Mulholland Drive, explications

On vous l’avait écrit  : Télérama peut être utile.

Je colle des explications du film mythique de Lynch avec une Naomie watts quim’à empêché de  ien dormir des mois entiers.

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Vous n’avez rien compris à “Mulholland Drive” de David Lynch ? Nous si, enfin presque, et on vous explique

Naomi Watts et Laura Harring dans « Mulholland Drive », de David Lynch.

À sa sortie en 2001, le film de David Lynch, dont on a appris la mort jeudi, avait laissé son public entre perplexité et fascination pour ce diabolique récit truffé d’insolubles mystères. Déroulons ensemble le fil pour y voir plus clair. Attention, spoilers !

Naomi Watts et Laura Harring dans « Mulholland Drive », de David Lynch. Touchstone/Films Alain Sarde

Par Samuel Douhaire

Publié le 17 janvier 2025 à 17h19, Mis à jour le 18 janvier 2025 à 16h34

Comme beaucoup de monde, vous avez adoré Mulholland Drive à sa sortie en novembre 2001. Mais, comme encore plus de monde, vous n’êtes pas sûr d’avoir tout compris. Tentons un décryptage du chef-d’œuvre de David Lynch, classé 4ᵉ au palmarès des 100 meilleurs films de l’histoire selon Télérama.

Si l’on essaie de résumer le déroulé de Mulholland Drive au premier degré (attention, multiples spoilers !), cela donnerait quelque chose comme ça : dans la première partie, une brune menacée de mort, amnésique après un attentat raté, rencontre une blonde aspirante actrice à Hollywood qui devient sa maîtresse, pendant qu’un réalisateur se voit contraint d’engager la protégée de ses producteurs mafieux ; dans la seconde partie, la brune n’est plus amnésique, est devenue l’actrice et la maîtresse du réalisateur mais a laissé tomber la blonde qui, après avoir engagé un tueur pour supprimer l’infidèle, se suicide. Pour compliquer la chose, d’une partie à l’autre, les personnages principaux changent d’identité ; une multitude d’objets, de silhouettes et de situations découverts au début du film ne sont explicités (et encore, pas toujours) qu’à la fin ; et surtout, dans la scène du club Silencio, un meneur de revue prévient que « tout n’est qu’illusion ». Il n’en faut pas plus pour que l’esprit cartésien du spectateur se retrouve au bord d’un abîme d’incertitudes.

Qui est ce clochard couvert de suie sorti du cauchemar d’un jeune schizophrène ? Quelle est cette salle vide où un homme en fauteuil roulant donne ses ordres par micro ? Pourquoi ce tueur à gages particulièrement maladroit tue-t-il son collègue aux cheveux longs ? Etc. Autant de méditations quasi métaphysiques qui ont alimenté les conversations des lynchiens de tous bords, avec de sévères engueulades à la clé. Tentative de reconstitution de ce puzzle diabolique.

Première hypothèse : la boucle

Hypothèse de départ : Mulholland Drive, comme l’a précisé David Lynch lui-même, est à l’image de la route de Los Angeles qui lui a donné son titre, un film « sinueux et suspendu dans le temps ». Comprendre : un film construit en boucle, où la seconde partie se situe chronologiquement avant la première. Les cent premières minutes du film seraient un dernier fantasme de la blonde Diane, qui, au moment de mourir, s’inspirerait de la réalité (énoncée dans la dernière heure) pour lui substituer un monde qui s’accorde à ses désirs. Elle a condamné la brune Camilla à mort, mais, prise de remords, elle imagine que le contrat a échoué et que son double Betty va sauver Rita, le double de Camilla ; qu’elle a le potentiel d’une grande actrice alors qu’elle semble condamnée à de la figuration. Pour résumer : les deux premiers tiers du film racontent un rêve, le dernier tiers marque le retour à la réalité du présent (le suicide de Diane) et du passé (via un flash-back sur la « vraie » rencontre entre Diane et Camilla). C’est l’explication retenue par le critique Philippe Rouyer dans l’épatant documentaire qu’il avait consacré à Mulholland Drive lors de la première diffusion télé du film sur Canal+ en mai 2003, et que l’on peut retrouver ici puis ici.

Seconde hypothèse : l’illusion

Ce jeu de rôles laisse une large place à des objets et personnages surréalistes, difficilement interprétables dans le cadre strict du film. Ils fonctionnent souvent en écho aux œuvres antérieures de Lynch : le clochard monstrueux rappelle Bob, figure du mal absolu dans Twin Peaks ; la salle du paralytique évoque la pièce drapée de rouge avec nain du même Twin Peaks, comme une manifestation d’un monde parallèle…Laura Harring dans « Mulholland Drive », de David Lynch. Touchstone/Films Alain Sarde

Après une nouvelle vision, une deuxième piste d’interprétation se fait jour. Et si le début du film correspondait à une vue subjective de Camilla, l’esprit à l’envers après son accident ? La première partie serait donc plus encore un mélange de réel et d’imaginaire : par exemple, Camilla est bien amnésique, elle est effectivement secourue par une blonde qui se nomme Betty, mais à laquelle elle donne le visage de son ex-maîtresse Diane. Comme pour la première hypothèse, le moment charnière où Camilla introduit la clé dans la petite boîte bleue marquerait, via une plongée dans un trou noir, le retour à la réalité du passé.

Alors, qui est le personnage conducteur du récit ? Diane ou Camilla ? À vous de juger. Et si vous ne comprenez toujours pas tout, pas grave : Mulholland Drive, tout à la fois formidable satire de Hollywood, thriller accrocheur aux incroyables parenthèses burlesques, grand film d’angoisse et bouleversante histoire d’amour, tire aussi sa beauté de son mystère.

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