évidences campagnardes

On aura remarqué, ici, une quasi-absence d’immixtion dans les débats de la campagne présidentielle.

Certains s’en étonnent. On leur répond que tout ayant été dit, il est inutile d’en dire plus, ce qui, en réalité, serait moins.

Alors d’autres insistent en vilipendant ce mutisme, criant que cette neutralité suspecte est concomitante d’une approbation de la clameur majoritaire. Comme lorsque nous étions étudiants ou chercheurs, évidemment fins analystes et que nous affirmions que « dire ne pas être de droite ou de gauche, c’était être de droite ».

A l’occasion d’une conversation, à l’instant même, très plaisante et utile, on s’est donc dit qu’il fallait écrire sur le sujet (le politique et le petit débat).

A vrai dire, non pas prendre position puisqu’en effet on avoue ne pas vouloir faire barrage ni contre l’un ni contre l’autre, donc être blanc, ni gris, ni noir. Juste énoncer de petites évidences.

1 – le voile. Oser prétendre qu’une femme portant le voile dans l’espace public, qui est plus qu’un chiffon, qui n’est pas un vêtement comme une mini-jupe, qui n’est qu’une affirmation de l’étranger imposant à l’hôte sa civilisation, serait du « féminisme » est une infamie, une insulte à la liberté. Laquelle liberté n’est pas exclusivement, comme on le sait, le droit d’aller et venir comme on l’entend. Elle est aussi respect d’un autrui majoritaire et reconnaissance de l’accueil. Le vrai féru de liberté ne se promène pas en djellabah ou en costume cosaque en France, deux signes non pas de religion mais de civilisation. La liberté est aussi active dans ses postures. Elle peut ou doit être approbatrice du tact républicain, de la culture d’un sol qui nous permet de le fouler.

Le voile n’est pas, comme la kippa ou la croix un signe religieux. C’est ici que le débat est dévié. Le porteur de kippa (rare et discret désormais) n’impose pas une civilisation et ne transforme pas le paysage immédiat. Il affirme sans défigurer l’espace historique sa foi, comme le porteur de la petite croix en or. Le débat sur le voile qui se concentre sur le signe religieux ou sur la contrainte islamiste, la terreur des femmes musulmanes n’est pas adéquat. La question, comme celle du boubou, est civilisationnelle. Comme on l’a déjà écrit : le voile dévoile.

2 – les soignants non vaccinés. Promettre la réintégration des soignants qui ont refusé le vaccin, avec paiement rétroactif du salaire, est plus qu’une idiotie, c’est un sésame à l’irresponsabilité constituée comme leitmotiv. Que le vaccin, comme on le sait désormais, ce que nous ne savions pas alors, n’empêche aucunement la contagion, la transmission, soit. Mais que du personnel hospitalier, qui ne le savait pas, puisse imposer le risque et, pire, ne pas donner l’exemple (éviter l’encombrement des hôpitaux) est une aberration coupable. Qui mérite l’opprobre et la mise au ban de ces nigauds. Et celle de la candidate qui ose tenir ce discours.

On peut en faire défiler des masses des évidences comme celles-ci.

On a fini notre conversation en évoquant les deux cordons attachés aux deux candidats : l’idiot cordon sanitaire pour l’une soupçonnée de fascisme, la coupure nécessaire du cordon ombilical pour l’autre qui nage dans l’adolescence.

A dimanche, on finit le dernier Ishiguro, qui n’est pas exceptionnel.

La citation cultivée

Tous vantent la “culture” de Mélenchon, un “homme cultivé “.

Il conforte toujours le propos, en citant les grands auteurs, en lisssant de belles phrases sur le soleil sur les vagues du Sud, martèle l’ossature des idéologies naissantes, frôlant la poésie politique, convoque des mythes ou des préceptes. Zemmour le concurrence, mais moins épais (physiquement) passe moins bien dans l’envolée. Mélenchon a presque le tour de taille de Flaubert ou Balzac. Ca aide sur les estrades. Beaucoup ne peuvent imaginer la verve alliée à la maigreur. Ce qui d’ailleurs pénalisé Macron.

