Soudaineté

Un soir, alors que tout le monde dormait et que, comme à l’habitude, j’étais resté seul, tard dans la soirée, dans le salon à regarder un film ou un « feuilleton télé », j’ai subi l’une de mes premières pensées qui ne m’a plus lâché.

Sa teneur, son fond si l’on ose dire, est peu intéressant. Juste la pensée selon laquelle il était inconcevable de pouvoir s’adapter aussi facilement aux circonstances et que le monde avec télévision était du même acabit que le monde sans ; que dès lors, rien n’avait d’importance. La faculté d’adaptation relativisait toutes les situations. Appelant Darwin à la rescousse, mais nullement dans un champ scientifique ordonné, juste pour asseoir cette minuscule réflexion, je me suis persuadé d’un temps toujours relatif. Non pas, évidemment, un temps perdu, juste un temps adapté. Et, partant, non pas éphémère, au contraire planté dans son centre. Des milliers de centres, comme des flèches lancées dans un grand centre qui les entouré. Des temps multiples dans des espaces féconds.

Que donc, les espaces, ceux dans lesquelles se meuvent les forces supérieures, étaient la seule réalité, elle-même imprenable, puisqu’aussi bien nous ne connaissons pas toutes les dimensions spatiales. Un intérêt, très tôt pour la Cabale vient de cette affirmation, celle sur le logement des forces supérieures. Je dis bien leur « logement », non leur l’action. Des espaces qui nous frôlent, que certains sentent, comme un courant d’air, dans une maison pourtant close, vitres fermées. Sûr que ces espaces presque visibles, sont ici.

Non, ce n’est pas pour cette pensée certainement absconse et inutile, du zigzag banal entre temps et logements spatiaux, même si elle peut mener plus rapidement vers l’abstraction théorique, que je raconte cet épisode, devant la TV, dans un salon, mais, encore une fois, pour le mode de sa venue, de son irruption.

Cette impression d’une sorte de massue qui s’abat sur un corps. Une pensée qui frappe violemment le crâne.

Ce n’est pas une lubie, une invention littéraire, un artifice de romance, un enjolivement de paragraphe. Mais bien une réalité : un « truc »qui vient, non pas une « voix » de l’au-delà, bien au contraire, une sorte de réalité qui s’impose à vous. En réalité une pensée dure, presque de cisaille, qui peut faire croire à la « matérialité » de l’esprit. Evidemment que la pensée est matière.

Drôle de soudaineté. Un instant de granit.

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