lapalissade

Un ami, très fatigué, sûrement malade, me dit ne plus regarder de films où d’images quelconques, jaloux des humains qui marchent, sans souci ni effort, dans la ville ou ailleurs, le ciel au-dessus d’eux.

Il me dit encore que ce n’est que la santé qui fabrique le meilleur, littérature, art, invention. L’homme fatigué ne peut se donner, il est épuisé avant le début de ce qui doit advenir de lui.

Je lui réponds qu’en disant ça, il est dans le lieu commun, la lapalissade.

Il me répond que j’ai enfin compris.

PS. Ce billet me donne l’occasion de railler encore l’un des frères Goncourt, écrivain raté qui prétendait que notre maître Flaubert debitait des lapalissades. Le temps est un excellent juge. Je cite.

Flaubert, un peu poussé de nourriture, un peu saoul, débite (…) toute la série de ses lapalissades féroces et truculentes contre le bôrgeois… et à mesure qu’il parle, c’est un étonnement triste sur le visage de ma voisine, MmeDaudet, qui semble toute contrite, toute peinée, en même temps que toute désillusionnée sur l’homme, devant ce gros et intempérant déboutonnage de sa nature. Goncourt, Journal,1878, p. 1231.”

PS2. J’avoue avoir utilisé méchamment, il y a longtemps, dans une critique pédante, avant la fatigue, la locution ” le déboutonnage de sa nature”. Je l’avais oublié.

Portrait de Jacques II de la Palice

PS3. Obligé de fournir une définition du mot par le dico TLFI que j’ai tant vanté dans un précédent billet.

Affirmation ou réflexion niaise par laquelle on exprime une évidence ou une banalité.
Synon. truisme, vérité de La Palisse.
Dire, répondre des lapalissades“.

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