toro, toro ! confessions d’un aficionado

Arènes de Séville. Photo Michel BEJA.

Il y a quelques années, le discours sur la corrida, celui qu’on peut tenir, un verre de cognac (XO) à la main, dans des fins de soirées embrumées et ouvertes sur l’immensité des sentiments océaniques, des éruptions de sens, pouvaient, non pas fasciner, mais accrocher un regard, une moue, un sursaut.

Je me souviens d’une femme qui m’écoutant citer Michel Leiris ou José Bergamin (“la musica callada del toreo”, la musique silencieuse du toreo) ou raconter la fameuse faena de Paco Ojeda, à Nîmes, m’avait sorti, devant tous les convives éberlués, devant mon épouse muette et raide : “M, tu veux me séduire, tu as réussi”.

Il est vrai, à y penser, que lorsque j’évoquais ma passion, aficionado, je ne regardais qu’une seule personne dans l’assistance, pour concentrer mon désir de parler, mon désir tout court peut-être. Et c’était une femme devant moi, ou si elle était plus belle que les autres, celle un peu sur le côté.

L’amour de la corrida, autant sensuelle que théorisée m’est venue dans cette arène de Nîmes, anormale puisqu’ovale (le toro ne doit pas se repérer et seule l’arène ronde permet cet éclatement de l’espace) lorsque ce Paco Ojeda, torero de paradis, a combattu seul, contre six toros un après-midi du 22 Septembre 1984, à Nîmes. Non, non, disais-je, quand je racontais, pas six toros ensemble. Les uns après les autres. Il est sorti des arènes ” a hombros “ (sur les épaules de ses admirateurs) par ” la porte des consuls ” de l’amphithéâtre romain.

Je n’avais, auparavant, jamais assisté à une corrida. Nîmes avait invité des parisiens. Il s’agissait de redorer la ville, autour des arènes, devenus un peu vides, de ses férias de Pentecôte ou des vendanges. Les parisiens, bien placés et leaders d’opinion, sont indispensables dans cette perspective. Ils ont le pouvoir du snobisme. Ils sont donc invités.

J’avais donc eu cette chance de l’invitation, par amis interposés. Et je logeais à l’Impérator, l’hôtel des matadors au patio ocre et lumineux, aux chambres décorées par Soleiado, le faiseur arlésien, aux deux arbres centenaires dont les racines remontaient sur le tronc. Ils nous attiraient dans les mystères de la terre. Racines. Et le vin de Jerez, montant jusque nos fronts envahis de brumes réjouissantes, nous les faisait comparer à des bras qui enlaçaient notre corps chaud, pleins de ce tournis primaire et sidéral. L’arbre est, évidemment désir et Jouissance.

Paco Ojeda avait inventé l’immobilité, pieds joints, une révolution dans le “toréo”, le toro tournant dans une danse sacrée autour de l’homme transformé en statue irréelle et cosmique. Pieds joints, buste altier, sans trop d’orgueil suranné, yeux dans les cornes et muleta (le chiffon rouge) basse, trainant sur le sable comme pour le caresser avant de la lever, doucement, devant le front de l’animal, pour l’estocade, la mise à mort qui fait oublier la fin.

Nous étions rentrés des arènes, toute la bande, vers l’hôtel, par ce que nous nommions “le boulevard du Pastis”, l’Avenue bordée de dizaines de bars ou nous nous battions pour tenter d’obtenir le Ricard ou le 51. Puis arrivé à l’hôtel, au milieu de la foule immense, nous dégustions, cherchant la femme ou la conversation enjouée, le fino (le vin blanc sec de Jerez) commandé par ceux qui connaissaient. Les autres, c’était le Costières de Nîmes ou, encore le pastis.

Mais ce soir, ce 22 Septembre 1984, rien ne m’intéressait : je ne pensais qu’à la corrida. Je n’en revenais pas, je n’en revenais pas. Je suis donc devenu un aficionado, courant de “place” (plaza) en place. Abonné à toutes les revues, une bibliothèque chargée de livres spécialisés. Technique, histoire, théorie, littérature et poésie)Je ne voyageais qu’au gré des férias. Madrid, Séville, Grenade, Nîmes, Bilbao, Bayonne, Béziers, Dax, Barcelone (avant sa fermeture par les écologistes catalans). Nul, à mes côtés, dans ces voyages sans trêve, ne l’a regretté. Hôtels de rêve et finos d’après-midi inédits, avant finos et cochonillos. Soleil sur le front et nuits offertes à notre vie.

J’étais devenu le conteur de la corrida, le théoricien du spectacle, presque le poète nécessaire. Le spécialiste incontournable, aux yeux bleus qui font tourner les rêves.Tous voulaient une corrida à mes côtés, moi expliquant, tout en demandant le silence, tout en précisant que même l’ennui était délicieux dans la corrida, qu’il ne fallait donc pas s’en faire, que justement l’ennui n’existait que pour laisser la place, désarmé, anéanti, à la minute essentielle qui fait oublier le temps.