Bref, Mélenchon enchante le microcosme et éberlue le peuple. Ce n’est pas une critique.

Encore ce soir de 1er tour 10/04, en invoquant dans son discours SISYPHE, en voulant illustrer une volonté de “faire monter le rocher”. Lutte sans relâche de Mélenchon. Effort incessant dont il sous-entendait qu’il avait été fructueux ce soir avec 21%.

Cependant Mélenchon cite sans réfléchir tant l’image est désastreuse.

On rappelle le mythe : l’impertinent Sisyphe fut condamné, par les dieux dans les enfers, à un supplice de choix : il devait rouler un gros rocher au sommet d’une montagne, besogne éternelle puisque le caillou dévalait immédiatement la pente une fois en haut.

Et comme le disait Camus qui en a fait une pièce “Sisyphe, prolétaire des dieux, impuissant et révolté, connaît toute l’étendue de sa misérable condition”.

Les dieux avaient généré une frustration permanente, fondé sur l’espoir sans cesse renouvelé de Sisyphe. Sisyphe est sans espoir. Il abandonne toute illusion de réussite. Camus en faisait un “héros absurde”.

Ça ne suffit pas de citer.

En se vantant d’être Sisyphe, Mélenchon s’avoue impuissant : ça monte, mais ça dégringole nécessairement. Il se dit incapable de ne pas empêcher le rocher de retomber…

On attend de lire demain ce qui précède dans les éditoriaux des grands journalistes…

Valérie, mon amour

J’avais, dans un billet ancien, titré “Olivia, mon amour“, proclamé, évidemment pour m’amuser, mon amour pour Olivia Gesbert, animatrice de la “Grande Table” sur France Culture. C’était le 5 Octobre 2018. Le lendemain de la mort de la seule idole que j’ai pu vénérer dans ma vie : Aznavour. Je l’aurais tuée mon amour d’Olivia si elle n’avait pas consacré une émission à Aznavour.

J’avoue ici que j’ai failli écrire “Olivia, Valérie, mes amours. Puisqu’en effet, dans un article du Point, Valérie Toranian, directrice d’une revue, la plus vieille du monde, à laquelle je suis abonné, entre autres, que j’aime aussi, avait écrit dans Le Point qu’Aznav était son “autre nom”. Un extrait :

Valérie Toranian, directrice de la rédaction de la « Revue des deux mondes », rend un hommage très personnel à ce grand « frère » de la communauté arménienne.

Petite, quand on me demandait la signification de mon nom de famille imprononçable (Couyoumdjian), je répondais que j’étais arménienne. Dans les années 1970, cela n’évoquait rien à personne. Devant l’air circonspect de mon interlocuteur, j’ajoutais alors crânement : « Comme Aznavour… » Et le visage en face de moi s’éclairait. Pour les milliers d’Arméniens exilés, Aznavour fut d’abord cela : notre carte d’identité, le sésame de la reconnaissance, la preuve que nous existions et que nous étions des gens bien. Comme lui. De la même souche irréductible. Du même lignage. Aznavour, mon autre nom…

Aujourd’hui, on m’a encore appelé. On m’a encore reproché mon silence devant la décapitation. Et juste à cet instant, je lisais l’édito de l’arménienne Valérie que j’aime (Aznav, son autre nom). Je vous l’offre. Inutile d’écrire autre chose. Je vais chanter au téléphone, pour une très proche, comme je viens de le lui promettre, les “Deux guitares”. Elle ne croit pas que je chantais Aznavour. Les voisins sont absents.

