérence envers l’islam jamais coupable. Tant pis pour les homosexuels, les apostats et toutes celles qui sont pourchassées dans le monde, parce qu’elles refusent de porter un voile. Edwy Plenel expliquant que Charlie était en guerre contre les musulmans : exactement ce que veulent entendre les islamistes pour liquider les journalistes. Rokhaya Diallo, icône indigéniste néo-féministe, portant plainte contre Charlie, hebdomadaire raciste, selon elle. L’UNEF, qui fut un grand syndicat de gauche et féministe, représenté par une femme voilée prônant la soumission au patriarcat musulman. SOS-Racisme, qui a transformé son combat antiraciste en combat contre l’islamophobie.

Ces souffleurs de braise ne cessent de présenter aux musulmans un discours victimaire qui fait d’eux les cibles d’une islamophobie d’État. En voir certains Place de la République manifester « contre la haine » et allumer des bougies en l’honneur de Samuel Paty est proprement écœurant. Ainsi Jean-Luc Mélenchon et la France insoumise qui avaient bruyamment appelé à la manifestation du 10 novembre 2019 contre l’islamophobie, cautionnant ainsi que l’islamophobie, c’est-à-dire la critique de l’islam, était un crime raciste. Cette victoire est celle du CCIF qui a réussi à imposer cette nouvelle sémantique victimaire désormais banalisée. Et même si Gérald Darmanin réussit à dissoudre l’association (elle crie à la victimisation et va tout faire pour invalider la décision auprès de la justice), le mal est là. Une journée d’hommage national n’y changera rien. Il faut poursuivre en justice, interdire (enfin) les mosquées salafistes et toutes les associations islamistes, et se poser la question très sensible, du droit d’asile et du contrôle de l’immigration. Pourquoi encore tant de fichés S étrangers sont-ils toujours en France ?

Dévoiler

J’ai, depuis des années, malgré des convictions politiques affirmėes, juré que mon mini-site, que très peu, de par une volonté inextinguible qui trouve sa source dans ce que, justement, peu savent, n’est pas notoire, presque clandestin et confidentiel, bien que rien d’occulte ou de malsėant ne vient s’y loger. Ce n’est pas une mini-tribune politique. Ils sont pléthore. Nul besoin, dans tous les sens, d’en rajouter.

Je ne participerai donc pas ici au débat confus, diffus, évasif, sur le port du voile.

Juste lancer un mot, peut-être un jeu de mots, puisque c’est dans ce jeu que le centre surgit, que les vérités caressent le réel.

Le voile dévoile ce qui devient visible.

A se rendre invisible, on fabrique la visibilité.

Dans le billet précédent, j’avais écrit ou cité que la simulation était une stimulation.

C’est dans le même ordre sémantique du jeu nodal que le billet ci-dessus s’insère. Le jeu s’amuse.