J’ai donc accompagné des passions nouvelles. On ne peut rester indifférent au toréo si votre voisin vous parle ou vous sourit, les yeux embués de plaisir par un geste de grâce.

Et je parlais, et je citais, non pour parler, mais presque pour toréer avec des mots qui tournaient autour d’un centre. La vida.

Ici, à cet instant même, je m’arrête. Dois-je continuer, raconter, magnifier, enrouler de phrases les plus sincères de l’univers cet amour du toréo, de la corrida ? Que se passe t-il, ce jour de déconfinement ? Ai-je perdu la mesure qui me fait ne jamais me raconter, du moins dans cet intime, non du corps, mais de l’envie du mot sans réserve, la confession, comme je l’ai écrit dans mon titre ?

Pourquoi la corrida aujourd’hui ? L’air ? Trop facile. La danse ? Ridicule. La confession ? Lisez encore, rien d’intime. Non, je crois avoir trouvé, un tout petit verre de côtes du Rhône devant mon écran :

Dans l’arène explosive, lumineuse de mille étoiles multicolores, de millions de postures magiques, dans le ciel de cette couleur unique qui tombe la fin d’une après-midi, après la fatigue d’une vie dans la journée, les yeux se désillent, le front s’amplifie, les torses s’écartent pour laisser la vie danser sous votre peau en feu. La vida.

MB

DES “PS” D’ECRIVAINS.

PS1. ARENES SANGLANTES de Vicente Blasco Ibáñez.

Dans les regards de ces femmes, son orgueil d’idole des foules croyait deviner des éloges et de flatteuses avances. Sans doute elles le trouvaient élégant et bien fait. Et alors, oubliant ses préoccupations, obéissant à son instinct d’homme qui a coutume de prendre en public une fière attitude, il se redressait, faisait choir, par une chiquenaude, la cendre tombée de son cigare sur la manche de son veston, rajustait la bague qui couvrait toute une phalange de l’un de ses doigts, bague où un diamant énorme s’entourait d’un rayonnement de feux.

Et il promenait sur sa propre personne des regards satisfaits, admirant son « complet » de coupe élégante, la casquette qu’il mettait pour circuler dans l’hôtel et qu’il avait posée sur une chaise voisine, la belle chaîne d’or qui traversait son gilet d’une poche à l’autre, les perles de son plastron qui semblaient éclairer d’une lumière laiteuse la teinte brune de son visage, les chaussures de cuir de Russie qui laissaient voir, entre le cou-de-pied et le bord du pantalon retroussé, des chaussettes de soie brodées à jour comme des bas de cocotte.

Des effluves de parfums anglais, suaves et subtils, répandus avec profusion, émanaient de ses vêtements, de la chevelure noire et lust rée dont il lissait les boucles sur ses tempes ; et, devant la curiosité féminine, il se carrait dans une posture de triomphateur. Non, pour un torero il n’était pas mal. Il se sentait content de lui-même. Un autre qui fût plus distingué, plus capable de plaire aux femmes, on ne l’aurait pas trouvé facilement…

Mais bientôt revenaient les préoccupations ; l’éclat de ses yeux s’éteignait ; son menton se rabaissait entre les paumes de ses mains ; et il tirait plus fort sur son cigare, les yeux perdus dans les nuages de la fumée.

Il songeait avec impatience à l’heure où la nuit tomberait et où il reviendrait des arènes, trempé de sueur et harassé de fatigue, mais avec la joie du péril vaincu, avec les appétits réveillés, avec une folle envie de jouissance et avec la certitude d’avoir plusieurs jours de repos et de sécurité. Si Dieu le protégeait comme les autres fois, il pourrait alors manger avec la voracité des années où il n’était qu’un meurt-de-faim, se griser un peu, se mettre en quête d’une certaine fille qui chantait dans un music-hall et qu’il avait vue à un voyage précédent, mais dont il n’avait pas eu le loisir de cultiver la bienveillance. Cette vie de déplacements continuels, qui l’obligeait à courir sans cesse d’un bout à l’autre de la péninsule, ne lui laissait de temps pour rien.

PS 2. Michel Leiris. MIROIR DE LA TAUROMACHIE

Donc, le matador se tient debout, les pieds impeccablement joints, rivés par sa peur de déchoir au su du public en même temps que par les bandelettes qui enserrent sa cheville, masquées par le bas rose-vomi et le clinquant des escarpins. Roideur d’homme seul, roideur d’épée. La muleta lentement déployée couvre de sa paupière la tige trop clairement évidente, jet jailli chimérique d’une prunelle d’acier.

