Eliott Erwitt, adios.

On a appris le décès cette semaine d’Eliott Erwitt.

Ceux qui viennent ici savent ma fascination pour ce phogragraphe, souvent présent dans le site et ses ramifications. Au demeurant, une photo de lui sur ma page de garde, pour ceux qui s’y sont arrêté. (Les beaux collants blancs d’une femme a deviner)

Extrait ci-dessous de TÉLÉRAMA 1/12/2023. Par Charlotte Fauve.

Mort d’Elliott Erwitt, le plus drolatique des photographes : découvrez quelques-uns de ses meilleurs clichés
Il avait l’art de la pirouette verbale et de la photo décalée, posant sur le monde un regard aussi lucide qu’amusé. Ses photos les plus célèbres ? Un portrait de Marilyn Monroe et d’innombrables photos de chiens.


Le secret d’un cliché réussi ? Un coup de klaxon à poire, pour faire se retourner le passant et dresser les oreilles de son chien. Las, on ne verra plus Elliott Erwitt arpenter le pavé de la Grande Pomme, Leica en bandoulière, à la recherche du parfait cabot à photographier. Ce 29 novembre 2023, le plus drôle des photographes s’en est allé à l’âge de 95 ans. Hilarant dans la vie, comme dans ses images, Elliott Erwitt avait l’art de la pirouette verbale et de la photo décalée, posant sur le monde un regard aussi lucide qu’amusé. À croire qu’en huit décennies, le Franco-Américain avait tout photographié, jusqu’à l’iconique Marilyn Monroe. Mais ses muses préférées restaient sans doute les corniauds auxquels il avait consacré huit ouvrages. Il leur devait sa première photo parue dans la presse : un minuscule et hilarant chihuahua, à côté des chaussures démesurées de sa maîtresse.

Il était né en 1928 à Paris, d’un père architecte et d’une mère héritière fauchée, tous deux juifs russes ayant fui la révolution de 1917. D’abord bringuebalée à Milan avant de revenir à Paris pour échapper au fascisme et aux lois antijuives de Mussolini, la famille quitte l’Europe pour New York en 1939 à la veille de la guerre, pour s’établir enfin à Los Angeles. L’adolescent se retrouve très vite livré à lui-même après le divorce de ses parents. Il achète alors son premier appareil, à plaque de verre, pour 5 dollars, et œuvre d’abord comme modeste tireur dans un labo photo commercial hollywoodien, après ses cours. Mais très vite, le voilà qui gagne un concours organisé par Life lors de son service militaire, et se voit repéré par le grand Edward Steichen (1879-1973), directeur du département photo du MoMA qui lui met le pied à l’étrier. Membre de la célèbre agence Magnum, notamment créée par Henri Cartier-Bresson et Robert Capa qui l’y avait intégré en 1953 (pressentant probablement l’immense photojournaliste qu’il allait devenir), Erwitt confessait toujours travailler même quand il ne travaillait pas, considérant son art à la fois comme un métier et un hobby.

L’homme pratiquait l’un et l’autre très sérieusement, multipliant les photos mémorables entre un reportage pour la presse (en noir et blanc) et des travaux commerciaux (toujours en couleurs). Jusqu’à avoir amassé à la fin de sa vie un fonds de plus de six cent mille images. Comme cette série réalisée à Moscou en 1957 pour le quarantième anniversaire de la révolution bolchevique, qui lui permit de montrer aux Américains la supériorité des missiles soviétiques. Empruntant autant à la photographie humaniste telle qu’elle était pratiquée par les Français, Robert Doisneau en tête, qu’à la street photography new-yorkaise, il quêtait dans ses images aux cadrages impeccables et au regard acéré, souvent politique, le décalage et l’incongruité. Le musée Maillol, à Paris, lui avait consacré au printemps dernier une formidable rétrospective aujourd’hui présentée à La Sucrière, à Lyon.

Avec six enfants, l’homme, marié à quatre reprises, était irrésistible par ses boutades et son sens de l’autodérision. En témoigne son CV, drolatique, où il égrenait ses échecs. 1960 : année de désastre : « Lucienne demande le divorce. L’expérience est extrêmement pénible ; un incendie détruit la maison familiale et tout ce qu’elle contient. » Interviewé par son fils Misha, lui aussi photographe, qui lui demandait quelle était la prise de vue la plus intéressante, il lui avait fait cette réponse : « La prochaine. » Tristesse, il n’y en aura plus.

PS. La photo de garde du site michelbeja

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