Discussion ce midi sur l’un de mes billets que j’ai redaté, pour le remonter. Celui sur Hutcheson (on peut rechercher sur le site mais je redonne le lien en PS).
A vrai dire, il ne s’agissait que de me poser qu’une question : « Aimes-tu vraiment Hume ? ». Comme un « Aimez-vous Brahms ? ».
Je n’ai su que répondre que « bien évidemment », en ajoutant que son empirisme écossais me déplait, qu’il était, cependant, curieux de voir un empiriste tant théoriser.
Oui, David Hume est un empiriste (seules l’expérience et la perception simple forgent la pensée) et pourtant il n’y a pas plus grand théoricien dans l’abstraction.
Alors, certain de perdre sur le terrain de l’empirisme (il faut du temps pour démonter les suites en démontrant leur unité), j’ai concentré ma réponse sur le moi et l’identité. Là, on peut concentrer.
Hume nous dit la « fiction » du moi. Contre Descartes, inventeur de l’âme, fabricant de la foi, luttant, paradoxalement, contre la raison et l’expérience, constructeur de l’Esprit.
Hume nous répète que le moi est inexistant, qu’il n’existe que par ses sentiments, ses impressions, ses idées, du moment et, surtout, variables. Un « agrégat de perceptions », en réalité un « fonctionnement », un processus, jamais stable, jamais unifié, jamais structuré.
Ce n’est pas le « moi haïssable » de Pascal, c’est le « moi » fluctuant, donc sans centre fédérateur.
Je crois que c’est exactement ce que mon interlocutrice voulait entendre : du structuralisme contre la structure, l’agglomérat du « moi » contre son conglomérat, du relatif historique contre la froide géométrie d’un moi qui serait, cartésien, comme un caillou lisse, du marbre.
Je crois qu’elle était assez satisfaite de ma réponse. J’étais pressé, donc en forme.
PS. La dame, d’un certain âge, m’a dit avoir bien connu Jankélévitch. Je la remercie et l’embrasse. Elle va lire ce soir ce billet.