Arènes de Séville. Photo Michel BEJA

PS3. LA MUSIQUE SILENCIEUSE DU TOREO. José Bergamin

“Parce qu’elle est émotion et parce qu’elle est torera, l’émotion torera est magique. «  Nous appellerons émotion –  écrivait Sartre dans son admirable Esquisse d’une théorie des émotions précisément  – une chute brusque de la conscience dans le magique. Ou si l’on préfère, il y a émotion quand le monde des ustensiles s’évanouit brusquement et que le monde magique apparaît à sa place.  » Il ajoute qu’il ne faut pas voir dans l’émotion un désordre passager de l’organisme et de l’esprit qui viendrait troubler du dehors la vie psychique. «  C’est au contraire le retour de la conscience à l’attitude magique, une des grandes attitudes qui lui sont essentielles, avec apparition du monde corrélatif, le monde magique. L’émotion n’est pas un accident, c’est un mode d’existence de la conscience, une des façons dont elle comprend son “être-dans-le-monde” […] qui est deux, l’un magique, l’autre déterminé. Il ne faut pas croire que le magique soit une qualité éphémère que nous posons sur le monde au gré de nos humeurs. Il y a une structure existentielle du monde qui est magique. Ainsi y a-t-il deux formes d’émotion, suivant que c’est nous qui constituons la magie du monde pour remplacer une activité déterministe qui ne peut se réaliser, ou que c’est le monde lui-même qui se révèle brusquement comme magique autour de nous. […] Il faut parler d’un monde de l’émotion comme on parle d’un monde du rêve ou des mondes de la folie.  »

Tout ce qui est art, jeu, fête, dans le toreo, appartient au monde magique de l’émotion. Le cercle magique des arènes l’inscrit dans l’ensemble de ses éléments. Les barrières de bois le dessinent sur le sable, la toiture le découpe dans le ciel. Et tout ce qui demeure à l’intérieur de ce rond, dans son espace déterminé, appartient au monde magique de l’émotion, horrible ou merveilleux, selon l’objet qui le motive. De telle sorte que le véritablement horrible ou merveilleux disparaît quand se rompt le cercle magique, soit, comme dirait Sartre : «  Quand nous construisons sur ce monde magique des superstructures rationnelles, car ce sont elles alors qui sont éphémères et sans équilibre, elles qui laborieusement construites par la raison se défont et s’écroulent, laissant l’homme brusquement replongé dans la magie originelle.  »

Pour celui qui contemple le monde magique du toreo existent ces deux formes d’émotion signalées par Sartre : celle que nous construisons et celle qui nous est brusquement révélée. C’est ainsi qu’il arrive, dans le toreo comme dans la danse –  surtout la danse sacrée et cette part de sacré qu’il y a dans le flamenco  –, que l’émotion magique surpasse prodigieusement ou sublime leur réalité vivante. Exemple souvent cité par moi que celui de la danse, et Sartre aussi l’évoque, je crois me souvenir, dans sa Théorie des émotions : quand le symbolisme du sexe pour la danseuse, de la mort pour le torero, transcendant son instinctive motivation, transforme ou transfigure le désir ou la peur. Dans le spectacle magique de la course, la présence de la mort est exclusivement liée au taureau tandis que les lumières de la raison irrationnelle, s’allumant et s’éteignant sur son habit, masquent d’immortalité le torero. Dès qu’un torero nous exprime volontairement ou involontairement sa vaillance ou sa peur, l’émotion magique de son art s’évanouit. Car l’émotion du toreo relève exclusivement de l’art. Le spectateur qui s’émeut d’autre chose le détruit, en lui substituant une sorte de pornographie mortelle qui le transforme lui-même en masochiste suicidaire et en assassin sadique : tendances évidemment imaginaires, ignorées de lui, qui ne sent que plaisir et douleur frustrés, comme dans un inconscient fantasme d’onanisme.

PS 4. MORT DANS L’APRES-MIDI, Hemingway

Le spectateur qui va à une course de taureaux pour la première fois ne peut s’attendre à voir la combinaison du taureau idéal et du torero idéal pour ce taureau; cela n’arrive pas plus de vingt fois dans toute l’Espagne en une saison, et il n’aurait aucun profit à voir cela pour commencer.

Le soleil est très important. Théorie, pratique et mise en scène de la course de taureaux ont été construites sur la supposition de la présence du soleil, et lorsqu’il ne brille pas, un tiers de la corrida manque.

Ce danger que l’homme crée volontairement peut se changer en certitude d’être atteint et frappé par le taureau si l’homme, par ignorance, lenteur, manque de vivacité, folie aveugle ou étourdissement momentané, viole l’une de ces règles fondamentales d’exécution des différentes suertes. Ses pieds de toute évidence, échappaient à son contrôle personnel, c’était très drôle pour l’assistance.

En effet, le plus difficile, quand on a peur du taureau, c’est de maîtriser ses pieds et de laisser le taureau venir. Ce n’était pas de montrer sa nervosité qui était honteux, c’était de l’admettre.La course de taureaux est construite sur cette base fondamentale que c’est la première rencontre entre l’animal sauvage et un homme non monté. C’est la première condition de la corrida moderne.

Féria de Séville. Photo Michel BEJA

TOTO, TORO; CONFESSIONS D’UN AFICIONADO (English)

A few years ago, the discourse on bullfighting, the kind you might have over a glass of cognac (XO) at the end of a hazy evening, open to the immensity of oceanic feelings and eruptions of meaning, could, if not fascinate, at least catch someone’s eye, elicit a frown or a start.

