D’abord, lisez .
C’est Ovide qui écrit :
“Ne soumets pas ta langue à la loi du poète,
Pour peu que tu le désires, tu seras de toi-même éloquent.
À toi revient de jouer le rôle de l’amant,
Contrefais par tes mots un amour qui te ronge,
À tout prix tu dois faire qu’elle ait foi en cela.
[…]
Souvent qui simule l’amour se met à l’éprouver vraiment
Et devient celui qu’il faisait semblant d’être.
Voilà pourquoi, jeunes filles, restez ouvertes à ceux qui feignent :
L’amour deviendra vrai qui naguère était faux”.
Assez rare dans l’appréhension des postures langagières et des stratégies amoureuses, des buts qui se renversent.
La simulation stimule, le fictif forge ce qu’il voulait feindre, la tromperie de l’Autre devient un bien commun , qui surgit, “en passant”, l’hypocrisie, le sourire infatuė devient, même s’il ne le veut pas, un passage du sentiment qui vient, à l’Insu du faiseur se propager chez les autres, puis chez lui, puis ensemble, l’effort d’être se transforme en climat. Et le climat, comme une danse, en un accord.
La simulation devient, comme l’a dit plus haut stimulation féconde.
Comme quoi la vérité jouissive d’une fin, un état final et entouré du Tout idéal peut passer par la simulation.
Les lignes ne sont ni droites, ni courbes,elles effacent leurs départ, leurs lancées.
Derrière mon dos, une femme qui vient de lire me dit :
– “un faux sourire devient vrai après un baiser fougueux. Et sans ce sourire, pas de baiser, pas de fougue. La simulation stimule “
Elle dit mieux que moi, je suis jaloux. Je simule une mine renfrognée, elle m’embrasse et…devinez…
PS. Ce billet a ėte écrit la nuit tombante, quand les mots, dans le crépuscule, hésitent entre clarté et ombre, jusqu’à devenir du clair-obscur, une peinture de Zurbaran. Mais, dans la pénombre, me souffle-t-elle, la simulation est difficile. On n’éteint plus la lumière pendant l’acte amoureux. Du moins dans les séries Netflix.