REVUE DES DEUX MONDES

Edito

Valérie Toranian

« Ils ne passeront pas », a déclaré Emmanuel Macron après la décapitation de Samuel Paty par un islamiste. Monsieur le président, vous avez une guerre de retard. Ils sont passés. Depuis longtemps. La République devait être le socle qui protège, émancipe, instruit chaque citoyen, elle est devenue un navire à la dérive, incapable de fixer le cap. Ses enseignants sont exécutés, ses quartiers sont des territoires de non-droit, ses pompiers sont caillassés. Pire, au lieu de neutraliser ceux qui fendent sa coque pour la faire couler, la République leur offre asile, les tolère, les excuse, les couvre. Vous-même avez mis trois ans à aborder la question du séparatisme islamique. Trois ans qui s’ajoutent à plusieurs décennies de capitulation, résignation, lâcheté, aveuglement. Et aucun président, aucun gouvernement, ne peut s’absoudre de ses responsabilités.

Un islam de conquête totalitaire est à l’assaut de notre monde. Il se propose de changer notre mode de vie, notre histoire, nos mœurs, nos libertés, de le faire par tous les moyens possibles, des plus légaux aux plus violents. Son agenda est mondial. En ce moment, Erdogan et l’Azerbaïdjan tentent d’éliminer les Arméniens de l’Artsakh, une des dernières poches chrétiennes en Orient, au nom du djihad. L’Europe continent de culture latine, grecque, judéo-chrétienne est l’autre terre de conquête. Surtout la France, berceau du rationalisme des Lumières et de la laïcité que l’islamisme ne saurait tolérer.

Le post-modernisme de notre société biberonnée aux principes de la déconstruction, pétrie de culpabilité post-coloniale, a permis à cet islam totalitaire de se déployer comme jamais il n’aurait osé l’espérer, trouvant des alliés dans la culture et les médias gauchistes, jusque dans les quotidiens « de référence », et bien sûr l’intelligentsia décoloniale et racialiste qui développe un discours de guerre contre l’État, la République et ses valeurs.

La décapitation de Samuel Paty est la preuve qu’entre les militants de l’islam politique, la radicalisation et le terrorisme, il existe une chaîne de continuité. C’est la chronique d’une mort annoncée. Elle débute avec la mobilisation de parents contre le professeur, l’instrumentalisation de l’incident par Abdelhakim Sefrioui, un islamiste radicalisé fiché S qui appelle à « stopper » le professeur « voyou » sur les réseaux sociaux en donnant ses coordonnées. Elle s’achève devant le corps mutilé de Samuel Paty quatre jours après que les services de renseignement ont envoyé une note faisant état de l’incident à leur hiérarchie. C’est tout un écosystème qui façonne, féconde, nourrit le geste d’un ultra-radicalisé. Abdoulakh Anzorov est tchétchène, il pratique un islam littéral. Pour lui, être musulman c’est appliquer à la lettre les préconisations du Coran envers les mécréants. Lorsqu’on attise les braises en déformant un incident, en mentant, en calomniant un enseignant « coupable » d’avoir délivré un cours sur la liberté d’expression, on ne fait rien d’autre que désigner à la meute une cible. Et on se lave les mains des conséquences.

L’exécution de Samuel Paty est un crime collectif. Nombreux sont ceux qui ont du sang sur les mains.

Ceux qui ont méprisé les lanceurs d’alerte sur l’état de l’enseignement scolaire. On ne peut plus enseigner librement la Shoah, la liberté d’expression, la colonisation, l’éducation sexuelle, la condition des femmes. Même Madame Bovary pose problème ! Des élèves trouvent naturel que le blasphème soit inscrit dans la loi. Sans parler des problèmes de hallal à la cantine, de refus de participer à certains cours, à la piscine pour les filles, etc. Le rapport Obin qui faisait l’état des lieux, lui valut d’être taxé d’islamophobe. Le rapport fut enterré par François Fillon. Georges Bensoussan auteur des Territoires perdus de la République en 2002, fut accusé d’extrémisme, de racisme, et boycotté par les médias. Les ouvrages de Bernard Rougier, Hugo Micheron, et le courageux François Pupponi, ex-maire de Sarcelles, n’ont cessé de souligner le dangereux basculement de notre société. Pourquoi avoir attendu qu’un fou d’Allah fende en deux le corps d’un professeur pour qu’enfin on ouvre les yeux ?