I remember a woman who, listening to me quote Michel Leiris or José Bergamin (“la musica callada del toreo,” the silent music of bullfighting) or recount the famous faena of Paco Ojeda in Nîmes, said to me, in front of all the stunned guests and my speechless and stiff wife: “M, you want to seduce me, you’ve succeeded.”

It’s true, come to think of it, that when I talked about my passion, aficionado, I only looked at one person in the audience, to focus my desire to speak, my desire tout court perhaps. And it was a woman in front of me, or if she was more beautiful than the others, the one a little to the side.

My love of bullfighting, as sensual as it is theoretical, came to me in this arena in Nîmes, abnormal because it was oval (the bull must not be able to find its bearings, and only a round arena allows this fragmentation of space) when Paco Ojeda, the bullfighter from paradise, fought alone against six bulls one afternoon on September 22, 1984, in Nîmes. No, no, I said, when I told the story, not six bulls together. One after the other. He left the arena “a hombros” (on the shoulders of his admirers) through “the consuls’ gate” of the Roman amphitheater.

I had never been to a bullfight before. Nîmes had invited some Parisians. The aim was to revive the city, around the arenas, which had become a little empty, with its Pentecost and harvest festivals. Parisians, well-placed and opinion leaders, are indispensable in this regard. They have the power of snobbery. So they are invited.

I was lucky enough to receive an invitation through friends. I stayed at the Impérator, the matadors’ hotel with its bright ochre patio, rooms decorated by Soleiado, the Arlesian craftsman, and two hundred-year-old trees whose roots grew up the trunk. They drew us into the mysteries of the earth. Roots. And the wine from Jerez, rising to our foreheads filled with joyful mists, made us compare them to arms embracing our warm bodies, full of that primal, sidereal dizziness. The tree is, of course, desire and pleasure.

Paco Ojeda invented immobility, feet together, a revolution in bullfighting, with the bull turning in a sacred dance around the man transformed into an unreal and cosmic statue. Feet together, chest out, without too much old-fashioned pride, eyes on the horns and muleta (the red cloth) low, dragging on the sand as if to caress it before raising it gently in front of the animal’s forehead for the final blow, the killing blow that makes you forget the end.

We had returned from the arena, the whole gang, to the hotel, via what we called “Pastis Boulevard,” the avenue lined with dozens of bars where we fought to get Ricard or 51. Then, when we arrived at the hotel, in the middle of the huge crowd, we would enjoy, looking for women or lively conversation, the fino (dry white wine from Jerez) ordered by those in the know. The others would have Costières de Nîmes or pastis.

But that evening, on September 22, 1984, nothing interested me: all I could think about was bullfighting. I couldn’t believe it, I couldn’t believe it. So I became an aficionado, running from plaza to plaza. I subscribed to all the magazines and filled my bookshelves with specialized books. Technique, history, theory, literature, and poetry. I only traveled to ferias. Madrid, Seville, Granada, Nîmes, Bilbao, Bayonne, Béziers, Dax, Barcelona (before it was closed by Catalan environmentalists). No one who accompanied me on these relentless journeys ever regretted it. Dream hotels and unprecedented afternoon finos, before finos and cochonillos. Sun on our foreheads and nights given over to our lives.

I had become the storyteller of bullfighting, the theorist of the spectacle, almost the necessary poet. The indispensable specialist, with blue eyes that make dreams come true. Everyone wanted a bullfight by my side, with me explaining, asking for silence, pointing out that even boredom was delightful in the bullfight, that there was no need to worry, that boredom existed only to make way, disarmed, annihilated, for the essential moment that makes you forget time.

So I accompanied new passions. You cannot remain indifferent to bullfighting if your neighbor talks to you or smiles at you, their eyes misty with pleasure at a graceful gesture.

And I spoke, and I quoted, not to talk, but almost to bullfight with words that revolved around a center. La vida.

Here, at this very moment, I stop. Should I continue, recount, magnify, wrap this love of bullfighting, of the corrida, in the most sincere phrases in the universe? What is happening on this day of deconfinement? Have I lost the restraint that keeps me from ever revealing myself, at least in this intimate sense, not of the body, but of the desire for unreserved words, confession, as I wrote in my title?

Why bullfighting today? The air? Too easy. The dance? Ridiculous. The confession? Read on, nothing intimate. No, I think I’ve found it, a tiny glass of Côtes du Rhône in front of my screen:

In the explosive arena, lit up by a thousand multicolored stars, millions of magical postures, in the sky of that unique color that falls at the end of an afternoon, after the fatigue of a day’s life, eyes are disillusioned, foreheads widen, torsos part to let life dance under your burning skin. La vida.

MB

WRITERS’ “PS”.

PS1. ARENAS SANGUINIS by Vicente Blasco Ibáñez.

In the eyes of these women, his pride as an idol of the crowds believed he could discern praise and flattering advances. No doubt they found him elegant and handsome. And then, forgetting his worries, obeying his instinct as a man accustomed to taking a proud stance in public, he straightened up, flicked the ash from his cigar onto his jacket sleeve, adjusted the ring that covered an entire phalanx of one of his fingers, a ring in which an enormous diamond sparkled with a radiant glow.

