Un empêcheur de rêver au fond d’un fauteuil jaune m’envoie une photo, celle en tête de ce billet et me demande de la commenter. Il ajoute qu’il sait que c’est une de mes spécialités (cf billets “sous les images” et ma petite révolution anodine dans l’approche de la photographie et de son commentaire. Je ne réponds pas et lui demande s’il s’ennuie. Il me répond que oui. Il attend sa femme qui rentre d’Angers, masquée dans le TGV, d’un séminaire pour experts-comptables.n Je ne lui réponds toujours pas. Il “m’embrasse”. Et on raccroche.
Il est vrai que la photo est révélatrice du concept de pouvoir, lequel devient risible dans les yeux délibérément hauts, à hauteur de l’autre en face.
Qui va donc baisser les yeux le premier ? Notre Président, qui s’essaye au défi des yeux fixes ? Poutine, sûr de lui et grand cavalier de la virilité ?
Note première Dame sourit. En réalité, elle veut amadouer, et encombrer la scène d’ondes positives qui empêcheront son époux d’être laminé. C’est un sourire de peur.
Quant aux mains des deux Présidents serrées dans la posture ridicule et adolescente, elle donne la mesure de ce peut être le pouvoir : un enfantillage de de la recherche de la domination. A ce jeu là, Macron est évidemment perdant. Regardez ses yeux. ils sont ceux d’un collégien qui joue une pièce du pouvoir et craint la peur de lui. La fausseté du regard est flagrante, la panique de perdre évidente.
Quant à Poutine, lui, est dans son rôle, celui du dominateur qui impose le geste et la posture. Une caricature de lui.
Entre la peur et la caricature, domine le vide. Celui de l’incongruité d’un monde dominé par la récré.
Une institutrice veille, enveloppant d’un sourire assez vaillant le ridicule. Elle est dans le vrai : elle sourit à Poutine parce qu’elle l’aime. Il est Poutine.
Le pouvoir a ici son image, mirobolante. Et ruisselle dans les yeux et les rides, la nécessaire infantilisation des rapports de force. La récré, donc, avec ses forts, ses faibles, ses pleurs et ses humiliations qui défont des vies.
Macron devrait muscler ses yeux et Poutine arrêter de jouer à lui-même. Ca aiderait le monde dans sa lutte contre l’idiotie (il n’existe q’un seul combat, celui de l’anti-idiotie, l’antiracisme ou l’anti- sexisme n’étant que des succédanés dévoyés du vrai. Du bonheur.
Je n’ajoute pas, comme à l’habitude une de mes photos, publie ce billet très vite écrit et attend le coup de fil de celui qui m’a obligé à l’écrire. Je suis persuadé qu’il va le trouver “génial”. Evidemment.