L’image retient l’œil. Il ne s’agit pourtant que de deux bancs inoccupés, dans un parc quelconque. Au tirage, le contraste a certainement été un peu forcé, les noirs exacerbés et la saturation, relevant le vert, constituée en parti pris.
Je pourrais m’arrêter à la locution introductive : « l’image retient l’œil » et refuser l’intellectualité de la recherche d’une légende ou d’une “locution simple” qui décrit le motif de la retenue de l’œil par deux bancs abandonnés dans un parc désert
Non, ce n’est pas le vide, l’inoccupation des bancs. L’interprétation est trop facile, trop prévisible et, partant, inexacte. Comme le dirait Einstein qui rappelait que ce n’est que lorsque l’équation est belle qu’elle est vraie. Ce qui peut aussi valoir pour un énoncé.
Je fixe encore l’image et je trouve : c’est son graphisme horizontal, son horizontalité qui retient l’œil.
Cette horizontalité magnifiée par les couleurs successives et l’alignement des deux objets s’éloigne paradoxalement de l’horizon, loin de l’infini. L’œil est retenu et ne s’enfuit pas dans le lointain, ne se perd pas dans le néant d’un vide qui est pourtant présent dans « l’inoccupé ». L’œil en élargissant son champ reste dans l’image plane et stratifiée. Il ne s’éloigne pas. Il est « retenu ».
Cette image horizontale retient donc le sens. Verticale, elle l’aurait amenée vers un ciel improbable. Sans les bancs, vers un simple horizon, elle l’aurait entrainé vers un vide de l’au-delà.
Horizontale et calée sur deux objets horizontalement alignés, les sens se fixent.
Il ne faut donc pas confondre horizon et horizontalité. C’est la “locution simple” que je cherchais.
Reste qu’à droite, un arbre vertical s’immisce dans l’image. Ce qui est de nature à démolir la proposition relative à l’horizontalité.