And he looked at himself with satisfaction, admiring his elegantly cut suit, the cap he wore when walking around the hotel, which he had placed on a nearby chair, the beautiful gold chain that crossed his waistcoat from one pocket to the other, the pearls on his front panel, which seemed to illuminate the brown hue of his face with a milky light, the Russian leather shoes that revealed, between the instep and the edge of his rolled-up trousers, silk socks embroidered with openwork like stockings.

The sweet and subtle scent of English perfume wafted profusely from his clothes and his shiny black hair, the curls of which he smoothed back from his temples. And, in front of the curious women, he stood tall in a triumphant posture. No, for a bullfighter, he wasn’t bad. He felt pleased with himself. It would have been difficult to find another who was more distinguished, more capable of pleasing women…

But soon his worries returned; the sparkle in his eyes faded; his chin dropped between his palms; and he puffed harder on his cigar, his eyes lost in the clouds of smoke.

He thought impatiently of the hour when night would fall and he would return from the arena, drenched in sweat and exhausted from fatigue, but with the joy of having overcome danger, with his appetites reawakened, with a mad desire for pleasure, and with the certainty of having several days of rest and security. If God protected him as he had done before, he would be able to eat with the voracity of the years when he was nothing but a starving man, get a little drunk, and seek out a certain girl who sang in a music hall and whom he had seen on a previous trip, but whose favor he had not had the leisure to cultivate. This life of constant travel, which forced him to run incessantly from one end of the peninsula to the other, left him no time for anything.

PS 2. Michel Leiris. MIRROR OF BULLFIGHTING

So the matador stands upright, his feet impeccably together, riveted by his fear of falling in front of the audience as well as by the straps that bind his ankle, hidden by the vomit-pink skirt and the glitter of his shoes. The stiffness of a lonely man, the stiffness of a sword. The slowly unfurled muleta covers with its eyelid the all too obvious shaft, a chimerical jet springing from a steel pupil.

Seville bullring. Photo Michel BEJA

PS3. THE SILENT MUSIC OF THE TORERO. José Bergamin

”Because it is emotion and because it is torero, the emotion of the torero is magical. “We will call emotion,” wrote Sartre in his admirable Esquisse d’une théorie des émotions (Sketch of a Theory of Emotions), “a sudden fall of consciousness into the magical. Or, if you prefer, there is emotion when the world of utensils suddenly vanishes and the magical world appears in its place.  He adds that emotion should not be seen as a temporary disorder of the body and mind that disturbs the psychic life from outside. “On the contrary, it is the return of consciousness to the magical attitude, one of the great attitudes that are essential to it, with the appearance of the correlative world, the magical world. Emotion is not an accident, it is a mode of existence of consciousness, one of the ways in which it understands its ‘being-in-the-world’ […] which is twofold, one magical, the other determined. We must not believe that magic is an ephemeral quality that we impose on the world according to our moods. There is an existential structure of the world that is magical. Thus, there are two forms of emotion, depending on whether it is we who constitute the magic of the world to replace a deterministic activity that cannot be realized, or whether it is the world itself that suddenly reveals itself as magical around us. […] We must speak of a world of emotion as we speak of a world of dreams or worlds of madness.  ”

Everything that is art, play, and celebration in bullfighting belongs to the magical world of emotion. The magic circle of the arena inscribes it in all its elements. The wooden barriers draw it on the sand, the roof cuts it out against the sky. And everything that remains inside this circle, in its defined space, belongs to the magical world of emotion, horrible or wonderful, depending on the object that motivates it. So much so that the truly horrible or wonderful disappears when the magic circle is broken, or, as Sartre would say: “When we build rational superstructures on this magical world, for it is they that are ephemeral and unbalanced, they that are laboriously constructed by reason and then fall apart and collapse, leaving man suddenly plunged back into the original magic.  “

For those who contemplate the magical world of bullfighting, there are two forms of emotion identified by Sartre: those we construct and those that are suddenly revealed to us. Thus, in bullfighting as in dance—especially sacred dance and the sacred element in flamenco—magical emotion prodigiously surpasses or sublimates their living reality. An example I often cite is that of dance, and Sartre also evokes it, I believe, in his Theory of Emotions: when the symbolism of sex for the dancer, of death for the bullfighter, transcending their instinctive motivation, transforms or transfigures desire or fear. In the magical spectacle of the bullfight, the presence of death is exclusively linked to the bull, while the lights of irrational reason, flashing on and off on his costume, mask the bullfighter with immortality. As soon as a bullfighter voluntarily or involuntarily expresses his bravery or fear to us, the magical emotion of his art vanishes. For the emotion of bullfighting belongs exclusively to art. The spectator who is moved by something else destroys it, replacing it with a kind of deadly pornography that transforms him into a suicidal masochist and sadistic murderer: tendencies that are obviously imaginary, unknown to him, who feels only frustrated pleasure and pain, as in an unconscious fantasy of onanism.

