Il est des moments, des jours, des heures ou Maurice Blanchot nous revient, nous ramène au vrai, nous enjoint de délaisser le futile et accompagne “la solitude essentielle”
Le Blanchot de son ouvrage majeur : “L’espace littéraire”(Editions Gallimard)
Réouvert hier, non par hasard. J’y cherchais un mot, persuadé qu’il se trouvait là. Il ne s’y trouvait pas. Mais je l’avais inventée, j’en suis persuadé, par Blanchot.
Donc, lecture de son passage sur cette “solitude essentielle”, exigence de l’oeuvre, mise en cause solitaire de soi, du monde, recherche du vide, du vain et de l’indiscernable. Dépossession temporaire de soi pour atteindre la plénitude, hors du sujet et de sa prétendue pensée. Recherche du “neutre” et de l’impersonnel, passage du “je” au “ça” ou, plutôt au “il”.
Expérience douloureuse que cette solitude pourtant essentielle, mais tellement fructueuse lorsqu’elle fabrique le brouillage des repères du temps, l’organisation des objets, l’espace entre soi et la matière,
On lit :
“Là où je suis seul, le jour n’est plus que la perte du séjour, l’intimité avec le dehors sans lieu et sans repos. La venue ici fait que celui qui vient appartient à la dispersion, à la fissure où l’extérieur est l’intrusion qui étouffe, est la nudité, est le froid de ce en quoi l’on demeure à découvert, où l’espace est le vertige de l’espacement. Alors règne la fascination.”
L’émotion résulte, évidemment, de la fascination.
D’où la formule qu’on se surprend à utiliser en considérant un être comme “une émotion”. Blanchot n’emploie pas donc pas le terme. Il n’a pas eu le temps, dans un brouillage de lui trop fort, de la penser.
Il nous faudrait lire tous les jours un peu de ce Blanchot lumineux de “l’Espace littéraire”
Oui, revenir toujours à Blanchot.
PS. Le texte ci-dessus, écrit dans un tout petit matin peut paraitre obscur. J’affirme qu’il ne l’est pas : il est question du moi (exécrable), du monde (à “choper”), de la solitude (à comprendre sans l’aimer ni s’y enfermer, utile et féconde quand elle doit l’être). Et des êtres-émotions. Le mot que je cherchais après l’avoir pensé.
Bref, de la fascination qui nous tient toujours debout.
Rien n’est plus simple.