J’avais dans un précédent billet loué le chef-d’oeuvre de Lucrèce ( “Rerum natura”, De la nature des choses), à la gloire d’Epicure et qui inaugurait une vision matérialiste de l’Univers, hors de la superstition…
D’abord très beau, dans son organisation sémantique.
Mais surtout un des résumés le plus lumineux d’une philosophie, tellement en avance sur son temps, eu égard aux connaissances scientifiques de l’époque, qu’elle laisse pantois (Des siècles avant que Robert Boyle ne fasse la suggestion radicale que les blocs constituants de la matière n’étaient pas l’air, le feu, l’eau et la terre, mais les atomes)
Épicure (341-270 av. J. C.) affirmait, en effet, que tout était composé de minuscules atomes indestructibles se bousculant dans l’espace vide.(Atomisme)
Lucrèce va plus loin, en adoptant une conception exclusivement naturaliste des choses, un monde radicalement mécanique et sans but. Ce que l’on nomme une non-intentionnalité.
Les hommes ne sont pas le jouet de l’humeur des dieux, le destin n’existant pas. Sans surnaturel, sans puérilité.
Une conviction philosophique. Hors de la superstition..
Mais pourquoi revenir sur Lucrėce ?
Simplement pour compléter mon billet sur les grecs et les émotions contre la raison. Ici, un “poème ” nous donne une “vision du monde” qui ne se concentre que sur le monde et non un sentiment ( la rationalité)
Ce que nous disions : une conviction qui est une théorie, au sens kantien, qui vaut mieux que l’injonction à la raison et les impostures subjectivistes de la concentration autour du “moi”. Lequel, inéluctable pour exprimer, a besoin de respirer dans les grands airs, loin des pores de sa propre peau.
Merveilleux Lucrèce. Et que vive la Théorie !