PS 4. MORT DANS L’APRES-MIDI, Hemingway

Spectators attending a bullfight for the first time cannot expect to see the combination of the ideal bull and the ideal bullfighter for that bull; this happens no more than twenty times in the whole of Spain in a season, and there would be no point in seeing it to begin with.

The sun is very important. The theory, practice, and staging of bullfighting have been built on the assumption of the presence of the sun, and when it is not shining, a third of the bullfight is missing.

This danger that man voluntarily creates can turn into the certainty of being hit and gored by the bull if man, through ignorance, slowness, lack of alertness, blind folly, or momentary dizziness, violates one of these fundamental rules for performing the different suertes. His feet were clearly beyond his personal control, which was very funny for the audience.

Indeed, the most difficult thing when you are afraid of the bull is to control your feet and let the bull come to you. It was not showing his nervousness that was shameful, it was admitting it. Bullfighting is built on the fundamental basis that it is the first encounter between the wild animal and an unmounted man. This is the first condition of modern bullfighting.

TOTO, TORO; CONFESSIONS D’UN AFICIONADO (spanish)

Hace unos años, el discurso sobre las corridas de toros, ese que se puede mantener con una copa de coñac (XO) en la mano, al final de veladas brumosas y abiertas a la inmensidad de los sentimientos oceánicos, a las erupciones de sentidos, podía, no fascinar, pero sí atraer una mirada, un gesto, un sobresalto.

Recuerdo a una mujer que, al escucharme citar a Michel Leiris o José Bergamin («la música callada del toreo») o contar la famosa faena de Paco Ojeda en Nimes, me dijo, ante todos los invitados atónitos y mi esposa muda y rígida: «M, quieres seducirme, lo has conseguido».

Es cierto, pensándolo bien, que cuando evocaba mi pasión, aficionado, solo miraba a una persona entre el público, para concentrar mi deseo de hablar, mi deseo a secas, quizás. Y era una mujer frente a mí, o si era más bella que las demás, la que estaba un poco a un lado.

El amor por la corrida, tanto sensual como teórico, me llegó en esa plaza de toros de Nimes, anormal porque es ovalada (el toro no debe orientarse y solo la arena redonda permite esta ruptura del espacio) cuando Paco Ojeda, torero del paraíso, luchó solo contra seis toros una tarde del 22 de septiembre de 1984, en Nimes. No, no, decía yo, cuando lo contaba, no seis toros juntos. Uno tras otro. Salió de la plaza «a hombros» (sobre los hombros de sus admiradores) por «la puerta de los cónsules» del anfiteatro romano.

Nunca antes había asistido a una corrida. Nimes había invitado a parisinos. Se trataba de revitalizar la ciudad, en torno a las arenas, que se habían quedado un poco vacías, con sus ferias de Pentecostés o de la vendimia. Los parisinos, bien situados y líderes de opinión, son indispensables en esta perspectiva. Tienen el poder del esnobismo. Por eso se les invita.

Tuve la suerte de recibir la invitación, a través de amigos. Me alojé en el Impérator, el hotel de los matadores, con su patio ocre y luminoso, sus habitaciones decoradas por Soleiado, el artesano arlesiano, y sus dos árboles centenarios cuyas raíces se remontaban hasta el tronco. Nos atraían hacia los misterios de la tierra. Raíces. Y el vino de Jerez, subiendo hasta nuestras frentes invadidas por alegres brumas, nos hacía compararlas con brazos que abrazaban nuestro cuerpo caliente, llenos de ese vértigo primario y sideral. El árbol es, evidentemente, deseo y goce.

Paco Ojeda había inventado la inmovilidad, con los pies juntos, una revolución en el «toreo», el toro girando en una danza sagrada alrededor del hombre transformado en una estatua irreal y cósmica. Pies juntos, pecho erguido, sin demasiado orgullo anticuado, ojos fijos en los cuernos y muleta (el trapo rojo) baja, arrastrándose por la arena como para acariciarla antes de levantarla, suavemente, frente al animal, para la estocada, la muerte que hace olvidar el final.

Habíamos vuelto de la plaza de toros, toda la pandilla, hacia el hotel, por lo que llamábamos «el bulevar del Pastis», la avenida bordeada de decenas de bares donde luchábamos por conseguir el Ricard o el 51. Luego, al llegar al hotel, en medio de la inmensa multitud, degustábamos, buscando a la mujer o la conversación alegre, el fino (el vino blanco seco de Jerez) pedido por los que sabían. Los demás tomaban Costières de Nîmes o, incluso, pastis.

Pero esa noche, el 22 de septiembre de 1984, nada me interesaba: solo pensaba en la corrida. No podía creerlo, no podía creerlo. Así que me convertí en aficionado, corriendo de plaza en plaza. Suscrito a todas las revistas, con una biblioteca repleta de libros especializados. Técnica, historia, teoría, literatura y poesía. Solo viajaba según las ferias. Madrid, Sevilla, Granada, Nimes, Bilbao, Bayona, Béziers, Dax, Barcelona (antes de su cierre por los ecologistas catalanes). Nadie, a mi lado, en esos viajes sin tregua, se arrepintió. Hoteles de ensueño y finos de tarde inéditos, antes de finos y cochinillos. Sol en la frente y noches ofrecidas a nuestra vida.

