Ceux qui lisent un peu ici connaissent ma réserve à l’égard d’Albert Camus, même si je le préférais à Sartre. Un peu brouillon, faiseur et fabricant de l’individu unique.
Mais voilà qu’on l’attaque, qu’on veut “l’oublier”. Un bouquin vient de sortir, écrit par un oxfordien.
Je cite l’extrait de la présentation de l’éditeur.
“Olivier Gloag
Oublier Camus
Préface de Fredric Jameson
Des programmes scolaires aux discours politiques, dans les médias et les conversations mondaines, Camus est partout le parangon d’un humanisme abstrait qui a ceci de commode – et de suspect – qu’il plait à droite comme à gauche. Peu d’ouvrages se sont penchés sur les contradictions du personnage comme le fait ici Olivier Gloag à partir d’une relecture de Camus dans le texte – contradictions qui constituent pourtant la force motrice de l’œuvre camusienne, une clé de son « style », et expliquent sa popularité actuelle.
Olivier Gloag rappelle l’attachement viscéral de Camus au colonialisme et au mode de vie des colons qui traverse ses trois romans majeurs, L’Étranger, La Peste et Le Premier Homme. Il examine ses engagements politiques à la lumière de sa brouille avec Sartre : la tension entre révolte et révolution, son recours à l’absurde comme refus du cours de l’Histoire, son anticommunisme et son déni de la lutte des peuples colonisés. Il se penche enfin sur les récupérations de Camus : l’auteur le plus populaire en France et le Français le plus lu dans le monde est devenu un enjeu politique et idéologique. L’invocation d’un Camus mythifié projette un reflet flatteur mais falsificateur de l’histoire coloniale. C’est ce Camus-là qu’il faut oublier pour reconnaître les déchirements d’un écrivain tout aussi passionnément attaché aux acquis sociaux du Front populaire qu’à la présence française en Algérie.
Olivier Gloag
Olivier Gloag est Associate Professor à l’université de Caroline du Nord (UNC) à Asheville. Ses recherches portent notamment sur les représentations coloniales dans la littérature hexagonale, l’histoire culturelle et littéraire de la France au xxe siècle. Il est l’auteur de Albert Camus, A Very Short introduction (Oxford university press, 2020).
Je cite aussi le mail reçu de”Philosophie Magazine” qui devient une sorte de blog adolescent.
“Bonjour,
À l’occasion d’un passage au Vendanges de Malagar, un week-end de débats qui se tient chaque année dans l’ancienne propriété de François Mauriac, le domaine de Malagar, près de Bordeaux (33), j’ai découvert que Camus avait défendu, au moment de l’épuration, en 1944, la légitimité de la peine de mort. De quoi alimenter l’appel que lancent certains à Oublier Camus (La Fabrique, 2023), l’accusant d’avoir été un défenseur du colonialisme, un anticommuniste primaire et un machiste patenté ?
Je vais lire le dossier dans Philomag.
Mais ça y est, je commence à apprécier Camus. Il faut canceller les cancellers.