L’institution scolaire qui a encouragé les professeurs (pour « ne pas faire le jeu de l’extrême droite » ?) à ne pas faire de vagues. Pire, à capituler. Michaël Prazan, cinéaste et ancien enseignant, raconte : « On a servi aux élèves – à l’initiative de nos pédagogues – ce qu’on croyait qu’ils réclamaient : clouer au pilori l’Occident coupable, la domination de l’homme blanc. Nous en avons fait des “indigènes de la République”. Il n’y a qu’à consulter les ouvrages d’histoire et d’éducation civique – particulièrement dans les classes pro et techno – pour s’en rendre compte. » Jean-Michel Blanquer se bat contre ces dérives. Il a promis de le faire encore plus. Mais comment combattre les membres du corps enseignant qui sont idéologiquement convaincus de la nécessité de ne pas faire de vagues ? Ou bien qui se sont accommodés de tous ces arrangements avec l’islamisme et ne les signalent même plus ?

Les syndicats qui n’ont cessé pour la plupart de demander à leurs enseignants de ne pas faire de vagues et qui, ce weekend encore, étaient incapables de nommer le danger.

Tous ceux qui ont légitimé la haine anti-Charlie. Ces médias qui offraient leurs colonnes aux tribunes des pseudo sociologues et universitaires défendant le relativisme culturel, faisant la révérence envers l’islam jamais coupable. Tant pis pour les homosexuels, les apostats et toutes celles qui sont pourchassées dans le monde, parce qu’elles refusent de porter un voile. Edwy Plenel expliquant que Charlie était en guerre contre les musulmans : exactement ce que veulent entendre les islamistes pour liquider les journalistes. Rokhaya Diallo, icône indigéniste néo-féministe, portant plainte contre Charlie, hebdomadaire raciste, selon elle. L’UNEF, qui fut un grand syndicat de gauche et féministe, représenté par une femme voilée prônant la soumission au patriarcat musulman. SOS-Racisme, qui a transformé son combat antiraciste en combat contre l’islamophobie.

Ces souffleurs de braise ne cessent de présenter aux musulmans un discours victimaire qui fait d’eux les cibles d’une islamophobie d’État. En voir certains Place de la République manifester « contre la haine » et allumer des bougies en l’honneur de Samuel Paty est proprement écœurant. Ainsi Jean-Luc Mélenchon et la France insoumise qui avaient bruyamment appelé à la manifestation du 10 novembre 2019 contre l’islamophobie, cautionnant ainsi que l’islamophobie, c’est-à-dire la critique de l’islam, était un crime raciste. Cette victoire est celle du CCIF qui a réussi à imposer cette nouvelle sémantique victimaire désormais banalisée. Et même si Gérald Darmanin réussit à dissoudre l’association (elle crie à la victimisation et va tout faire pour invalider la décision auprès de la justice), le mal est là. Une journée d’hommage national n’y changera rien. Il faut poursuivre en justice, interdire (enfin) les mosquées salafistes et toutes les associations islamistes, et se poser la question très sensible, du droit d’asile et du contrôle de l’immigration. Pourquoi encore tant de fichés S étrangers sont-ils toujours en France ?

Dévoiler

J’ai, depuis des années, malgré des convictions politiques affirmėes, juré que mon mini-site, que très peu, de par une volonté inextinguible qui trouve sa source dans ce que, justement, peu savent, n’est pas notoire, presque clandestin et confidentiel, bien que rien d’occulte ou de malsėant ne vient s’y loger. Ce n’est pas une mini-tribune politique. Ils sont pléthore. Nul besoin, dans tous les sens, d’en rajouter.

Je ne participerai donc pas ici au débat confus, diffus, évasif, sur le port du voile.

Juste lancer un mot, peut-être un jeu de mots, puisque c’est dans ce jeu que le centre surgit, que les vérités caressent le réel.

Le voile dévoile ce qui devient visible.

A se rendre invisible, on fabrique la visibilité.

Dans le billet précédent, j’avais écrit ou cité que la simulation était une stimulation.

C’est dans le même ordre sémantique du jeu nodal que le billet ci-dessus s’insère. Le jeu s’amuse.