Me había convertido en el narrador de la corrida, el teórico del espectáculo, casi el poeta necesario. El especialista imprescindible, con ojos azules que hacen girar los sueños. Todos querían una corrida a mi lado, yo explicando, pidiendo silencio, precisando que incluso el aburrimiento era delicioso en la corrida, que no había que preocuparse, que precisamente el aburrimiento solo existía para dejar paso, desarmado, aniquilado, al minuto esencial que hace olvidar el tiempo.

Así que acompañé nuevas pasiones. No se puede permanecer indiferente al toreo si tu vecino te habla o te sonríe, con los ojos empañados de placer por un gesto de gracia.

Y yo hablaba y citaba, no para hablar, sino casi para torear con palabras que giraban en torno a un centro. La vida.

Aquí, en este mismo instante, me detengo. ¿Debo continuar, contar, magnificar, envolver con las frases más sinceras del universo este amor por el toreo, por la corrida? ¿Qué está pasando, en este día de desconfinamiento? ¿He perdido la mesura que me hace no contarlo nunca, al menos en lo íntimo, no del cuerpo, sino del deseo de la palabra sin reservas, la confesión, como he escrito en mi título?

¿Por qué la corrida hoy? ¿El aire? Demasiado fácil. ¿El baile? Ridículo. ¿La confesión? Sigan leyendo, nada íntimo. No, creo que lo he encontrado, una copita de Côtes du Rhône delante de mi pantalla:

En la explosiva arena, iluminada por mil estrellas multicolores, por millones de posturas mágicas, en el cielo de ese color único que cae al final de la tarde, tras el cansancio de una vida en el día, los ojos se desilusionan, la frente se amplía, los torsos se separan para dejar que la vida baile bajo tu piel en llamas. La vida.

MB

«PS» DE ESCRITORES.

PS1. ARENAS SANGRIENTAS de Vicente Blasco Ibáñez.

En las miradas de aquellas mujeres, su orgullo de ídolo de las multitudes creía adivinar elogios y halagadores avances. Sin duda lo encontraban elegante y bien parecido. Y entonces, olvidando sus preocupaciones, obedeciendo a su instinto de hombre acostumbrado a adoptar una actitud orgullosa en público, se enderezaba, hacía caer con un chasquido la ceniza de su cigarro sobre la manga de su chaqueta, se ajustaba el anillo que cubría toda una falange de uno de sus dedos, anillo en el que un enorme diamante brillaba rodeado de un resplandor de luces.

Y recorría su propia persona con miradas satisfechas, admirando su «traje» de corte elegante, la gorra que se ponía para circular por el hotel y que había dejado sobre una silla cercana, la hermosa cadena de oro que cruzaba su chaleco de un bolsillo a otro, las perlas de su plastrón, que parecían iluminar con una luz lechosa el tono moreno de su rostro, los zapatos de cuero ruso que dejaban ver, entre el empeine y el borde del pantalón remangado, unos calcetines de seda bordados como medias de cocotte.

De su ropa y de su cabello negro y brillante, cuyos rizos alisaba en las sienes, emanaban efluvios de perfumes ingleses, suaves y sutiles, esparcidos con profusión; y, ante la curiosidad femenina, se erguía en una postura triunfante. No, para ser torero no estaba mal. Se sentía satisfecho de sí mismo. No era fácil encontrar a otro más distinguido, más capaz de complacer a las mujeres…

Pero pronto volvían las preocupaciones; el brillo de sus ojos se apagaba; su barbilla se hundía entre las palmas de sus manos; y daba más caladas a su cigarro, con la mirada perdida en las nubes de humo.

Pensaba con impaciencia en la hora en que caería la noche y volvería de la arena, empapado en sudor y agotado por el cansancio, pero con la alegría del peligro vencido, con los apetitos despertados, con un loco deseo de disfrute y con la certeza de tener varios días de descanso y seguridad. Si Dios lo protegía como otras veces, entonces podría comer con la voracidad de los años en que no era más que un hambriento, emborracharse un poco, ir en busca de una chica que cantaba en un music-hall y que había visto en un viaje anterior, pero con la que no había tenido tiempo de cultivar la amistad. Esta vida de desplazamientos continuos, que le obligaba a correr sin cesar de un extremo a otro de la península, no le dejaba tiempo para nada.

PS 2. Michel Leiris. ESPEJO DE LA TAUROMACIA

«Así pues, el matador se mantiene erguido, con los pies perfectamente juntos, clavados por su miedo a caer en desgracia ante el público, al mismo tiempo que por las vendas que le sujetan el tobillo, ocultas por el bajo rosa vómito y el brillo de los zapatos de tacón. Rigidez de hombre solo, rigidez de espada. La muleta, desplegada lentamente, cubre con su párpado la vástago demasiado evidente, chorro quimérico que brota de una pupila de acero.»

Plaza de toros de Sevilla. Foto Michel BEJA

PS3. LA MÚSICA SILENCIOSA DEL TOREO. José Bergamin

«Porque es emoción y porque es torera, la emoción torera es mágica. «Llamaremos emoción —escribía Sartre en su admirable Esbozo de una teoría de las emociones— a una caída brusca de la conciencia en lo mágico. O, si se prefiere, hay emoción cuando el mundo de los utensilios se desvanece bruscamente y el mundo mágico aparece en su lugar.  Añade que no hay que ver en la emoción un desorden pasajero del organismo y del espíritu que perturba desde fuera la vida psíquica. «Por el contrario, es el retorno de la conciencia a la actitud mágica, una de las grandes actitudes que le son esenciales, con la aparición del mundo correlativo, el mundo mágico. La emoción no es un accidente, es un modo de existencia de la conciencia, una de las formas en que comprende su «ser en el mundo» […], que es doble, uno mágico y otro determinado. No hay que creer que lo mágico es una cualidad efímera que imponemos al mundo según nuestro estado de ánimo. Hay una estructura existencial del mundo que es mágica. Así, hay dos formas de emoción, según seamos nosotros quienes constituimos la magia del mundo para sustituir una actividad determinista que no puede realizarse, o sea el mundo mismo el que se revela de repente como mágico a nuestro alrededor. […] Hay que hablar de un mundo de la emoción como se habla de un mundo de los sueños o de los mundos de la locura.  »

Todo lo que es arte, juego, fiesta, en el toreo, pertenece al mundo mágico de la emoción. El círculo mágico de las plazas de toros lo inscribe en el conjunto de sus elementos. Las barreras de madera lo dibujan en la arena, el techo lo recorta en el cielo. Y todo lo que permanece dentro de este círculo, en su espacio determinado, pertenece al mundo mágico de la emoción, horrible o maravilloso, según el objeto que lo motive. De tal manera que lo verdaderamente horrible o maravilloso desaparece cuando se rompe el círculo mágico, es decir, como diría Sartre: «Cuando construimos sobre este mundo mágico superestructuras racionales, son estas las que resultan efímeras y desequilibradas, las que, laboriosamente construidas por la razón, se deshacen y se derrumban, dejando al hombre sumergido de golpe en la magia original.  »

Para quien contempla el mundo mágico del toreo, existen estas dos formas de emoción señaladas por Sartre: la que construimos y la que se nos revela bruscamente. Así es como ocurre, tanto en el toreo como en la danza —sobre todo en la danza sagrada y en esa parte de lo sagrado que hay en el flamenco—, que la emoción mágica supera prodigiosamente o sublima su realidad viva. Un ejemplo que suelo citar es el de la danza, y Sartre también lo evoca, si no recuerdo mal, en su Teoría de las emociones: cuando el simbolismo del sexo para la bailarina, de la muerte para el torero, trascendiendo su motivación instintiva, transforma o transfigura el deseo o el miedo. En el espectáculo mágico de la corrida, la presencia de la muerte está exclusivamente ligada al toro, mientras que las luces de la razón irracional, que se encienden y se apagan sobre su traje, ocultan la inmortalidad del torero. En cuanto un torero nos expresa, voluntaria o involuntariamente, su valentía o su miedo, la emoción mágica de su arte se desvanece. Porque la emoción del toreo pertenece exclusivamente al arte. El espectador que se emociona con otra cosa lo destruye, sustituyéndolo por una especie de pornografía mortal que lo convierte a él mismo en un masoquista suicida y en un asesino sádico: tendencias evidentemente imaginarias, ignoradas por él, que solo siente placer y dolor frustrados, como en un fantasma inconsciente de onanismo.

PS 4. MUERTE EN LA TARDE, Hemingway

El espectador que acude a una corrida de toros por primera vez no puede esperar ver la combinación del toro ideal y el torero ideal para ese toro; eso no ocurre más de veinte veces en toda España en una temporada, y no le serviría de nada verlo para empezar.

El sol es muy importante. La teoría, la práctica y la puesta en escena de la corrida de toros se han construido sobre la suposición de la presencia del sol, y cuando no brilla, se pierde un tercio de la corrida.

Este peligro que el hombre crea voluntariamente puede convertirse en la certeza de ser alcanzado y golpeado por el toro si el hombre, por ignorancia, lentitud, falta de vivacidad, locura ciega o aturdimiento momentáneo, viola alguna de estas reglas fundamentales de ejecución de las diferentes suertes. Sus pies, evidentemente, escapaban a su control personal, lo que resultaba muy divertido para el público.

De hecho, lo más difícil, cuando se tiene miedo al toro, es controlar los pies y dejar que el toro se acerque. Lo vergonzoso no era mostrar su nerviosismo, sino admitirlo. La corrida de toros se basa en el principio fundamental de que se trata del primer encuentro entre el animal salvaje y un hombre sin montar. Es la primera condición de la corrida moderna.

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Michel Béja